La période de Transition en cours peut être considérée à la fois comme le moment idoine de faire le diagnostic des principaux maux du pays et d’en apporter les remèdes. Les coups d’État qu’a connus le Mali sont les conséquences d’une mauvaise gouvernance à toutes les échelles mais aussi d’un système politique inadéquat. Les gouvernements successifs n’ont pas fait ce travail tellement important d’adopter un système qui correspond aux réalités du pays, tout en s’inspirant de modèles de réussite sous d’autres cieux.
Au lieu de cela, l’élite gouvernante s’est enfermée dans un cycle de paresse intellectuelle, se contentant de faire du copier-coller, au mépris du citoyen et des valeurs de la nation. Résultat, des crises politiques et institutionnelles qui reviennent de manière quasi-cycliques. Concrètement, il s’agit tout d’abord de faire l’état des lieux du paysage politique malien, fort d’une centaine de partis politiques.
En réalité, ceux qui peuvent valablement portés l’étiquette de partis politiques ne peuvent dépasser la trentaine. Le problème que l’on peut soulever, c’est tout d’abord le problème d’idéologie politique. Car oui, chaque parti politique est motivé par une idéologie qu’il est tenu de respecter de manière quasi religieuse. Or, il est aisé de remarquer que l’écrasante majorité des partis politiques au Mali, n’adopte une idéologie que dans la forme. Ce qui donne, particulièrement en période électoral, des alliances que l’on surnomme de « contre natures » entre des formations politiques qui sont aux extrêmes sur le plan idéologique.
Sauf qu’également, l’élite politique n’aura pas fait l’effort, selon toute vraisemblance, de dégager une ou des idéologies selon les réalités sociétales du pays tout en prenant en compte la compréhension générale même du citoyen. Ce dernier, au lieu d’être au cœur du système, est perçu comme un moyen afin d’accéder à tout poste électif. A l’approche de chaque scrutin, l’on se mue en bienfaiteur distribuant présents de toutes sortes, afin d’avoir le vote. Il est important que les partis politiques déclarent publiquement et de manière assez constante l’idéologique politique à laquelle ils appartiennent tout en l’expliquant de manière claire à la masse publique.
Malheureusement, le citoyen est plus souvent considéré comme de la chaire électorale, ou tout au plus, un instrument malléable à souhait au gré des intérêts de quelques groupuscules. Sur ces défis et bien d’autres, l’en n’entend mot. Est-ce par méconnaissance ou mépris expresse ? Dans tous les cas, cela signifierait que le diagnostic global n’a pas été bien accomplit. Un système politique cohérent et fort, prenant en compte les aspirations profondes des populations est gage contre toute dérive autoritaire et un rempart efficace contre toute velléité de prise de pouvoir par des moyens peu orthodoxes.
Il serait salutaire de prévoir un grand rassemblement afin de penser le système politique malien.
Ahmed M. Thiam
Source : L’Alternance