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Valls chez Merkel pour tenter de dissiper des désaccords sur l’économie

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Le Premier ministre français Manuel Valls était l’hôte de la chancelière allemande Angela Merkel lundi, pour tenter de réconcilier deux visions opposées sur la croissance en Europe, Paris appelant à plus d’investissements quand Berlin réclame des économies budgétaires.

Arrivé à Berlin dimanche soir, M. Valls a été reçu à 12H00 (10H00 GMT), avec les honneurs militaires puisqu’il s’agissait de sa première visite officielle en Allemagne. Mais au delà du cérémonial, le ton des discussions pourrait être tendu.

Le Premier ministre socialiste, dont le voyage en Allemagne apparaît comme le plus important à l’étranger depuis sa prise de fonction, a répété samedi qu’il effectuait ce déplacement “parce qu’il faut changer les choses en Europe”. “Il faut une réorientation parce que la zone euro décroche en terme de croissance et d’inflation”, a-t-il plaidé.

A l’inverse, les responsables allemands s’agacent des réformes jugées insuffisantes en France et des échecs répétés du gouvernement socialiste à respecter les règles budgétaires européennes.

Le chef du gouvernement français était reçu par son homologue conservatrice pour un tête-à-tête puis un déjeuner de travail suivi d’une conférence de presse commune à la chancellerie (11H15 GMT).

“J’attends du nouveau gouvernement français qu’il réduise enfin le déficit budgétaire. Il faut être effronté pour dire que “plus d’économie cela n’est pas faisable”, c’est une gifle pour les Grecs et les Portugais qui ont du accepter une baisse de leurs retraites”, a estimé Herbert Reul, président du groupe conservateur allemand (CDU/CSU) au parlement européen, résumant l’état d’esprit à Berlin.

M. Valls arrive en position de faiblesse. Après une rentrée sur fond de crise politique qui a affaibli l’exécutif, la France vient une nouvelle fois de repousser – à 2017 – son retour sous la barre européenne des 3% de déficit public. Sérieux budgétaire, mais pas d’austérité, plaide-t-on à Paris, pour affronter les “circonstances exceptionnelles” de l’atonie économique dans la zone euro.

“L?Allemagne doit assumer ses responsabilités”, avait lancé le Premier ministre lors de sa seconde déclaration de politique générale, semblant accuser Angela Merkel pour les difficultés de la France.

Les critiques sur le supposé manque d’investissement public en Allemagne sont “vaines”, a-t-on répliqué à Berlin.

Depuis l’élection du président François Hollande en 2012, les deux premières économies européennes n’ont cessé de s’opposer sur la ligne économique. Mais la réorientation voulue par Paris s’est heurtée à une fin de non-recevoir, malgré le renfort du nouveau chef de gouvernement italien Matteo Renzi.

Angela Merkel doit une large part de sa popularité record à sa défense acharnée des intérêts allemands dans la crise financière. Et la presse allemande, au départ charmée par la ligne réformiste de M. Valls, s’est montrée sévère ces derniers jours.

“Krankreich flop, Deutschland top”, écrivait lundi le quotidien Bild, le plus lu d’Europe, en inventant une contraction des mots “krank” (malade) et “Frankreich” (la France), tout en constatant la mort du couple franco-allemand. “Le temps n’est plus où chaque chancelier allemand devait s’incliner deux fois devant le drapeau français (…) et où la France et l’Allemagne se concertaient étroitement avant chaque grande décision en Europe”.

Les analystes s’attendent à ce que Mme Merkel encourage M. Valls à poursuivre les réformes, sans aller vers une confrontation ouverte.

“En Allemagne, on a compris que ça ne servait à rien de taper en public sur la France. On a très bien compris que quand l’Allemagne élève la voix, ça sert surtout le (parti d’extrême droite) Front National”, soulignait Claire Demesmay, experte des relations franco-allemandes pour le centre de réflexion berlinois DGAP.

Côté français, on prétend avoir déjà marqué des points: sur le plan d’investissement de 300 milliards d’euros promis par la nouvelle Commission à Bruxelles; sur l’euro, qui a baissé dans la foulée de mesures d’assouplissement de la Banque centrale européenne. Une BCE qui a semblé rejoindre cet été ceux qui, comme le FMI ou l’OCDE, réclament des actions de soutien à la demande intérieure en Europe.

Enfin, de récents signes d’essoufflement de l’économie allemande font dire à M. Valls que l’Allemagne “aura aussi besoin d’une relance”.

Les pays du G20 réunis dimanche à Cairn (Australie) ont insisté sur le besoin de relancer la croissance en Europe. “L’Europe va devoir faire plus pour mener son économie là où elle devrait être”, a insisté le secrétaire d’Etat américain eu Trésor, Jack Lew.

Après sa rencontre avec la chancelière, M. Valls s’envolera vers Hambourg (nord) pour visiter une usine Airbus, un des plus beaux exemples de succès franco-allemand. Il doit y rencontrer le ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, leader d’un parti social-démocrate (SPD) qui semble plus clément à l’égard de la France, même s’il gouverne avec les conservateurs de Mme Merkel.

Mardi matin, Manuel Valls tentera de faire passer son message auprès des patrons de l’industrie allemande (BDI) qui tiennent leur conférence annuelle, dernière étape de sa visite de deux jours.

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