Les deux candidates à la présidentielle ont proposé d’expulser l’émissaire malien, mais le Mali n’a plus d’ambassadeur à Paris depuis deux ans.
Alors que le Mali a annoncé l’expulsion de l’ambassadeur de France, les candidates à l’élection présidentielle Valérie Pécresse et Marine Le Pen ont proposé de rendre la pareille à Bamako.
« Qu’est-ce que l’ambassadeur du Mali fait encore en France ? », s’est interrogée la candidate des Républicains sur CNews, jeudi 2 février. Un point de vue partagé par la présidente du Rassemblement national sur Europe 1 : « Il faut immédiatement renvoyer, évidemment, l’ambassadeur du Mali, qui devrait déjà être, au moment où on se parle, dans l’avion. »
POURQUOI CETTE PROPOSITION N’A PAS DE SENS
Comme n’a pas manqué de le relever le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, il n’y a plus d’ambassadeur du Mali à Paris depuis deux ans.
Le dernier ambassadeur en date, Toumani Djimé Diallo, a été rappelé par Bamako le 27 février 2020 après avoir créé un incident diplomatique entre les deux pays. Il avait alors accusé les légionnaires français de « débordements qui posent problème », suscitant l’ire de Paris. Le ministère malien des affaires étrangères l’avait rappelé pour « apaiser la situation ». Depuis, il n’a jamais été remplacé.
En mai 2020, le Mali a bien nommé un autre diplomate, Issa Konfourou, pour remplacer Toumani Djimé Diallo. Mais, précise l’article 14 de la Constitution française, « les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires étrangers » doivent être « accrédités auprès [du président de la République] ». Or, comme l’a rappelé Gabriel Attal, aucune accréditation n’a été accordée par la France, laissant donc l’ambassade du Mali sans émissaire.
En septembre 2020, Bamako a nommé Abdallah AG Hama « ministre conseiller à Paris ». Il assure depuis la direction de l’ambassade du Mali, mais, précise cette dernière, en « qualité de chargé d’affaire ». Ce poste intérimaire consiste, en diplomatie, à assurer les fonctions d’un ambassadeur en absence ou indisponibilité de celui-ci, détaille la convention de Vienne.
Selon Gabriel Attal, le Mali a fait une nouvelle demande d’accréditation, qui a été à nouveau refusée en 2021. En l’état, contrairement à ce qu’affirment Valérie Pécresse et Marine Le Pen, le Mali n’a donc pas d’ambassadeur officiel en France, et en conséquence, Paris n’a pas d’ambassadeur à renvoyer.