La rencontre entre les groupes armés nomades et sédentaires pour élaborer une plateforme afin de baliser un terrain propice au processus de réconciliation a pris fin ce mardi 17 septembre 2013. Mais le résultat est timidement une répétition, du déjà vu. A l’issue de cette rencontre de Bamako, comme lors de précédentes rencontres, et notamment lors de la signature de l’accord préliminaire à l’élection présidentielle à Ouagadougou, où ils y étaient tous en juin dernier, les groupes armés se disent d’accord avec l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali.
A l’issue de la rencontre, le modérateur Daouda Maiga, a lu la déclaration dont la teneur est la suivante. « Nous groupes armés du nord du Mali constitués par le Mouvement National de Libération de l’Azawad(MNLA), le Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad(HCUA), la Coordination des Mouvements et Front Patriotique de Résistance (CM-FPR), le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), réaffirmons notre attachement au principe de l’intangibilité des frontières tels que consacrés par l’acte constitutif de l’Union Africaine ». Avant d’ajouter qu’ils sont « soucieux de protéger l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali, déterminé à assurer un développement socio-économique équitable et équilibré de toutes les régions du Mali dans le respect de la diversité de ses communautés ». Les groupes armés sédentaires et nomades réaffirment, leur volonté de mettre en commun leurs efforts pour la résolution définitive de la crise dite du Nord Mali, instituant une cellule de contact et de suivi constitué des représentants de tous groupes armés pour la suite des autres rencontres, précise le communiqué. La cérémonie de clôture de cette rencontre était présidée par le ministre de la réconciliation et du développement des régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah, assisté de son homologue de l’Administration territoriale, le général Moussa Sinko Coulibaly.
La principale innovation de cette rencontre de Bamako est sans doute, la décision de « remodeler la Commission Dialogue et Réconciliation en une Commission Dialogue Vérité et Réconciliation ». Les états généraux de la décentralisation seront organisés pour faire le bilan du processus de décentralisation et organiser des assises nationales du Nord avant d’entamer des négociations avec les groupes armés afin de parvenir à un accord définitif de la crise.
Dans son discours de clôture, le ministre de la réconciliation nationale et le développement des régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah s’est félicité de la tenue de cette rencontre. « C’est un moment très important dans le devenir de notre pays. La déclaration qui vient d’être lue est éminemment positive dans la mesure où elle pose un jalon important pour le traitement est la résolution de la crise qui secoue notre pays depuis plusieurs années. Mais qui s’est aggravé au cours des deux dernières années », a déclaré le ministre. Avant d’ajouter que le fait de mettre en place une cellule pour harmoniser et coordonner le travail entre les groupes armés est une chose extrêmement importante qui va « nous permettre d’aller vers une plus grande cohésion dans la manifestation des points de vue de chacun d’entre vous ».
Selon le ministre, « nous sommes tous conscients que la stabilisation politique de notre pays passe par la réconciliation entre les maliens. Mais il ne peut pas y avoir de réconciliation sans justice. Ce sont les maliens réconciliés entre eux qui seront en mesure d’écrire une nouvelle page de l’histoire du pays. Nous allons remodeler la Commission Dialogue et Réconciliation pour qu’elle devienne une Commission Dialogue Vérité et Réconciliation », a annoncé Cheick Oumar Diarrah. Pour lui, il faut établir la vérité sur tout ce qui s’est passé dans le pays parce qu’on ne peut reconstruire un pays tant que des frustrations demeurent dans les cœurs des gens. Selon le ministre, la nouvelle Commission va s’entretenir avec l’ensemble des composantes de notre nation. Elle sillonnera le pays (les trois régions du nord plus les régions de Mopti, de Ségou qui ont été touchées par les graves évènements que nous avons connus). Elle se rendra dans les camps de réfugiés et auprès des populations déplacées. Et « c’est au bout de l’ensemble de ce processus que nous pourrons formuler les outils qui nous permettront d’asseoir la paix dans les cœurs et les esprits », a-t-il dit. Le ministre a annoncé l’organisation prochaine des états généraux de la décentralisation pour faire le bilan du processus de décentralisation telle qu’elle a été mise en œuvre dans ce pays depuis le début des années 1990, pour forger des nouveaux mécanismes institutionnels qui permettront aux populations locales de prendre en charge la gestion des affaires locales, leur permettant de prendre en main leur destin. « Cela va permettre aux uns et aux autres de mieux affirmer leurs personnalités et mieux exprimer ce qui constitue la quintessence de leurs dignités », a-t-il déclaré. Les Assises Nationales du Nord suivront pour permettre à l’ensemble des composantes de notre nation de discuter et de débattre des questions qui sont au cœur du devenir de ce pays, selon le ministre. Ce n’est qu’après que des négociations seront entamées avec ceux qui ont pris part à la rencontre afin de parvenir à un accord définitif et durable.
Le représentant du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, a déclaré qu’ils sont engagés à trouver une paix définitive au problème qui a opposé l’Azawad au Mali depuis 1960 jusqu’à nos jours. « Notre engagement ne fera pas défaut dans le cadre de la construction d’un grand Mali qui est le rêve de tous les maliens pour que nous vivions définitivement en paix du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Mais cela nécessite un courage, une détermination, une franchise et une honnêteté afin que chaque malien et malienne puisse se regarder dans les yeux et se dire ces tristes vérités, même si elles blessent. C’est avec ça que nous pourrons construire un lendemain meilleur », a-t-il conclut.
Madiassa Kaba Diakité
Source: Lerepublicainmali