Meutchche Ngomsi l’a soutenu en présence du ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme lors du petit-déjeuner urbain des acteurs maliens et internationaux du secteur de l’Urbanisation, le 25 juin à l’hôtel Sheraton. Organisé par le département de Cheik SidyYa Sissoko dit Kalifa en collaboration avec ONU-Habitat, le conclave a également mobilisé le ministre du Développement rural, le secrétaire général de l’Ordre des Urbanistes, des acteurs administratifs et locaux, ainsi que des Partenaires techniques et financiers autour du thème « Mise en œuvre du nouveau programme pour les villes et de la Politique Nationale de la Ville au Mali».
Fixant le cadre de l’événement en premier lieu, le représentant du Directeur du Bureau Régional-Afrique de l’ONU-Habitat, Meutchche Ngomsi, a tout d’abord rappelé l’adoption en 2015 par les États membres des Nations Unies d’un Programme Global de Développement Mondial, à savoir l’Agenda 2030. En parallèle duquel, l’Afrique a adopté son agenda 2063. Ces deux instruments visent le renforcement du développement économique, social et environnemental du continent, a-t-il indiqué, avant de rappeler que le prochain Forum Politique de Haut Niveau (FPHN), annoncé à New York du 09 au 18 juillet 2018, sera l’occasion pour les pays-parties comme le nôtre de rendre compte du progrès réalisé en terme de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et l’objectif de développement durable 11.
Le Mali pourra donc en tirer profit pour améliorer ses mécanismes nationaux pour offrir à ses citoyens cadre de vie plus simple, inclusive, résiliant et mieux adapté aux changements climatiques. Au regard du dernier rapport de l’ONU, le défi d’aujourd’hui est, selon M. Ngomsi, est de penser aux villes maliennes de demain en vue de permettre à leurs habitants de mener une existence harmonieuse, dans un contexte marqué par un accroissement exponentiel des populations urbaines, qui pourrait grimper jusqu’à 13 800 000 en 2030 et 25 825 000 en 2063. Les politiques publiques pour faire face au phénomène doivent être intégrée et inclusive, a laissé entendre le représentant du Directeur du Bureau Régional-Afrique de l’ONU-Habitat en se réjouissant de la disponibilité au Mali de milliers de logements prêts à être distribués aux populations. Cette expérience rare sur le continent, estime-t-il, mérite d’être évaluée afin de servir de leçons à d’autres pays d’Afrique en quête d’expérience en la matière de distribution des logements.
Face au problème d’étalement des villes maliennes, il a préconisé d’optimiser les ressources présentes, d’organiser l’occupation des trottoirs et des caniveaux selon les normes afin de rendre les espaces plus fonctionnels et attractifs.
Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme. Cheik Sidya Sissoko dit Kalifa, a rappelé quant à lui l’adoption en 1981 par le Mali des grandes orientations de la politique nationale de l’urbanisation dans le cadre du schéma d’aménagement du territoire. Cette politique, selon lui, a permis de créer une dynamique dans la gestion urbaine. Pour cause, ces orientations se sont traduites par l’élaboration de documents de planification urbaine notamment le schéma sommaire d’aménagement et d’urbanisation, le plan d’urbanisation sectoriel et les outils d’urbanisation opérationnelle comme le lotissement, la réhabilitation, la restructuration et l’opération concertée d’extension, a-t-il expliqué. Et de relever par la même occasion qu’après une décennie d’application des deux phases du projet urbain du Mali pour les périodes 1979-1986 et 1986-1994, la politique sectorielle de développement urbain de 1996 a formulé un certain nombre de stratégies notamment l’approfondissement du processus de décentralisation, le développement d’un réseau de villes secondaires et l’amélioration de la gestion urbaine. Quant à la mise en œuvre de la troisième phase de ce projet, le PDUD (Projet du développement urbain et décentralisation) en l’occurrence, elle s’est traduite par la déclinaison de la politique sectorielle de développement urbain en stratégie de développement des villes du Mali adoptée en 2009 et dans laquelle l’accent est mis sur la responsabilité des collectivités dans le processus de développement urbain.
Le ministre n’a pas omis de rappeler l’adoption par le gouvernement, en 2012, du projet d’appui aux communes urbaines du Mali (PACUM) destiné à appuyer le renforcement des performances institutionnelles et à contribuer à l’amélioration des services d’infrastructures des communes urbaines. Avec l’appui technique et financier estimé à 41 milliards de FCFA de partenaires comme la Banque la Mondiale et la Coopération Suisse, le PACUM est intervenu dans le district de Bamako et dans toutes les capitales régionales excepté Kidal et dans villes urbaines comme Kita, Bougouni, Niono, Bla et Koutiala.
Le ministre d’en déduire qu’en dépit des efforts du gouvernement les problèmes demeurent récurrents avec des cités maliennes caractérisées par l’étalement urbain, les difficultés d’accès aux services urbains, le casse-tête de l’assainissement, la dégradation de l’environnement, etc., aux se greffent l’insuffisance de logements, le manque d’infrastructures routières et de drainage, les difficultés liées à la gestion foncière, les problèmes de mobilité, la faiblesse de ressources des collectivités, l’insécurité et la marginalisation de certaines couches de la société. C’est au regard de ces défis que le gouvernement a adopté en 2014, la politique nationale de la ville, assortie du plan d’actions du programme de développement des villes du Mali (PONAV) avec comme objectif d’améliorer la gestion et la qualité de vie dans les villes, de renforcer les économies locales et de favoriser l’expression des diversités socioculturelles etc. Laquelle politique organise l’aménagement urbain en plusieurs phases et apporte des réponses en adéquation avec l’ampleur des problèmes comme le délitement du tissu social, l’incivisme croissant, la mauvaise gouvernance, le faible niveau d’assainissement et le manque d’infrastructures urbaines de base.
Le représentant du maire du district pour sa part, s’est réjoui du chemin parcouru, 20 ans après la politique sectorielle de développement urbain, qui s’appuyait sur le droit d’accès au logement.
Amidou Keita
Source: Témoin