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Union africaine : LES DÉFIS ET PERSPECTIVES D’UNE ORGANISATION EN QUÊTE DE RÉFORMES

Quels chantiers pour l’Union africaine cette année ? Quelles perspectives pour l’organisation continentale ? Sous l’impulsion du chef de l’État rwandais, Paul Kagame, l’institution adopte depuis juillet 2016 des réformes pour gagner en autonomie et en efficacité. Parmi les réformes de l’UA, il y a plusieurs mesures visant à éviter les doublons. Le nombre de commissions passera progressivement de 10 à 8 : la commission paix et sécurité fusionne avec les affaires politiques et le commerce, l’industrie sera regroupée avec les affaires économiques.

A partir de janvier 2021, il devrait également y avoir changement dans le mode d’élection du président de la Commission. Les candidats seront soumis à une présélection plus rigoureuse et devront se plier au jeu d’un débat public diffusé sur tout le continent.
Mais le cœur des réformes reste le financement de l’UA. Jusque-là, plus de 80% du budget de cette institution dépendait de partenaires étrangers, comme l’Union européenne. D’où l’idée d’instaurer une taxe de 0,2 % sur les produits importés. A ce jour, 24 pays ont accepté de l’adopter.
« L’Union africaine est en train de faire des efforts remarquables », note Pierre Moukoko Mbonjo, le chef de l’unité de mise en œuvre de la réforme institutionnelle de l’UA. « En deux ans, constate-t-il, la dépendance vis-à-vis des partenaires est passée de 60% à 30% ». Seul bémol : « le non-paiement à date des contributions des États membres », reconnait ce responsable. « On sait très bien que l’argent est le nerf de la guerre. »
Ce mode de financement est appliqué progressivement. Le tout avec un système de sanction plus lourd contre les Etats qui ne parviennent pas à s’acquitter de leurs cotisations.
Mais plusieurs observateurs estiment qu’il s’agit d’avancées à minima, parce que certaines réformes institutionnelles majeures n’ont pas encore été adoptées. C’est notamment le cas de la proposition de renforcer l’autorité du président de la Commission, en lui permettant notamment, de nommer le vice-président et les six commissaires.
Ce projet a été rejeté en novembre dernier par la plupart des États membres. Un signe de frilosité ? « Il y a une peur de perdre la souveraineté qui est très importante », analyse Liesl Louw-Vaudran, chercheuse à l’Institut d’études et de sécurité (ISS). « Les chefs d’État, poursuit-elle, ne font pas confiance à la Commission à Addis Abeba pour, par exemple, mener des négociations avec l’Union européenne. Mais en même temps, si on ne renforce pas la Commission de l’Union africaine, ça ne va jamais devenir une vraie commission capable de faire tout ce que les citoyens africains attendent de la Commission. C’est un processus très très difficile, avec 55 États membres », conclut cette chercheuse.
Sur le plan économique, il est prévu la mise en place d’une zone de libre-échange à l’échelle du continent. Cette mesure vise à renforcer l’intégration économique. Mais jusque-là, les États les plus influents, qui contribuent le plus au financement de l’UA, émettent ouvertement des réticences.
Pour le chercheur Amzat Boukari Yabara, il faut d’abord tirer un bilan des projets sous régionaux, avant d’évoquer l’impact au niveau du continent. « Il y a eu pas mal de blocages de certains États comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui sont des poids lourds, par rapport à ce projet d’ouvrir intégralement le continent africain sous la forme d’une zone de libre-échange, sachant que se pose la question de l’industrialisation du continent ». Or, poursuit-il, « l’ouverture d’une zone de libre-échange n’est pas forcément compatible avec les intérêts des puissances africaines comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud ».
Fin janvier, le Rwandais Paul Kagame passera le témoin à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, pour une durée d’un an. Son arrivée aura-t-elle un impact sur les réformes ? « A priori, non », glisse un observateur, « dans la mesure où une équipe a été nommée pour assurer le suivi de l’application de ces réformes ». Ces dernières doivent par ailleurs être adoptées par les Parlements de chaque État membre pour entrer en vigueur.
Pour Amzat Boukari Yabara, auteur du livre Africa Unite, l’arrivée de l’Egypte à la tête de l’UA devrait faire ressortir d’autres sujets à l’ordre du jour, comme la question libyenne. « Il y aura sans doute de la part du président égyptien, une volonté de montrer que son pays est en train de changer d’orientation et de revenir sur une politique africaine plus active », indique-t-il.

 

Source: Essor

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