L’invalidation de la liste ADEMA PASJ en commune II par le juge du Tribunal de la Commune II suite à une requête de l’alliance RPM-CODEM n’a pas été du goût des militants et responsables du parti. Et ils l’ont fait savoir de la plus belle manière.
C’était à la faveur de la rentrée politique de la Section II de l’ADEMA PASJ du district de Bamako, le samedi 22 octobre 2016 à la Maison de la presse en présence du Professeur Ali Nouhoum Diallo, Wally Diawara, du Président du parti, Professeur Tiémogo Sangaré, les dirigeants de la Section II et de nombreux militants.
Plantant le décor de la cérémonie, le Secrétaire général de la Section ADEMA de la Commune II, Cheick Mamoutou Thiam rappellera que cette rentrée politique qui consacre le départ des activités de la section II des abeilles dans la circonscription, apparaît comme un défi périlleux à relever.
Selon lui, la Commune II est une structure qui a ses spécificités notables sur la base desquelles son parti travaille en synergie avec d’autres formations. Ce, pour le développement harmonieux de la commune. Toutefois, Thiam n’a pas oublié d’attirer l’attention du public sur la situation périlleuse que traverse le parti dans la municipalité. Car, la liste de la section II ADEMA-PASJ est pour l’heure abusivement et arbitrairement invalidée à la suite d’une requête non fondée de l’alliance RPM-CODREM.
Mamoutou Thiam qualifie le comportement de ses adversaires politiques, notamment le RPM et la CODEM de «lâcheté et apolitique» avant de pointer un doigt accusateur vers le juge Fousseyni Traoré chargé de l’affaire. Puisque dit-il, fut impartial voire même corrompu. Explique-t-il, qu’il n’y a pas eu de procès entre les deux parties. «Une grave violation du principe de la justice», a conclu le SEGAL Mamoutou Thiam.
Quant à Balladji Touré ainsi que M. Diabaté, respectivement tête de la liste ADEMA et mandataire, ils ont virulemment critiqué le comportement régalien du RPM tout en accusant les corrupteurs qui se pavanent dans les bureaux des juges et ailleurs. Cela, pour intimider et corrompre à leur gré. A leurs dires, l’argent n’a plus sa place dans la politique.
Le RPM, disent-ils, a peur de l’ADEMA ainsi que de tous ces partis victimes d’un mauvais jugement. «Ils font cela parce que l’ADEMA a refusé d’aller en alliance pour ces communales». Et de rassurer les militants que le parti se battra par tous les moyens légaux pour faire valoir ses droits afin de relever le défi.
Pour le dernier intervenant, à savoir le Président de l’ADEMA-PASJ, le Professeur Tiémoko Sangaré, il s’est dit frustré et triste suite à l’invalidation de la liste de son parti à quelque encablure des échéances en Commune II. Ce qui, de son avis, n’est pas sans conséquence pour la stabilité du pays. Et de s’interroger : «dans quel pays se trouve-t-on ?». Il a pour l’occasion réitéré tout le soutien du parti aux sections de Kayes à Kidal.
Toutefois, M. Sangaré dit avoir foi en la justice malienne. Pour ce faire, il a invité les Abeilles à épuiser toutes les voies légales pour qu’aboutisse leur droit. En tout cas, il a rassuré que son parti concourra à ses élections communales en Commune II. Car, argue-t-il, l’argumentaire soulevé par les requérants, est nul et de nul effet.
Malgré tout, souligne-t-il, le parti se porte bien pour avoir enregistré un important flux d’arrivants. A en croire le Secrétaire général Thiam, le parti a en effet enregistré le retour de certains membres qui l’avaient quitté. Il s’agit, en commune II, de Sékou Diakité et toute son équipe. Autant, poursuit-il, il a enregistré de nouvelles adhésions issues de la CODEM et du MPR. Une aubaine pour le parti !
T. Touré
Encadré
Le Juge rend son verdict et s’enferme à clef dans son bureau
Immédiatement après avoir rendu son verdict très contesté, le juge de la Commune II s’est enfermé à clef dans son bureau. Un geste qui en dit long sur les contours pour le moins flous de l’affaire.
C’est en effet suite à la requête de l’alliance CODEM-RPM que les listes de l’Adema et de la coalition de l’opposition ont été invalidées en commune II ouvrant du coup un boulevard au CODEM et au RPM.
Force est d’admettre que le juge Fousseyni Traoré en charge du dossier n’a pas une attitude irréprochable. Loin s’en faut ! Il n’a pas respecté le principe sacro-saint de la justice en confrontant les deux parties. En somme, il s’est juste contenté de trancher à la seule demande du requérant.
Et immédiatement après avoir prononcé son verdict, il s’est enfermé à double-tour dans son bureau comme pour échapper à d’éventuelles réactions ou regards réprobateurs de ses collaborateurs. Comme pour dire que sa conscience lui reprochait bien quelque chose.
Un geste qui n’honore pas la justice en charge de veiller sur la stabilité sociopolitique du pays surtout en ces temps incertains. Et dire qu’il survient au moment où les Magistrats sont engagés dans un conflit avec l’exécutif pour l’amélioration de leur condition de vie et de travail. C’est le Ministre Konaté qui va là, se frotter les mains.
L’une des conséquences fâcheuses de cette parodie de justice est que les populations de cette commune risquent bien de ne pas se reconnaître dans les autorités communales issues de ces élections, voire même les bouder et de les contrarier. C’est dans des conditions presque similaires qu’est né le collectif des Partis Politique de l’opposition (COPPO) ayant refusé de reconnaître la légitimité d’Alpha Oumar Konaré à la suite de son second quinquennat.
Signalons au passage que l’ADEMA menace désormais de se retirer de la majorité présidentielle.
Source : La Sentinelle