Très suivie sur les réseaux sociaux au Mali, Rokia Doumbia a été arrêtée à la suite d’un signalement du collectif pour la défense des militaires (CDM). “Sous votre gouvernance, ça ne va pas “, a-t-elle déclaré avant de poursuivre que “cette transition est un échec avec 0% de résultats”, lors d’un live sur le réseau social TikTok. Pour ces critiques envers Assimi Goïta, l’influenceuse Rokia Doumbia a écopé ce mercredi (02.08) d’un an de prison ferme et d’une amende d’un million de Fcfa.
Une condamnation “infondée”
Elle a été reconnue coupable d’outrage au président, incitation à la révolte et trouble à l’ordre public par les nouvelles technologies. “Ces infractions ne sont pas prévues par la loi sur la cybercriminalité, donc je ne sais pas sur quelle base le tribunal l’a condamnée. Le trouble à l’ordre public, l’offense au chef de l’État par le biais de l’informatique. Ces préventions n’existent pas dans la loi sur la cybercriminalité qui était citée par le Parquet “, fait savoir l’avocat de Rokia Doumbia qui interjeté appel. Dans une interview accordée à Deutsche Welle, Maître Kassoum Tapo affirme que les raisons avancées par le parquet pour lesquelles sa cliente est condamnée sont infondées.
Beaucoup d’organisation de la société civile dénoncent et qualifie cette arrestation est une atteinte à la liberté d’expression. “La liberté d’expression est en recul au Mali, nous l’avons signalé dans nos différents rapports. Donc cette constatation est officielle. Sans nous aventurer le fond du dossier, nous estimons que c’est une procédure qui a un lien avec la liberté d’expression, la liberté d’opinion “, selon Aguibou Bouaré, dans un entretien, le président de la Commission nationale de droit de l’homme au Mali (CNDH). “Cette influenceuse se bat pour le respect des droits économiques sociaux et culturels” a-t-il souligné.
Depuis le renversement du président malien Ibrahim Boubakar Keita le 18 aout 2020, le pays est dirigé par des militaires. Les ONG sur place constatent un recul de la liberté d’expression. ll n’y a pas que la liberté d’expression qui est menacée. “En plus de la liberté d’expression “, remarque le président de la CNDH avant d’expliquer, “il y a une restriction sur les droits civiques et politique, la liberté d’opinion, la liberté d’association et la liberté de manifestations et nous recevons régulièrement des plaintes par rapport à des cas d’enlèvements, des cas de disparitions forcées, des citoyens qui se plaignent pour avoir subi des menaces et d’autres pour être enlevés simplement, les plaintes sont nombreuses”, fait savoir Aguibou Bouaré.
Les autorités maliennes n’ont quant à elles pu être jointes pour avoir leur version. DW