C’est la résultante d’une opération musclée menée dans la journée du Jeudi 03 Juillet 2014 par les éléments de la gendarmerie sur le site d’orpaillage de Foroko dans le cercle de Kangaba. Ce déguerpissement chapoté par la Société minière African Gold Group (AGG) n’est pas à son premier essai. En Mai 2013, le même drame s’était produit avec à la clé des morts et d’importants dégâts.

Il s’agit des 215 Km2 qui opposent les populations de Foroko et environnants essentiellement composées des orpailleurs traditionnels à la société AGG de M. Konaté. Depuis Mai 2013 cette histoire oppose les deux parties et les autorités en charge du secteur minier peinent à trouver une solution définitive. Du Ministre Amadou Baba Sy en passant par Dr Boubou Cissé, tous ont effectué des visites sur le terrain et tenu des propos rassurants. Mais rien ! Les dégâts continuent !

Dans la journée du Jeudi 03 Juillet 2014, une délégation composée du Président du Collectif des Orpailleur M.Sekouba Yaffa, le Maire de Kaniogo, l’honorable Mamoutou Keita Député à l’AN, Seydou Diawara SG du Collectif des Orpailleurs et d’autres a été accueillie par l’autorité de tutelle.

Selon les participants à la réunion, le ministre Bobou Cissé a clairement signifié, au cours des échanges, qu’il utilisera la force contre les orpailleurs au motif qu’un gendarme aurait perdu la vie. Toute chose qui a fait du bruit dans le rang de la délégation qui a déprécié et s’est insurgé contre les propos tendancieux du Ministre qualifié de révoltants.

Ses propos ont été suivis d’effets avec la descente musclée d’un important renfort de force de l’ordre à Foroko. Le bilan est plus qu’alarmant : environ une dizaine de morts et des blessés. Selon des sources crédibles des cas de décès par balles ont été certifiés au centre de santé de Kangaba.

Il faut signaler qu’une éventuelle interpellation du Ministre des mines à l’AN pour situer les responsabilités n’est pas à écarter.

Toumani

Ils ont dit :

« Les gendarmes sur les sites d’orpaillage sont habitués à la corruption, au gain facile, aux rackets quotidiens assortis de lourdes amendes… »

Sékou Yaffa, président du Collectif des Orpailleurs de Forko :

«Cette situation ne date pas d’aujourd’hui et si la situation a dégénéré. c’est du au laxisme des autorités ; les promesses tenues n’ont pas été respectées. En tant que président du Collectif des orpailleurs, je déplore l’incident survenu tout en priant pour le repos de l’âme des disparus (une dizaine) et je souhaite prompte rétablissement aux blessés. J’étais à Bamako au moment des faits, les orpailleurs m’ont fait part de leur agression par les gendarmes.

Séance tenante, nous avons cherché à rencontrer le Ministre Boubou Cissé. Contre toute attente, nous avons été surpris par ses propos car on sait que la force ne peut résoudre aucun problème. Et surtout le fait pour lui d’ignorer les civils tués comme s’il ne s’agissait pas d’êtres humains…

Le jour de l’affrontement, les informations reçues nous font dire que les orpailleurs ont été battus, pillés et expulsés sur le site de MIFA MINING et non d’AGG. Personne ne peut s’opposer à la force publique mais le problème est que les gendarmes sur les sites d’orpaillage sont habitués à la corruption, au gain facile, aux rackets quotidiens assortis de lourdes amendes… Donc mettre fin à cela c’est s’exposer à leur colère. Pour une simple saisie d’appareil ou de machine,   ils réclament souvent un pot de vin 50.000FCFA ou plus.

Le département nous a proposé un site sur la colline ou il est impossible d’extraire de l’or et les populations ont refusé et depuis lors, les choses n’ont plus évolué. Nous avons proposé deux solutions au Ministre la semaine dernière : en premier lieu, les parties qui n’intéressent pas la société AGG sur les 215 Kilomètres carrés. Qu’elles soient mises à la disposition des villages ; et en second lieu, que les orpailleurs promettent l’utilisation des anciennes méthodes d’extraction de l’or.

Mais malgré leur bonne foi ce qui devrait arriver, arriva. Il est temps que les responsabilités soient situées et que ce problème des orpailleurs soit définitivement réglé afin d’éviter des pertes en vie humaines car « la personne humaine est sacrée et inviolable » comme l’indique notre Constitution».

Seydou Diawara dit Kanda orpailleur Foroko :

« L’actuel Ministre est pire que son prédécesseur »

« Du 11 Mai 2013 à nos jours, toutes les autorités ont été saisies à propos de cette affaire. Du Président de la Transition Pr Dioncounda Traoré à IBK. Nous sommes chaque fois victimes d’abus de la part des forces de l’ordre et de sécurité. Trop c’est trop ! Nous dénonçons aujourd’hui la répression sauvage et le pillage de nos biens. Il est clair que les dirigeants de ce pays ne pensent qu’à leur intérêt personnel tant pis pour la population. On avait salué l’arrivée du Ministre Boubou Cissé qui, en son temps, avait promit d’organiser le secteur et depuis rien n’est fait. L’actuel Ministre est pire que son prédécesseur».

Seydou Diawara SG du Collectif des orpailleurs de Foroko : «Une violation du code minier au vu et su des autorités»

«La Société AGG occupe cette zone il y a plus de 12 ans. Elle dispose d’un permis de recherche de 3 ans renouvelable 3 fois. Aujourd’hui, la superficie occupée par AGG, soit 215 Km2, s’étend sur environs 5 villages : Samaya, Nièbileni, Kobada, Chiakabougou, Diaban. Mais le hic, c’est que la Société n’est pas parvenue à finaliser sa recherche avec une forte interdiction de la population de franchir ces distances même pour des travaux champêtres. La Société AGG ne devrait disposer que d’1/6 de sa superficie mais depuis 12 ans, elle occupe la même superficie. Ce qui constitue une violation du code minier au vu et au su des autorités. L’orpaillage est une pratique qui ne date pas d’aujourd’hui et amorce un emploi de jeunes ».

Lassine Sidibé représentant des jeunes de Foroko : «Des milliers de personnes sacrifiées au profit d’une seule personne»

«Nous ne sommes ni des voleurs encore moins des brigands, mais à la recherche du métal précieux pour éviter de tomber dans la facilité. Mais nous sommes victimes de toutes sources d’agressions et de brigandages des gendarmes en poste à Foroko et Kobadani, ceux-là mêmes qui sont chargés de nous sécuriser. La société AGG a occupé tous nous villages sur 215Km2, mêmes nos champs n’ont pas été épargnés. Nous ne savons plus où aller avec l’interdiction de franchir cette surface. Nous ne savons plus où aller. Ce sont des milliers de personnes qui sont sacrifiées au profit d’une seule personne, le sieur Konaté de la Société African Gold Group(AGG) ».

Propos recueillis par T.Coulibaly

SOURCE: La Sentinelle