Au Burkina Faso, une église catholique a été la cible d’hommes armés, ce dimanche 12 mai, à Dablo, un village situé à 90 km de Kaya dans le centre nord du pays. Six personnes dont le prêtre ont été tuées. Les assaillants sont arrivés alors que débutait la messe et ont fait feu sur les fidèles. C’est la première fois dans le pays qu’une église catholique subit une attaque terroriste.
Il était 9h00 et les fidèles chrétiens étaient à l’intérieur de l’église. La messe venait juste de commencer lorsque des hommes armés sont arrivés sur près de 17 motos, selon le maire Zango Ousmane qui raconte : « Ils sont venus à une vitesse infernale et quand ils sont arrivés, ils ont laissé tomber les motos et ils ont commencé à tirer. Ils ont brûlé une boutique et un restaurant puis sont revenus pour brûler l’église » « C’était la débandade pour ceux qui étaient dehors » et « vers les différentes sorties de l’église ».
Les assaillants ont alors commencé à tirer en l’air et intimé l’ordre à tous ceux qui étaient à l’intérieur de l’église de ne plus bouger.
« Ils ont fermé les portes et demandé à voir les responsables de l’église », selon notre source qui explique que « les fidèles avaient d’abord pensé à une prise d’otages ».
C’est ainsi qu’ils se saisissent du prêtre et de cinq autres fidèles qu’ils font coucher et tirent sur eux, relate cette autorité. Une source sécuritaire confirme qu’au moins six personnes ont été tuées au cours de cette attaque.
Avant de partir, les assaillants ont mis le feu à l’église. Sur leur chemin, ils ont incendié un maquis et un véhicule au centre de santé de la commune de Dablo. Le dépôt pharmaceutique du centre de santé a été également saccagé. « Ils sont venus très nombreux comparés à nos forces de sécurité », dit le maire.
C’est la première fois que la commune de Dablo est victime d’une attaque. « Il n’y avait aucun signe d’une quelconque menace sur cette commune », souligne un habitant.
C’est la première fois que Dablo est attaquée. Mais on le pressentait parce que les communes voisines ont été attaquées. Ils sont arrivés à l’église et ils ont dit “où est votre prêtre? Lui, il faut qu’on le tue, il ne peut pas s’échapper.”
Le maire plaide pour que les renforts restent autant que possible, afin de soutenir les habitants encore sous le choc.
Ce qui s’est passé à l’église paroissiale de Dablo était une prise en otage des fidèles avec des séances de prêche. Une situation qui a rendu difficile l’intervention des forces de défense et de sécurité intérieures, selon Siméon Sawadogo, le ministre de l’Administration du territoire.
« Vous imaginez une quarantaine d’assaillants qui prennent l’église d’assaut. A l’intérieur, quelle intervention vous pouvez faire ? Le problème n’est pas d’intervenir mais la vie des personnes qui sont dedans. C’était difficile de faire une intervention qui ne mette pas en danger la vie des personnes qui assistaient à la messe. »
Après les attaques contre les chefs coutumiers et des responsables communautaires, les groupes armés prennent désormais pour cible les temples et églises. Tout en condamnant cette dernière attaque, le ministre d’État Siméon Sawadogo souligne que l’objectif des groupes terroristes est de mettre en mal la cohésion sociale : « Il ne faut pas que l’on cède à cette nouvelle intimidation, projet funeste de nous opposer entre catholiques, protestants, musulmans, etc. Il faut que l’on reste forts. Le peuple doit rester soudé. J’ai parlé au pasteur, j’ai parlé aux évêques, j’ai parlé aux musulmans. Tout le monde est unanime à condamner les actes ignobles de ces gens. »
Du côté de l’Église catholique, on préfère ne pas faire de commentaire sur cette attaque, afin d’éviter tout amalgame ou confusion qui pourrait raviver des tensions.
RFI