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Un an de violation de la loi, de tergiversations et de mauvaise gouvernance

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Cela fait exactement un an, jour pour jour, que le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta est arrivé aux commandes du pays. Alors complètement anéanti, dans son septentrion, par une rébellion armée qui avait occasionné la perte des 2/3 de son territoire et un ‘’terrorisme étatique’’ conduit par le Général Sanogo dans sa partie australe. L’arrivée d’un président jadis connu pour sa fermeté et sa rigueur avait donc suscité beaucoup d’espoirs remplacés, un an après, par la déception et le pessimisme.

Cette déception et ce pessimisme qui prévalent aujourd’hui au Mali avaient déjà été annoncés par certains observateurs de la scène politique malienne dès le jour de son investiture, le 4 septembre 2013. En effet, à cette date, IBK a qualifié l’ancien dictateur Moussa Traoré de ‘’grand républicain’’ malgré la privation des libertés publiques et individuelles et les sévices de toute sorte qu’il a infligés aux Maliens. Sans évoquer le fait qu’il était arrivé à la tête du pays par un coup d’Etat, suivi de l’assassinat du père de l’indépendance du Mali, Modibo Keïta. Ces propos du tout-nouveau chef de l’Etat avaient alors choqué une partie de l’opinion nationale même si des concitoyens ont cru qu’ils rentraient dans le cadre de la réconciliation nationale.

 

Ensuite suivirent les violations de la loi par celui là même qui est sensé incarner l’unité nationale, être le garant de la Constitution. En effet, selon le deuxième alinéa de l’article 37 de la Constitution de 1992 qui a marqué la fin de 22 années de dictature, « après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le président de la Cour suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle ». Mais qu’a-t-on vu ? Absolument rien. Cette déclaration n’a pas été faite dans le délai prévu par la loi et n’a pas été encore moins reçue publiquement par le président de la Cour Suprême. Et, un an après, on attend toujours sa mise à jour. IBK a donc violé la loi au vu et au su de tous. Cela explique du reste pourquoi les Maliens continuent de s’interroger sur la provenance des fonds dont il use actuellement pour donner une autre dimension à sa résidence privée.

L’intégrité du territoire bafouée, un an durant, du fait de la tergiversation

L’un des aspects qui caractérisent aujourd’hui la gestion calamiteuse d’IBK est sans nul doute la ridiculisation de l’intégrité du territoire national et de l’Etat de droit tant promis au peuple. Ce qui est, de surcroit, l’une des motivations principales de son accession au pouvoir. Mais après un an d’exercice, les Maliens en sont à supporter et conjecturer sur le sort du nord du pays au sortir des pourparlers en cours à Alger. Car le gouvernement n’y est pas allé en de bonne posture du fait de l’amateurisme qu’il a prouvé pour résoudre cette question cruciale.

 

 

En effet, renouer le dialogue avec les groupes armés deux mois après sa prise de fonction, le nouveau président a littéralement mis de côté  l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013. Le même accord qui a occasionné la tenue des élections générales, donc son accession à la tête du pays. Il a tergiversé et s’est fourvoyé dans ses différentes sorties médiatiques. Tantôt il dit que sa main reste tendue au dialogue et à la médiation. Tantôt il proclame qu’il ne s’assiera pas à la même table de négociation que les groupes armés. Toutes choses qui ont conduit au pourrissement de la situation du nord du Mali. En témoigne la visite ensanglantée du premier ministre Moussa Mara le 17 mai 2014, à Kidal malgré les mises en garde de la Minusma et de Serval. En témoignent aussi les évènements tragiques du 21 mai, marqués par l’humiliation de l’armée nationale et de la nation toute entière. Des évènements autour desquels le mystère reste entier sur celui qui a donné l’ordre d’attaquer les positions rebelles. Ce qui est sûr, les Maliens ont compris que le pays est à ce point si mal géré que le président lui-même ne contrôle plus son armée. « L’ordre ne venait pas de l’autorité politique », s’est empressé d’affirmer son premier ministre après les malheureux évènements.

 

La mauvaise gouvernance a devant de beaux jours

 

Contrairement aux autres présidents qui arrivent à la tête de leur pays avec de vrais projets de société, Ibrahim Boubacar Keïta, est arrivé les mains vides. Si l’on exclut ses slogans comme ‘’Le bonheur des Maliens’’, ‘’Le Mali d’abord’’ vite transformé à ‘’Ma famille d’abord’’. C’est ce qui explique le choix de Moussa Mara comme premier ministre. Ce dernier était l’un des rares candidats aux élections présidentielles à avoir un projet de société.

 

C’est ce qui explique aussi toutes les peines que le Mali éprouve actuellement à se sortir de l’ornière. Pendant que le train de vie des populations périclite chaque jour un peu plus, des milliards de FCFA sont injectés dans des œuvres de rénovation de palais et résidence ou encore dans l’acquisition d’avion dont l’opportunité reste à démontrer. Du coup le FMI, la Banque mondiale, l’Union européenne ont suspendu leur appui budgétaire jusqu’à ce que la transparence totale soit faite sur les gros marchés passés dans des conditions estimées nébuleuses.

 

D’un autre côté, le front social, longtemps minimisé par les nouveaux locataires de la Cité administrative, s’est mobilisé en paralysant pendant 48 heures tous les services, commerces et entreprises du pays. Qu’on imagine l’impact de deux jours sans travail sur une économie puissante, à plus forte raison la nôtre qui semble être atteinte du virus Ebola. Pour chercher la médication appropriée, le ministre des Finances d dû fouiller dans les archives, exhumer les vieux textes et tenter de leur faire une existence, histoire de stimuler les recettes douanières. Hélas ! La vigilance des importateurs l’a obligé à revoir ses calculs à la baisse.

   Aboubacar DICKO

SOURCE: L’Indépendant 

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