Nul ne peut terminer d’énumérer les maux de la démocratie africaine. Chaque jour, chaque année, nous avons l’impression que cette démocratie devient de plus en plus mineure, qu’elle ne sort jamais de son état d’enfance. Parmi tous les maux actuels de cette démocratie, nous pouvons mentionner celui de la lutte acharnée contre les opposants politiques.
Les déboires de la démocratie africaine sont innombrables. Tous les pays africains souffrent pratiquement des mêmes problèmes de gouvernance qui ne sont que des violations flagrantes des principes dudit régime. En Afrique, dans ces derniers mois marqués par un vent fou que nous appellerons des élections, l’atmosphère est à la chasse aux opposants politiques. Tout se joue contre eux. Les dirigeants faisant partie de la majorité présidentielle s’attèlent au faîte de leur trône qu’ils considèrent désormais comme une propriété privée à lancer de mauvais sorts à tous ceux se réclamant de l’opposition.
Pour ce faire, nous les voyons abuser du pouvoir parce qu’il s’agit d’un plein pouvoir qu’ils concentrent entre leurs mains à travers l’achat de tous les autres pouvoirs censés veiller sur leur gestion politique ou encore par le placement à la tête de toutes les institutions clés de la République d’hommes et femmes faisant partie de leur pré carré politique. C’est la raison pour laquelle, les faits et gestes de ces différentes institutions concordent toujours.
C’est ce problème que traverse le Mali victime d’une crise postélectorale due aux tripatouillages massifs, constatés par l’opposition dont les requêtes ont été introduites auprès de la Cour Constitutionnelle qui se donne le droit, parce que favorable à la majorité présidentielle, de ne retenir aucun recours et de reconduire ainsi les résultats du Ministère de l’Administration territoriale. Cela crée aujourd’hui ce qu’il serait possible d’appeler un chaos.
Cette situation est similaire à celle qui se passe en Mauritanie à l’issue des élections législatives, régionales et locales où, malgré les recours des 15 poids lourds de l’opposition politique décriant des fraudes massives, les observateurs de l’Union africaine en place trouvent non-avenue leur requête.
Au Zimbabwe, lors des présidentielles, malgré les cris de détresse de l’opposition concernant les fraudes électorales, la cour constitutionnelle a décidé de boucher ses oreilles. Un cas pareil de lutte contre les oppositions politiques se mène présentement aussi en République Démocratique du Congo (RDC) où Jean Pierre Bemba se voit complètement écarté de la course à la présidentielle par la CENI à cause de sa condamnation pour subornation à témoins. Nonobstant les recours de ce dernier auprès de la Cour Constitutionnelle, celle-ci décide de valider la liste de la CNI qui se trouve tout compte fait favorable à la majorité présidentielle. Rappelons, à côté de cela, la non-autorisation du dépôt de candidature de Moïse Katumbi.
Tous ces faits montrent, à suffisance, qu’en Afrique la démocratie souffre du non-respect de ses principes. Les opposants sont pris en otage par les majorités présidentielles qui profitent de leur présence aux commandes de l’État pour exercer une mainmise sur les principales instances de décision.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays