James Matthews, 43 ans, était rentré au Royaume-Uni pour assister début février aux obsèques d’un compagnon d’armes, le Britannique Jac Holmes, tué en octobre dans les combats à Raqqa.
Il a passé ces dernières années à combattre en Syrie. De retour au Royaume-Uni, Le Britannique James Matthews, 43 ans, va aujourd’hui devoir rendre des comptes à la justice. L’intéressé doit comparaître ce mercredi devant le tribunal de Westminster à Londres où il devrait être mis en examen pour terrorisme. Seulement, l’ancien militaire ne combattait pas dans les rangs de l’État islamique mais contre les djihadistes, pour le compte des Kurdes des «Unités de protection du peuple» (YPG), principaux alliés de la coalition internationale en Syrie. Scotland Yard a expliqué la semaine dernière que l’intéressé serait officiellement accusé en vertu de la loi de 2006 sur le terrorisme pour «avoir fréquenté un ou plusieurs endroits en Irak et en Syrie où l’instruction ou la formation était fournie en vue de la préparation ou de la commission d’attaques terroristes.»
Originaire de Stoke-on-Trent, James Matthews était rentré au Royaume-Uni pour assister début février aux obsèques d’un compagnon d’armes, le Britannique Jac Holmes, tué en octobre dans les combats à Raqqa. Depuis 2015, plusieurs dizaines de Britanniques sont comme eux partis combattre l’État islamique auprès des forces kurdes. Au moins sept d’entre eux y ont laissé la vie. Le gouvernement britannique avait averti que quiconque prenait part à un conflit étranger s’exposait à des poursuites à son retour au Royaume-Uni. La législation sur le terrorisme leur interdit de s’engager dans la violence pour une cause politique ou idéologique. La menace était restée jusqu’ici lettre morte. Si plusieurs volontaires ont bien été interpellés et interrogés à leur retour outre-Manche, James Matthews est le premier d’entre eux à être poursuivi, selon la presse britannique.
Héros ou mercenaire?
Le visage de ce volontaire britannique était apparu en 2015 à la télévision dans un documentaire «The Brits battling ISIS» («Les Britanniques combattant Daech»). Cet ancien militaire, alors salué comme un «héros» sur les réseaux sociaux, expliquait les raisons qui l’avaient poussé à quitter sa vie de professeur d’anglais dans une école militaire saoudienne. «Ce qui m’a vraiment secoué, c’est une photo que j’ai vue sur Facebook d’un combattant de l’État islamique brandissant la tête coupée d’une femme», affirmait-il. Et d’ajouter: «Cela semblait être l’une des images les plus démoniaques que je n’ai jamais vues dans ma vie.» James Matthews avait signé en mars dernier une lettre ouverte des combattants britanniques de l’YPG appelant leurs compatriotes à ne pas céder à la haine après les attentats de Londres, rappelle The Telegraph.
Aujourd’hui, le retour de ces volontaires qui ont aidé à vaincre Daech embarrasse les pays occidentaux. En août dernier, le think-tank The Henry Jackson Society, basé à Londres, encourageait le gouvernement britannique à inclure le YPG dans la «Foreign Enlistment Act», législation britannique traitant du mercenariat. «Le fait est que le PKK et le YPG sont la même entité», expliquait l’auteur du rapport. «Loin de combattre le terrorisme, [les étrangers qui vont se battre pour les YPG en Syrie] aident une organisation terroriste interdite à vaincre une autre.» Selon Ankara, le YPG, allié de la coalition internationale sur le terrain, est considéré le bras armé du Parti de l’Union démocratique, la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Or cette dernière organisation est aussi considérée comme «terroriste» par l’Union européenne.
Le Figaro