L’histoire commence le mercredi dernier. L’armada de gardes qui pullulent à l’hémicycle de jour comme de nuit a été surprise par la visite d’un être étrange. Il s’agit d’un boa d’une grosseur assez intrigante et terrifiante pour susciter un rappel des troupes en vue de décider de son sort. Les uns voulaient ouvrir le feu pour en finir pour de bon, mais les autres eurent la vigilance d’alerter d’abord la hiérarchie administrative à cause des considérations superstitieuses qui entourent l’apparition de tels animaux en plein jour. Effectivement le pauvre reptile en eut la vie sauve car la sentence capitale qu’il aurai pu connaître a été commuée. Les occupants habituels de loge où s’était réfugié le serpent se sont contentés de l’y enfermé en attendant une mesure définitive.
La présence d’un boa à l’entrée de l’hémicycle devait ainsi animer les commérages toute la journée du mercredi dernier, surtout que les rares députés qui fréquentent actuellement l’assemblée nationale, tout comme les travailleurs, tournent le pouce d’oisiveté par ces temps de vacances parlementaires. Les interprétations et supputations se sont invités dans les échanges de couloir au point que tous les visiteurs de l’antre des députés finirent par savoir qu’il est bel et bien habité par ces animaux considérés comme des anges gardiens. Quant à les apercevoir de jour, l’explication est également tout trouvée : l’administration parlementaire, dit-on, a péché d’avoir rompu depuis quelques temps avec ses traditions de sacrifice. Ni les fêtes de ramadan, ni Achoura ne sont l’occasion pour les employés de rentrer en famille avec des sachets de viande. De bouche à oreille, les remarques ou médisances sont visiblement parvenues à l’oreille du président Isaak. En tout cas, c’est la déduction qu’en ont fait les travailleurs de l’Assemblée en étant témoins de l’abattage de deux bœufs le jour suivant, toit le matin du jeudi, avant de libérer le boa sacré (ou chanceux ?). Ce qui n’a guère empêché la survenue, le même jour, d’un autre épisode tout aussi curieux. Il s’agit cette fois d’un petit hérisson cueilli en pleine promenade aux abords des marches de l’escalier qui mènent au bureau du président. Difficile de deviner ce qu’il est advenu du pauvre animal, surtout que les commentateurs les mieux écoutés sur les lieux refusent catégoriquement d’admettre comme fortuite la présence en plein jour d’un hérisson parmi les humains. En tout cas, le président n’a l’air d’avoir pris la visite de l’animal à la légère. Même après la descente et en dépit de la fermeture de tous les bureaux, on pouvait apercevoir deux agents montés aux deux accès de l’escalier qui conduit à ses bureaux. Et ils semblent avoir comme consigne de ne laisser nul animal s’infiltrer.
A K