En pleine crise politique, alors que des dizaines de milliers de manifestants assiègent le centre de Kiev, le président Viktor Ianoukovitch s’est rendu à Moscou ce mardi 17 décembre 2013 pour signer toute une série d’accords avec Vladimir Poutine. Sur la place de l’Indépendance, les pro-Européens redoutent l’union douanière russe et réclament une présidentielle anticipée

La Russie tend la main à l’Ukraine. Vladimir Poutine a annoncé que Moscou allait accorder un prêt de 15 milliards de dollars à Kiev pour l’aider à sortir d’une crise économique et financière profonde.

Et ce, sans contrepartie. L’Ukraine ne devra ni augmenter, ni baisser, ni même geler d’avantages sociaux, de retraites, de bourses ou de dépenses, a bien précisé le président russe.

Le prix du gaz vendu à l’Ukraine par la Russie a également été revu à la baisse. Il coûtera désormais un tiers de moins. Par ailleurs, les limitations commerciales entre les deux pays ont été levées, jusqu’à la fin 2014. Ce qui devrait relancer les échanges et renforcer le partenariat stratégique entre Moscou et Kiev.

L’opposition à Viktor Ianoukovitch, qui manifeste depuis plusieurs semaines à Kiev, redoute principalement une union douanière avec la Russie à la place du rapprochement initialement prévu avec l’Union européenne. Mais Vladimir Poutine a assuré que la question n’a même pas été abordée lors de cette rencontre.

Sauf que les opposants ne croient absolument pas à la générosité de Moscou. « Le fromage gratuit, on ne peut le trouver que sur un piège à rats », a lancé Arseni Iatseniouk, le chef du parti de Ioulia Timochenko qui, comme les autres leaders d’opposition, pense que le chef de l’Etat a vendu l’Ukraine aux Russes.

Certes, il n’a pas signé d’accord sur l’union douanière, mais, a tonné Vitali Klitschko devant une foule nombreuse, 50 000 personnes, Viktor Ianoukovitch a gagé les entreprises stratégiques du pays contre les 15 milliards de dollars d’argent russe. Pour le nationaliste Oleg Tiernibok , « le patrimoine national a été cédé ».

Finalement, a répété Vitali Klitschko, la seule solution pour sortir de la crise, c’est une élection présidentielle anticipée. Et le champion de boxe a invité son adversaire Ianoukovitch à monter sur le ring électoral.

D’après Arseni Iatseniouk, de nombreux députés ont tourné le dos au parti présidentiel, le Parti des régions, et il ne manquerait plus que neuf défections pour faire tomber le gouvernement.

Un important remaniement pourrait avoir lieu sous la pression du parti au pouvoir, qui joue sa survie et a demandé des changements à Viktor Ianoukovitch.

Toutefois, une motion de censure ne peut pas être déposée avant la prochaine session parlementaire, qui commence en février 2014.

En attendant, Arseni Iatseniouk énumère les avancées obtenues : la libération de la majorité des personnes arrêtées lors des assauts menés sur la place de l’Indépendance, la révocation de trois responsables de cette répression, et l’engagement du chef de l’Etat de ne plus recourir à la force.

Ces avancées, qui ne remplissent pas totalement les exigences de l’opposition, pourraient néanmoins contribuer à faire baisser la mobilisation. Les fêtes de fin d’année aussi. Mais la crise politique ukrainienne pourrait tout de même durer.

Source : RFI