Une enquête sur des actes de corruption et de malversation ébranle le gouvernement Erdogan. Quatre ministres turcs, aux côtés de puissants hommes d’affaires et de banquiers, sont visés. Leur immunité parlementaire pourrait être levée, ce qui serait sans précédent dans l’histoire du pays. Une cinquantaine de personnalités sont en garde à vue. Derrière, une lutte d’influence se profile.
Pour l’ensemble des médias turcs, il ne fait aucun doute que ce vaste coup de filet, qui n’en restera sans doute pas là, est le résultat de la guerre de moins en moins feutrée que se livrent le Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan et la confrérie Nur du prédicateur Fethullah Gülen.
Pas plus tard que la veille, d’ailleurs, l’ancien footballeur Hakan Sükür, député de l’AKP et connu pour être très proche de M. Gülen, avait démissionné sans cacher ses raisons ; il dénonçait « l’ingratitude » du parti de M. Erdogan envers l’éminence grise de l’Islam politique turc, résident actuellement aux Etats-Unis.
Le Premier ministre a d’ailleurs réagi avec son habituel ton de défiance, promettant qu’il ne courberait pas l’échine et n’accepterait aucun diktat de la part de ceux qui ne tiennent pas leur légitimité des urnes.
Tout le monde a compris de qui il voulait parler. Seulement, cette guerre fratricide risque de coûter cher à l’AKP lors des scrutins à venir, à commencer par les municipales de mars prochain, dont le reste de la carrière de M. Erdogan dépend.
La confrérie a beaucoup aidé M. Erdogan dans sa traque contre les militaires, en infiltrant la justice. Cette influence la sert aujourd’hui, au moment où le Premier ministre cherche à s’en débarrasser, estimant qu’elle devient encombrante.
Source : RFI