Validé par une majorité parlementaire absolue, le remaniement partiel contribuera à semer une stabilité politique de nature à contribuer dans la relance de plusieurs domaines socio-économiques outre la préparation d’un climat propice pour les prochaines échéances politiques, les élections présidentielles et législatives de 2019, a souligné lundi le chef de gouvernement Youssef Chahed.
M. Chahed s’est adressé aux députés de l’Assemblée des représentants du peuple pour solliciter la confiance d’une majorité absolue au profit de son remaniement ministériel touchant à 13 portefeuilles et 5 secrétariats d’Etat.
“Ainsi, nous pouvons mettre un terme à la crise politique actuelle […] pour ainsi se tourner vers des priorités majeures, entre autres, améliorer la croissance et l’investissement, booster l’emploi et l’initiative privée, maîtriser les deux déficits commercial et public en plus d’un déficit énergétique flagrant et insupportable.”
“Tout le monde évoquait une certaine crise gouvernementale, mais la réalité disait tout à fait le contraire […] il s’agit d’une crise politique par excellence au sein d’une frange du paysage ayant semé le déséquilibre au sein du gouvernement”, s’est exprimé M. Chahed.
Et d’insister que “le gouvernement a essayé de mettre le pays à l’écart de ces tiraillements politiques ayant infecté une partie de la classe politique”.
Selon le chef du gouvernement tunisien, son principal défi est de jauger le taux d’exécution par son cabinet des principales directives de la feuille de route socio-économique fixée depuis son ascension au pouvoir en août 2016.
“Nous avons démarré avec des indices au rouge, particulièrement un déficit budgétaire de 7,4% outre une finance publique détériorée. Un déficit intraitable et dangereux qui menace de faire effondrer l’économie nationale”, a fait rappeler M. Chahed.
La principale promesse annoncée à l’époque, a encore rappelé M. Chahed, “était de faire migrer les principaux indicateurs économiques au vert à l’horizon de 2020”.
Aujourd’hui, les efforts gouvernementaux sur le double plan social et économique commencent à donner des fruits notamment auprès des investissements, des exportations ainsi que l’amélioration de la production dans des filières comme les industries mécaniques et électriques, le textile et l’agriculture, pour reprendre les dires de M. Chahed.
Selon ce dernier, “tout cela a abouti à une croissance de l’ordre de 2,5% au premier trimestre de 2018 pour passer à 2,8% au second […] actuellement, on pourrait faire mieux une fois les troubles politiques dépassés”.
“Le deuxième paramètre, qualifié de primordial sur la voie de la réanimation de l’économie nationale, n’est autre que le rétablissement de la finance publique”, a affirmé M. Chahed qui prévoit un déficit budgétaire atténué à 4,9% vers la fin de l’année en cours.
Ainsi, a-t-il insisté, “nous avons épargné à notre pays le scénario grec”.
“Mieux encore, a-t-il poursuivi, nos prévisions pour l’année 2019 tablent sur un déficit encore plus atténué pour arriver à 3,9% pour ainsi commencer la vraie relance de notre économie et le rétablissement progressif de sa finance publique”.
Le chef du gouvernement tunisien a espéré réaliser une croissance de 5% en 2020, un déficit budgétaire atténué à 3% et un taux d’endettement stabilisé à 70%, qui reste encore, selon M. Chahed, relativement élevé.
Toutefois, a rétorqué M. Chahed, “je ne peux pas faire passer inaperçu le manque d’une stature politique pour mon gouvernement dans le traitement de certains gros dossiers dont la lutte contre la corruption et les grands projets de réformes”.
S’arrêtant longuement sur le déficit énergétique de la Tunisie, le chef du gouvernement a mis en garde contre un état des lieux alarmant dont l’impact se manifeste directement au niveau du déficit commercial du pays. A savoir dans ce sens que 40% du déficit commercial de la Tunisie provient du déficit énergétique.
En effet, “la Tunisie a vécu en 2018 un choc pétrolier et, pire encore, notre pays est désormais un pays importateur d’énergie à la lumière des prix en flambée à l’international passant de 54 à 74 dollars par baril […] force est de savoir qu’un dollar de plus pour le baril de pétrole coûte à l’Etat 120 millions de dinars (41 millions de dollars)”.
Actuellement, la production énergétique de la Tunisie (solaire et éolienne) ne dépasse pas encore les 2%, sachant que ce pays compte pas moins de 300 jours de soleil par an. M. Chahed ambitionne d’arriver à 30% de production d’électricité à partir des énergies renouvelables à l’horizon 2030.