La Tunisie a déclaré la “guerre contre la corruption” mercredi avec l’arrestation de trois hommes d’affaires et d’un agent des douanes soupçonnés de financer les manifestations qui se développe dans le Sud du pays.
“Dans la guerre contre la corruption, il n’y a pas de choix. C’est soit la corruption, soit l’Etat“, a déclaré le Premier ministre Youssef Chahed. “Je veux rassurer tous les Tunisiens sur le fait le gouvernement mènera cette guerre contre la corruption jusqu’à la fin“, a-t-il ajouté.
Un officier supérieur, sous couvert d’anonymat, a précisé que les personnes arrêtées sont les hommes d’affaires Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi et Nejib Ben Ismail, ainsi que l’agent des douanes Ridha Ayari. Ils ont été arrêtés mardi dans le cadre de l’Etat d’urgence en vigueur en Tunisie depuis novembre 2015.
“Ils sont impliqués dans les affaires de corruption et soupçonnés de comploter contre la sécurité de l’Etat par incitation et financement des mouvements de protestation à Tataouine et dans d’autres régions“.
La mort d’Anouar Sakrafi
Les arrestations suivent la mort d’Anouar Sakrafi, victime des affrontements entre manifestants et force de l’ordre et qui a succombé à ses blessures lundi après avoir été renversé par un véhicule de police lors des manifestations. Son décès augmente encore la tension dans la région. La violence a dominé le rassemblement alors que les manifestants se sont affrontés avec les forces de sécurité dans la région méridionale de Tataouine. Des dizaines de personnes ont été blessées dans les affrontements, dont environ 20 personnes de la sécurité.
Ces troubles représentent un défi pour l’autorité du gouvernement de Youssef Chahed alors qu’il essaie de promulguer des réformes économiques demandées par les prêteurs internationaux et de consolider la transition de la Tunisie vers la démocratie.
En parallèle, des milliers de personnes ont protesté il y a une dizaine de jours contre le projet de loi d’amnistie de la Tunisie qui pourrait gracier certains soutiens historiques de l’ancien président Ben Ali. Son neveu, Imed Trabelsi, vient de faire ses excuses auprès du peuple tunisien à la télévision nationale la semaine dernière en expliquant le système de corruption qui régnait pendant le règne de son oncle, et en déclarant que ce système était encore largement en place.
Un fort soutien populaire
Sur les médias sociaux et dans la presse, les Tunisiens ont applaudi les arrestations, appelant au lancement d’une opération « mains propres » comme cela s’était fait en Italie dans les années 1990.
Youssef Belgacem, de l’organisation non gouvernementale anti-corruption I-Watch, a accueilli favorablement les arrestations “surprenantes” : “Nous espérons que c’est une première étape sérieuse dans la guerre contre la corruption et les corrompus, et pas une tentative d’apaiser les protestations à Tataouine et ailleurs“, a-t-il déclaré.
La Tunisie est passée de la 59ème en 2010. au 75eme rang dans l’indice de perception de la corruption de 2016 publié par Transparency. Les circuits de l’économie parallèle représenterait près de 60 % du PIB.
Source: afrik