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Trois questions au Pr. Kaourou Doucouré : « Signer l’Accord de réadmission, c’est donner carte blanche à l’Europe»

A la faveur de la visite d’une délégation de l’Union européenne, le jeudi dernier, au Mali, pour tenter de faire signer à nos autorités un projet  de signature de l’Accord de Cotonou régissant les  migrations entre les pays de l’Union européenne et ceux pays d’Afrique  subsaharienne, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), nous avons approché le Pr. Kaourou Doucouré, personne ressource, pour en savoir davantage sur ledit document. Lisez plutôt ses  éclairages.

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Le Prétoire : Que  pensez-vous  de la volonté de l’Union européenne à faire signer par nos autorités  les accords de Cotonou sur la migration ?

Pr. Kaourou Doucouré : On avait entendu par ouï-dire qu’une délégation de l’Union européenne était attendue dans notre pays. Mais, cette information a été confirmée. Cette délégation est venue dans le cadre des accords de Cotonou régissant la migration entre  l’Union européenne et les pays africains. En principe, il ne devrait pas y avoir de signature unilatérale. Autant l’Europe s’est réunie avant de venir, il devrait en être de même pour les pays d’Afrique  subsaharienne, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Au lieu de permettre  que les pays de l’ACP se réunissent, l’UE se déplace pour voir ces pays unilatéralement. Le rapport de force n’est pas en faveur des pays pris individuellement. Ils ne sont pas à leur première tentative. En 2009, Sarkozy  a envoyé   son ministre de l’Intérieur et de l’Immigration, Brice Hortefeux, sans consulter ses pairs européens, pour faire le tour des pays africains. Heureusement,  à l’époque, nous avons été informés à temps. La société civile malienne a organisé une conférence de presse  au Centre Djoliba le 8 janvier. Et le 9 janvier, on s’est organisé pour faire une marche au moment où Brice Hortefeux atterrissait au Mali. Contrairement à la rumeur, ATT n’a pas refusé de signer de bon gré. On l’a contraint à ne pas signer. Ceux qui dirigeaient à l’époque le département des Maliens de l’extérieur sont là et le savent. Nous sommes allés,  le jeudi dernier, avec  nos banderoles à l’aéroport  pour exprimer notre désaccord à l’accueil de la délégation de l’Union européenne. Ils sont partis rejoindre IBK à Koulouba. Nous voulons qu’il ait une idée de ce que le peuple pense de ce document.

Quelle peut-être la conséquence de la signature d’un tel document par le Mali ?

Les conséquences de  la signature de ce document sont graves. Si on signait ce document, ce serait donner carte blanche à l’Europe pour refouler  tous nos compatriotes  qui seraient en situation irrégulière. Les gens pensent que cette situation va concerner uniquement ceux qui n’ont pas de papiers. Loin de là. Si on te prend, au lieu de te conduire devant une instance judiciaire, tu seras immédiatement renvoyé dans ton pays. Mieux vaut ne pas signer, car  si on signe ce document, ils vont renvoyer nos compatriotes. Même en ne signant pas, ils vont renvoyer les gens. Ils veulent seulement endosser la responsabilité à nos dirigeants. L’UE oblige nos chefs d’Etat  à signer, sinon elle va couper le robinet de l’aide internationale. Qu’elle ferme ce robinet.  Il faut que nos chefs d’Etat sachent que ce que nos compatriotes envoient au pays  pour l’amélioration des conditions de vies de leurs parents et le développement de leurs communautés  est dix fois plus important que ce que l’UE donne  comme aide internationale à nos pays.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de nos plus hautes autorités ?

Je prie d’abord le bon Dieu de nous guider sur le bon chemin. Et précisément d’amener nos décideurs  à être lucide. Il faut d’abord que nos décideurs tiennent compte des préoccupations du peuple au lieu de regarder les yeux  des responsables de l’Union européenne. Par ailleurs, il est grand temps que les Africains prennent leurs responsabilités pour trouver un langage approprié sur le concept «immigration ». Quand les Européens disent ‘’immigration clandestine’’, ‘’immigration irrégulière, ils sont dans leur bon droit par ce qu’ils sont chez eux. Mais, quand nous quittons chez nous, c’est l’émigration forcée ou l’émigration économique. Parce que nos conditions de vie sont défavorables. Cela nous pousse à aller à l’extérieur, à la quête d’un bien-être social. Et on ne quitte pas chez soi clandestinement. On prend toutes les précautions pour avoir le cœur net, pour savoir si le chemin sera bon ou pas.

Propos recueillis par Boubacar SIDIBE

Source : Le Prétoire

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