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Effondrement du socialisme-communisme, triomphe mitige du capitalisme et de l’Occident : Pour des modèles « politique » et « économique » africains

Dans de nombreuses publications, notamment celle  intitulée « Le capitalisme aux abois parce qu’il n’y aura plus de nouvel âge d’or » paru le 02 septembre 2022, dans les journaux « Les Echos Hebdo N°1692 » et  dans le journal en ligne « Malikilé N°1173 », nous avons avancé des arguments tendant à démontrer la nécessité de « modèle politique » et de « modèle économique » africains. Les modèles importés ont démontré leurs limites.  

I – L’AFRIQUE PROTESTE ET SE REPOSITIONNE

  1. De plus en plus, de millions d’Africains sont convaincus, jour après jour, que des solutions imaginées par les autres et implantées sur le continent n’ont pas donné les résultats escomptés.

Pire, ils découvrent qu’en réalité, ces solutions n’étaient pas conçues pour un développement du continent, mais plutôt pour le maintenir en état permanent de dépendance politique et économique. Ils découvrent que des filles et fils du continent, peut-être par manipulation ou sciemment, ont pris part activement à l’implantation desdites solutions ayant contribué davantage à la paupérisation des populations Africaines.

  1. Alors, tout le retard du continent n’est pas imputable aux envahisseurs. Il faut rompre avec les théories permanentes de complot et de la victimisation pour une prise en mains de notre destin. Les pays Africains ne pleurnichent plus pour le départ d’un sauveur qui n’en est pas un. L’Afrique doit trouver ses propres voies pour le progrès et ses propres remèdes aux maux qui rongent le continent dont le dénominateur commun est le manque de développement économique et social. Ce sont ces “voies et remèdes” que nous appelons « modèles Africains ». La sémantique n’a pas beaucoup d’importances : propres voies, solutions adaptées aux spécificités ou tout simplement modèles, etc., il ne fait aucun doute le meilleur sauveteur de l’Afrique, ce sont les Africains eux-mêmes. Au nombre des millions de compétences dans tous les domaines du savoir, les filles et les fils du continent se doivent de les trouver, de les imaginer, de les concevoir et de les mettre en applications.
  2. Non, les Africains ne sont ni des « incapables à penser » encore moins des « incapables à faire». Il est vrai que des centaines d’années d’esclavage et de colonisation ont tellement meurtri l’Homme noir qu’il doutait de lui-même. Il se considérait, dans bien des domaines du savoir, comme un incapable, vivant dans un complexe d’infériorité injustifié. Il n’arrivait pas à se faire confiance et pensait que les solutions à tous ses problèmes étaient  dans les mains des envahisseurs.
  3. Cette époque est révolue. L’Afrique ne demande qu’à nouer des partenariats « gagnant – gagnant » avec le monde entier dans le respect et la considération réciproques. Celui qui n’a pas compris cela est un « incapable à changer ». Et il doit partir de lui-même ou se fera virer sans tapages ni bruits.

Une analyse retro perspective, relativement lointaine, est très instructive et permet d’affirmer que les Africains n’ont pas beaucoup de choix, que de créer leurs « propres modèles ». 

  1. Aux indépendances, chaque pays est resté dans le cercle de la puissance coloniale qui a longtemps influencé, voire imposé, ses choix politiques et économiques à son ancienne colonie. Ainsi si l’ancienne puissance coloniale était un pays à économie socialiste, le pays adoptait généralement le socialisme comme système économique. Il en était également du système économique capitaliste. Chaque pays faisait sien, les « modèles » de la puissance coloniale.
  2. Comme ces deux blocs économiques étaient en opposition, les pays du continent voulant bâtir leur développement économique avec tous les pays du monde, sans partis pris, semblaient tiraillés entre eux. Certains ont tenté de rester équidistants de chaque camp, en créant un troisième bloc, les « non alignés ». Le Président Modibo Keita du Mali a été un grand artisan aux côtés de Présidents Africains comme Hailé Sélassié, Nasser, Sékou Touré, Kwamé N’Krumah et à l’échelle mondiale comme le Maréchal Josip Broz Tito de Yougoslavie, Indira Ghandi, Fidel Castro, etc.

Si mentalement on pouvait se croire « non aligné », dans les faits, il était très difficile de garder l’équidistance. Le mouvement des « non-alignés » n’a semble-t-il pas été un grand succès.

II – LA « VICTOIRE » DU CAPITALISME SUR LE SOCIALISME.

  1. Finalement, le monde était divisé entre les deux blocs : les pays Occidentaux à économie capitaliste ou libérale et les pays de l’Est, à économie socialiste ou communiste. Ces deux systèmes économiques étaient en bataille depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945 jusqu’en 1989, la chute du mur de Belin qui séparait les deux Allemagnes, dans la nuit du 09 au 10 novembre 1989.

L’unification de l’Allemagne a été perçue comme une victoire éclatante du capitalisme sur le socialisme, des pays de l’Occident sur les pays de l’Est.

  1. Le coup de grâce qui a définitivement « enterré » le socialisme a été donné dans les années 1991 – 1992 par le dernier Président de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), feu Mikhaïl Gorbatiev.

La Fédération de l’Union Soviétique, constituée des 22 Etats, éclate. De nombreux pays accèdent à l’indépendance et rejoignent le bloc des pays Occidentaux, consolidant encore la victoire de l’occident.

Même la Fédération de Russie, l’entité « noyau » de l’Union entreprend des réformes économiques en direction du capitalisme.  La Chine aussi, un pays poids lourd du bloc de l’Est, entreprend des réformes économiques très profondes en direction de l’économie de marché.

  1. La « victoire » du Capitalisme sur le Socialisme, celle des pays de l’Occident sur les pays de l’Est, semble totale. La guerre des idéologies est remportée par les pays Occidentaux. Le grand philosophe, économiste Américain Francis Fukumaya, écrit un article très célèbre intitulé « La fin de l’histoire », puis un livre « La fin de l’histoire et le dernier homme »,1992 édition Macmillan Inc, New York, édition française présentée par Hubert Vedrine, Flammarion mars 2018.

Les pays Occidentaux jubilent, ils pensent maintenant avoir devant eux le boulevard pour imposer au reste du monde :

  • leur modèle de démocratie libérale,  leurs cultures et les valeurs sociales.
  • bref leur mode de vie,

La guerre semble finie, à défaut de combattants. L’hégémonie occidentale règne sur la planète. Tu acceptes ou on te casse la gueule. Et pourtant tout ne semble pas encore gagné.

  1. Les valeurs unanimement acceptées à l’échelle mondiale comme socles du développement économique et social sont : la technologie et l’interdépendance économique des pays.

Tous les pays construisent des modèles en les adaptant à leurs cultures. L’Afrique ne doit pas être en reste au risque de se voir imposer encore tous les déshydratas des Occidentaux qui l’ont martyrisé pendant des siècles.

Il ne fait aucun doute, qu’on ne construit pas un modèle comme si l’on démolissait un vieux bâtiment pour le remplacer par un autre. Non seulement il requiert du temps, et il pourrait y avoir des modèles par secteur comme le modèle de développement agricole, le modèle d’enseignement qui produira le type d’Homme Africain souhaité, le modèle d’industrialisation, le modèle d’aménagement du territoire offrant des infrastructures adéquates, le modèle de pyramide de santé, etc. 

  1. Par contre, les peuples tiennent absolument à leurs cultures, leurs valeurs, en somme tout ce qui fait leurs identités. Ils refusent la prétendue universalité des valeurs occidentales.

Ainsi la gestion du pouvoir par la démocratie libérale, le suffrage universel direct  n’est pas acceptée par tous les pays du monde, notamment des grands pays comme la Chine, la Corée du nord, l’Iran, les Monarchies du Golfe, des pays de l’Amérique latine comme Cuba, Venezuela, des pays de l’Asie et bien entendu les pays Africains qui, de plus en plus refusent l’ingérence politique et la condamne fermement.

Des valeurs sociales propres à l’occident comme : « l’homosexualité et le mariage pour tous » sont catégoriquement refusés par plus de pays qui, au-delà du rejet, les condamnent que ceux qui les tolèrent.

Le rejet avec violence de l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires, la pénalisation de l’homosexualité dans certains pays sont autant d’illustrations que les Africains tiennent à leurs identités.

III – LA NECESSITE D’UN « MODELE AFRICAIN DE GESTION DU POUVOIR ».

  1. Nul ne doute que la culture est le socle du développement économique et social.

L’Afrique doit concevoir ses propres modèles notamment en matière politique et économique, si elle tient à préserver son identité.

On pourrait affirmer sans grand risque d’être démenti que le monde serait, probablement plus en paix, en tout cas irait beaucoup mieux, si les occidentaux pouvaient arrêter « l’exportation de leur modèle de démocratie et leurs valeurs sociales ».

Mais ils ne peuvent pas, puisque l’ingérence politique et la colonisation culturelle sont des armes efficaces de domination et d’accès aux ressources.

Dans un tel contexte, il ne reste plus à l’Afrique qu’à concevoir son « modèle de gestion du pouvoir ».

  1. Les Africains jusque-là perméables à tout et consommateurs tous azimut de tout ce qu’on leur proposait commencent à se réveiller pour dire haut et fort, en filigrane, « nous sommes prêts à tout partenariat économique, mais sans ingérence politique, ni atteinte à notre culture, à nos valeurs ». D’ailleurs c’est ce qu’ont toujours fait les monarchies du Golfe et d’autres grands pays. Mais on ne rejette des propositions qu’avec des contrepropositions. Les pays Africains n’avaient pas beaucoup de propositions en mains, surtout qu’ils étaient convaincus qu’ils sont tellement pauvres qu’ils ont besoin de sauveteurs. Des réflexions sont engagées, partout sur le continent pour trouver des « voies d’accès et de gestion » du pouvoir du politique.
  2. Le suffrage universel direct comme mode de désignation des dirigeants ne semble pas adapter aux réalités Africaines : des pays multi-ethniques, à plusieurs régions et sans masses critiques d’instruits capables de discernement.

Dans ces genres de situations, il serait préférable que chaque région élise ses représentants, qui vont élire à leur tour les représentants nationaux.

Un Conseil Républicain à “présidence tournante” serait ainsi mis en place. Tel n’est-il pas le cas dans des pays comme la Suisse et ses cantons, l’Italie, la Belgique, la Chine  avec ses modes de désignation des dirigeants à trois étages et mêmes les Etats Unis où les populations élisent des « grands électeurs » qui élisent à leur tour le Président ?  Il est permis d’espérer que des spécialistes en Droit Constitutionnel des pays du continent seraient en train de proposer autre chose beaucoup plus adaptée aux réalités historiques et culturelles des pays.

On ne doit pas avoir peur d’être traité d’anticonformiste : plus on est bien formaté, conformiste, docile, aligné, etc., moins on changerait de choses et moins on serait utile à nos pays, à notre continent.

  1. Tout modèle qu’il soit politique ou économique a besoin de temps pour produire ses effets, des résultats. Ce sont les résultats obtenus au fil des épreuves du temps qui permettent d’évaluer la pertinence d’un modèle. Les inadaptabilités et autres insuffisances relevées sont corrigées pour le consolider.

C’est dire que le temps est un allié incontournable et toute projection dans le temps exige la stabilité, la paix. Il est désormais établi que la paix est une donnée incontournable, une variable de l’équation du développement.

  1. Les pères des indépendances n’avaient-ils pas bien vu cela en créant en 1963, une Organisation qui a pour vocation d’œuvrer pour la paix et l’unité du continent ? Soixante (60) années après la création de l’OUA, une Organisation régionale, la Cédéao créée en 1975 pour promouvoir la paix par le développement économique et social en Afrique de l’Ouest, crée une « armée en attente » pour attaquer un pays membre, après avoir infligé aux populations des sanctions et des embargos les plus inhumains.
  2. Quelle attitude belliqueuse, de va-t’en guerre !! Comme si les envahisseurs n’avaient pas assez fait avec l’esclavage et la colonisation, des Africains passent à l’action contre leurs frères et sœurs. Nous avons tellement compris la théorie de « guerre chirurgicale (faire la guerre en choisissant les morts) de l’occident » que les

Dirigeants de la Cédéao croient qu’ils peuvent atteindre les Dirigeants d’un pays par des embargos tout en évitant de faire souffrir les populations.

Quelle aubaine pour les envahisseurs, au moment où des Intellectuels toutes races confondues de par le monde, demandent des « réparations à l’occident » pour l’Afrique ? Est-ce que les envahisseurs pouvaient espérer mieux que cela ?

  1. Pourtant la Cédéao dispose outre ses propres instruments, de nombreux

Instruments régionaux de prévention, de règlements des conflits, ceux de l’Union Africaine et même la Charte du Mandé ou de Kouroukan Fouga, citée comme « instrument endogène ». Tous privilégient l’anticipation des conflits et des méthodes pacifiques de résolutions.

Ensuite la mise en œuvre de la « Coopération universitaire et scientifique » par des échanges d’étudiants devrait permettre aux populations de l’espace de se connaitre pour plus de brassage et d’intégration.

  1. Pourquoi au lieu de recourir à ces instruments pacifiques, la Cédéao tend à privilégier les sanctions, l’usage de la force et les guerres tout en sachant les conséquences incalculables : des milliers de morts, des orphelins, des mutilés, des refugiés, des destructions économiques, la désolation ? Quelle belle méthode de promotion de la paix ?

Ce faisant, la Cédéao, sensée renforcée l’unité africaine par le développement économique et social, s’inscrit, de façon regrettable, en contre-courant des idéaux des pères fondateurs de l’OUA. Impuissants, beaucoup d’entre eux se tourneront dans leurs tombes pour regarder ces Présidents et Dirigeants communautaires aux services d’autres causes que la paix et le bonheur des filles et des fils du continent.

IV – LE SYSTEME CAPITALISTE SERAIT-IL A BOUT DE SOUFLE ?

  1. Depuis plusieurs années, le monde traverse une grande crise économique. Comme le capitalisme semble être le seul système économique grâce à sa « victoire sur le socialisme », ses tares et insuffisances apparaissent progressivement. Le système serait – il à bout de souffle ?
  2. En effet, la spéculation financière a atteint des records avec des milliers de milliards de Dollars et d’Euros fabriqués au moyen de l’usage de la « planche à billets », pour empêcher l’effondrement des banques lors des crises financières et celui de toute l’économie lors des crises sanitaires, dont dernièrement le Covid-19.

La masse d’argent fabriquée dans les grands pays capitalistes serait bien à des multiples supérieure, selon de nombreux spécialistes, à la valeur de l’économie réelle, celle des biens et des services, créant ainsi une « bulle financière ».

Une bulle est comparable à un caoutchouc gonflé. Cette bulle pourrait – elle éclatée ou pas ? Au cas, où elle éclaterait, quand est-ce-que cela se produirait et où se situerait l’épicentre ?   

  1. Ensuite le système devient de plus en plus inhumain. Le Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz, a alerté dans son livre « La grande désillusion », paru aux éditions Fayard 2002, « La mondialisation, ça ne marche pas ni pour les pauvres, ni pour l’environnement, ni pour la stabilité de l’économie mondiale ».

Selon un Rapport d’étude en 2020 de l’ONG International Oxfam, intitulé « La loi des plus riches », le nombre de millionnaires en dollar en 2022 est estimé à 59 millions 400 mille personnes sur une population du monde estimée à près de 6 000 millions, autrement dit 6 milliards de personnes.

Selon toujours le même Rapport, les 1 % des plus riches, c’est-à-dire environ 6 millions de personnes (59 400 000 x1 %) détiennent plus de 60 % des richesses mondiales. Des crises de grandes ampleurs éclatent de temps en temps dans des pays développés.

  1. A quoi servent des grands chiffres affichés par une économie alors que des millions de personnes vivent dans la misère : sans logement, sans assistance médicale, etc. Le système n’arrive pas à résorber le chômage qui est devenu un fléau mondial, la pauvreté gagne du terrain. Des diagnostics pertinents sont faits par des sommités de l’économie, des finances, des sciences de gestion et sociales dans des ouvrages dont on cite entre autres :
    • Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel, « Quand le capitalisme perd la tête », 2002, Edition Fayard,
    • Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel, « La grande désillusion», 2002, Edition Fayard, On pourrait faire un résumé de ce livre comme suit : le Prix Nobel d’économie, ancien Responsable à la Banque mondiale, ancien Conseiller spécial du Président Bill Clinton, appelle les pays sous-développés à ouvrir les yeux et cesser de rêver. Au diagnostic actuel, les Institutions de Breton Woods ne feraient jamais leur développement.
    • « Le livre noir du communisme, Crimes, terreur, répression » paru en 1997 aux éditions Robert Laffont. Ecrit par un collectif de 06 auteurs de différents pays, c’est un ouvrage qui essaie de faire un bilan du communisme à l’occasion du 80ème anniversaire de la révolution russe de 1917.
    • Jean Ziegler « Le livre noir du capitalisme » 1998, éditions Terre des cerises. C’est un ouvrage collectif écrit par 16 auteurs sous la direction de Jean Ziegler « Il aborde beaucoup de problèmes mondiaux, de la Traite des Noirs à la mondialisation financière ».
    • Laurin Lamothe, F. Legault, S. Tremblay-Pepin, « Construire l’économie post-capitaliste », 2023 Lux éditeur Québec,
    • C. Pauchant, « Adam Smith, l’antidote ultime au capitalisme, Sa théorie du capabilisme », 2023, Dunod Paris.
    • Giddens, T. Blair, « La Troisième Voie », 2002, Edition du Seuil, Paris VIème. L’ancien premier britannique, homme d’Etat, Tony Blair pense que, ni le capitalisme, ni le communisme ne feront le bonheur du monde. Il est urgent de trouver une « troisième voie » en tirant les leçons des deux premières.

De tout ce qui précède, il apparait clairement que des ajustements sont inévitables. Avertis des faiblesses du système et faisant siens les constats des diagnostics, des grands pays ont renforcé les outils et mécanismes de veille.

V – EN AFRIQUE, IL Y’AVAIT DES MODELES

  1. Autant d’alertes par de grands penseurs et connaisseurs du système qui militent en faveur des réflexions pour des modèles dans les pays Africains, prenant en compte l’histoire, la culture et la géographie du continent. L’Afrique de nos grands-parents et arrières grands parents n’était ni capitaliste, ni socialiste.

Faut-il attendre encore qu’ils viennent proposer les résultats de leurs travaux ? Et qu’on joue encore à la victimisation ?

Les pays du continent comptent, de nos jours, des millions de compétences dans tous les domaines du savoir et capables de prendre en mains le devenir du continent. Elles sont de plus en plus appuyées par des volontés politiques.

Dans les états major des ministères de l’économie et des finances, des Organisations continentales, des Instituts de recherche, dans les universités avec des milliers d’enseignants chercheurs, des équipes devraient être à pieds d’œuvres dans la réflexion. Il restera la confiance du pouvoir politique, sorte de visa sans lequel le modèle ne sera jamais mis en œuvre.

  1. Des modèles économiques ont pourtant existé au berceau de l’humanité. Des entretiens avec des personnes âgées, et dans un passé très récent au moment des indépendances, on pouvait observer chez beaucoup de communautés, ce qui suit :
  • Le Village ou la Communauté avait ses biens : champs, animaux, plantations et autres biens de la collectivité. Les produits de ces biens servaient à couvrir les dépenses du village ou de la communauté. Ils étaient suppléés par des appuis réclamés aux familles.
  • Chaque famille avait ses biens collectifs appartenant à la famille le « foroba » et les biens des membres de la famille, le « djon foro ». Le « foroba » servait à faire aux dépenses de la famille. Il était complété, aux besoins, par des biens des membres de la famille.

Le chômage était inexistant, la richesse d’un Village ou d’une Communauté était mesurée à la valeur de la richesse des familles.

  1. Pourrait-on dire, voici un nostalgique qui veut ramener le temps. Pourtant ce modèle pourrait être reproduit dans le contexte du Mali d’aujourd’hui avec la même architecture.
    • Les villages et les communautés sont remplacés par l’Administration centrale, (l’Etat) et les Collectivités décentralisées. Elles doivent reprendre l’économie en mains la création d’entreprises publiques et mixtes. Le pays doit reconstituer son tissu industriel par la création de sociétés d’Etat et la promotion de sociétés nationales.
    • Des « cahiers de charges économiques » doivent être donnés aux collectivités décentralisées avec des objectifs clairs.
    • La cellule familiale et les Unités privées demeurent le noyau économique de création de richesse du pays.

Dans cette architecture, la justice doit jouer pleinement son rôle de redresseur des torts, de sanctions exemplaires contre des délinquants financiers. La mauvaise gestion, avec à la clé, l’impunité explique en grande partie les dérives des Entreprises publiques.

Sans la prise en mains de l’économie par l’Etat notamment dans des secteurs jugés stratégiques, l’indépendance économique serait difficile à atteindre et la souveraineté nationale serait un idéal difficilement réalisable 

  1. Tout modèle repose sur deux facteurs clés de succès : des esprits pensants qui proposent et des leaders politiques ou Hommes d’état charismatiques qui croient et mettent en œuvre.

Tel a été le cas aux Etats Unis, lors de la grande crise de 1929. L’économiste John Maynard KEYNS, Conseiller spécial du Président propose sa solution de « politique budgétaire » au Président Franklin Delano Roosvelt (FDR) qui l’accepte et  met en place son Programme New Deal : la politique des grands chantiers. L’Amérique est tirée d’affaires.

  1. Sur le continent, au risque de choquer plus d’un, l’économiste Alassane Dramane Ouattara est comparable à J.M. Keyns. En effet, lors de la grande crise de la dette des années 86 /87, le Président Félix Houphouët Boigny lui fait appel, alors qu’il était Gouverneur de la Bcéao.

Nommé premier ministre, il propose ses solutions au Président Houphouët, qui les accepte, mêmes si certaines ont été jugées incompatibles avec la construction communautaire. Il les met en œuvre et redresse les comptes publics et depuis lors, il ne cesse d’impacter l’économie de la Cote d’Ivoire, qui se classe de nos dans les 15 premières économies du continent parmi 53 pays.

  1. Tout modèle se penche sur les mécanismes adéquats de financement de l’économie. La dette semble incontournable. L’endettement d’un pays est relativement complexe. Il est difficile d’en parler si on ne connait pas tous les paramètres notamment :
    • l’horizon, c’est-à-dire la durée de remboursement,
    • le montant total par rapport au Produit Intérieur Brut, c’est-à-dire la richesse annuellement créée par le pays, permettant son remboursement : c’est la « soutenabilité » de la dette.
    • le mode de remboursement : échéance unique à terme ou échéances étalées dans le temps.
    • le service de la dette : les taux d’intérêts qui peuvent être fixes ou variables,
    • les taux de change flottants pour l’endettement en monnaies étrangères,la répartition de la dette entre « dette intérieure » et « dette extérieure », d’une part et d’autre part, entre l’Etat, les Collectivités territoriales et le Secteur privé. Un pays pourrait s’endetter pour le rétrocéder aux Entreprises, aux Collectivités territoriales ou pour faire face à ses propres besoins, le financement du déficit d’un Budget de fonctionnement ou d’investissement.

L’endettement rétrocédé aux Entreprises ne fait pas peur. C’est un endettement productif, puisque les Entreprises produisent ou fabriquent, créent de la richesse, remboursent l’Etat, qui rembourse à son tour ses créanciers.

Il en est de même de l’endettement rétrocédé aux Collectivités, celles-ci remboursent l’Etat au moyen de la fiscalité locale, qui rembourse à son tour les prêteurs. Ce pourrait être aussi de l’endettement productif, puisqu’une municipalité pourrait s’endetter pour construire des centres d’animation, des routes « locales payantes ».

Par contre l’endettement de l’Etat lui-même pourrait faire très peur, surtout s’il a servi à financer le fonctionnement de l’Etat : salaires, frais généraux, etc. Il pourrait entrainer des augmentations d’impôts, droits et de taxes. Ce qui pourrait affecter sensiblement le pouvoir d’achats des populations. Cet endettement « non productif » porte les germes de crises sociales.

En conclusion, il appartient aux pays Africains de réfléchir à ce qui est bien pour eux. Personne ne le ferait à leurs places. Les spécialistes Occidentaux parlent beaucoup du « modèle de Singapour ». Ils ventent aussi le « modèle économique du Botswana » qui a pris appui sur l’utilisation judicieuse des produits de l’industrie du diamant, pour porter son développement. 

Le développement repose sur le postulat de base que le pays existe. Dans le contexte actuel de guerres contre le terrorisme que vivent les pays du Sahel, être aux côtés des forces armées de défense et de sécurité me parait un soutien moral important, un devoir de reconnaissance pour l’important l’effort fait pour le “recouvrement de l’entièreté” du territoire national. En effet, faut-il le rappeler de 2013 à 2023, soit pendant 10 ans, le « Mali un et indivisible » était presque un vain slogan, une fiction, le pays était divisé de fait. 

Les immenses informations et faits dévoilés à la suite de la prise de Kidal pendant la bataille du 10 au 14 novembre 2023 : exploitations minières, constructions de centaines de magasins, et autres investissements, les escalades diplomatique, politique et militaire avec l’Algérie sont des faits significatifs illustrant que des avancées étaient faites en vue de la partition de notre pays. 

Bien entendu, la victoire n’est pas totale et les combats pourraient continuer longtemps, mais des millions de Maliennes et Maliens apprécient fièrement le fait qu’aucune partie de leur pays ne leur est plus interdite.

Enfin, les ruptures en cours offrent l’opportunité pour les pays de trouver par eux – mêmes leurs voies. Les pays sont en train de tourner le dos à l’assistanat des soi-disant sauveteurs, qui les ont maintenus à l’état végétatif depuis plus de 60 ans. Il faut donc une économie endogène forte  pour survivre. Comme on ne fuit pas un coupeur de pieds pour se confier à un coupeur de mains, au risque de ne pas échapper à la mutilation, il s’agit d’être vigilant et de ne pas donner de blanc-seing en contrepartie de la « protection ». 

Ambitionnant d’envisager notre développement aux moyens de partenariats « gagnants – gagnants » avec tous les pays du monde, il s’agira d’identifier, ce qui est acceptable pour nos pays et ce qui ne l’est pas. En somme il s’agira de construire des partenariats basés sur nos modèles.

Siné Diarra

Expert –Comptable, Essayiste 

Bamako – Mali 

 Références bibliographiques 

  1. Fukuyama, « La fin de l’histoire et le dernier homme », 1992, édition Mcmillan Inc, New York, édition française présentée par Hubert Vedrine, Flammarion 2018,
  2. ONG Oxfam, Rapport d’étude « Loi des plus riches », 2020.
  3. Traité révisé de Cotonou de juillet 1993
  4. Commission de la Cédéao, « Instruments et mécanismes régionaux de gouvernance endogène et de prévention des conflits » février 2009.
  5. Diarra, « Le capitalisme aux abois, parce qu’il n’y aura plus de nouvel âge d’or », Les Echos Hebdo N°1692 » et dans le journal en ligne « Malikilé N°1173 » du 02 septembre 2022
  6. Mali Tribune
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