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Trois questions au maire elu de la commune I du district de Bamako : « Il faut que le changement se sente dans les 100 jours qui suivront notre installation»

Dans une interview exclusive qu’il a nous a accordée, le Maire fraichement élu de la commune I du District, Mamadou Kéita, revient sur la marque qu’il entend imprimer à la commune, ses forces et le rôle de la population dans la gestion de la municipalité.

interview exclusive logo ecriture

L’Observatoire : Quelle marque entendez-vous imprimer à la commune I, une fois installé ?

Mamadou Kéita : Le changement qualitatif et non un remplacement. Les gens ont voté parce qu’ils  ont des problèmes, parce que la commune a des problèmes. Je serai le maire de tout le monde, sans discrimination aucune, sans distinction de race, de sexe ou de bord politique.

Malgré nos convergences et nos divergences, il faut qu’on se mette d’accord pour que la commune aille de l’avant. La commune a besoin d’une autre manière de se gérer. Je ne dis pas que ceux qui étaient là depuis  10 ans n’ont rien fait. Bien au contraire. Nous allons à la mairie de la commune pour améliorer l’existence et y ajouter d’autres choses pour qu’elle se porte mieux.

Le changement qualitatif que les gens attendent est plus fort que les problèmes politiques. Aujourd’hui, la commune a faim, elle a soif, elle est malade, elle a besoin de routes et d’écoles. Les jeunes ont besoin d’être employés, il y a la crise d’emplois.

Mes priorités sont connues et seront un succès. C’est d’abord l’assainissement. La commune est sale, nous allons prendre toutes les dispositions nécessaires. Nous avons des bras valides pour nettoyer vraiment cette commune.

Ensuite, il y a des problèmes d’adduction d’eau. Il faut dès à présent, commencer à creuser des puits, des forages et des fontaines d’eau partout dans la commune pour pouvoir pallier au problème d’eau qui sévit cruellement dans la commune.

Quant à l’insécurité, elle est criarde. Il n’y a pas de jour où on n’entend un coup de pétard ou le vol de moto. Ainsi, mon intention est de recruter  au moins 500, 600 voire 1000 jeunes pour constituer la police municipale. Dans ce corps, il y aura des pompiers, donc la police de secours, pourquoi pas des agents sanitaires pour veiller sur l’environnement.

Il y a également le problème d’école. Il faut rapprocher les enseignants des écoles afin qu’ils donnent un enseignement de qualité aux enfants. Ces enfants qui doivent être protégés, suivis non seulement par les parents, mais aussi par la commune. Nous avons des responsabilités vis-à-vis de ces enfants, qui ne sont pas les seuls scolarisables. Il y a également les enfants de la rue ou abandonnés, il faut qu’on en s’occupe. Moi J’ai aujourd’hui 100 gosses dans mon école, qui n’ont ni père, ni mère et même les deux et que j’entretiens. C’est des enfants de 7 à 12 ans.

J’ai aussi construit une clinique privée à Moribabougou. Pourquoi là ? Parce qu’un jour, je revenais d’une mission, j’ai vu un monsieur dans une charrette et sa femme qui devait accoucher. Les deux pleuraient. J’ai emmené la femme à un endroit qui n’est pas loin du goudron, à peine, elle a accouché devant moi. Cela m’a très marqué.

Là, je me suis dit qu’il faut faire quelque chose pour cette commune-là. J’ai construit une clinique qui s’appelle Mandé Keneyaso, sur la route du champ de Modibo Kéita, et qui fait aujourd’hui la fierté de cette commune rurale.

En commune I, j’ai également créé un GIE de ramassage des ordures. Cela m’avait permis d’embaucher 40 jeunes qui étaient au chômage. Certains sont diplômés, d’autres non. Mais Dieu merci, les salaires qui varient de 50.000 à 100.000 FCFA ont permis de réduire les souffrances des parents, surtout des personnes âgées.

Mon université qui est là aujourd’hui, la moins chère du Mali, mon lycée qui a permis de récupérer 400 jeunes redoublants du BAC, sont une occasion encore pour récupérer davantage les jeunes.

Les élections sont terminées, la récréation est terminée. On est ensemble, Keïta est un grand démocrate, il est ouvert à tout le monde. Je fais appel à toutes les compétences parce que j’ai une obligation de réussite. Qu’on soit homme ou femme, on mettra l’homme ou la femme qu’il faut. Il n’y a plus d’état d’âme, il n’y a plus de temps à perdre.

Les jeunes attendent, les parents attendent et le pays attend. Bientôt les élections présidentielles et législatives, je dois les préparer au nom de mon parti RPM. Pour ça, il faut être clair. Je le répète, nous allons à la mairie pour un changement, mais qualitatif, qui va dans le sens du progrès pour faire bouger les lignes. Nous ne sommes contre personne, je ne suis pas là pour un règlement de compte, je n’ai pas ce temps. Je ne veux pas m’engouffrer dans le problème du foncier, je n’en veux pas.

Si on me donne 10 terrains, je les donnerais prioritairement à ceux qui en ont vraiment besoin. Il est hors de question que je donne un terrain à quelqu’un qui en a 10 au moment où un autre n’en a aucune. Je raisonne comme ça, ce n’est pas méchant, je ne suis contre personne, nous allons pour apporter des changements partout. Il faut que ce changement se sente dans les 100 jours qui suivront notre installation.

Ma porte sera grandement ouverte à la presse. Sans critique, on ne peut pas évoluer.

Quelles sont les forces sur lesquelles vous pouvez compter aujourd’hui pour mener à bien votre mission ?

J’ai des partenaires canadiens. Avant-hier, il y a un partenaire canadien qui m’a offert 10 forages que j’ai emmenés à la mairie. Parait-il qu’il y a une facture d’eau là-bas. J’attends que je sois investi pour agir. Les dix forages seront donnés gratuitement à la population qui en souffre.

J’ai aussi des Chinois comme partenaires. Mon propre fils est maire en France, je peux avoir des camions pour ramasser des ordures, des matériels pour les centres de santé. J’ai déjà fait un début de choses, j’ai déjà un acquis.

J’ai même des partenaires en commune I. J’ai fait un constat, la commune I est la commune la plus riche de Bamako. La plus riche parce le petit recensement que j’ai fait m’a permis de savoir que tous les riches de Bamako, tous les richards de Bamako, les hommes les plus aisés à Bamako résident en commune I.

Même s’ils prennent leur retraite ailleurs, ils viennent chez nous. Mais par contre, nous avons la commune la plus pauvre. A Banconi par exemple, c’est là où nous avons les gens les plus démunis en commune I. Donc il y a un gros contraste qu’il faut combler. J’ai dit à un riche que j’ai rencontré qu’eux qui sont riches doivent nous aider à construire des marchés, des routes ou des hôpitaux que je baptiserai en leurs noms, que je n’ai pas besoin de prendre leur argent en main. Je lui ai bien signifié que c’est le sens du partage, ce que Dieu t’a donné, partage-le avec les autres.

Votre message à la population de la commune I ?

J’appelle la population à la mobilisation. Une population qui doit comprendre que Kéita est le Maire de tout le monde, qu’il l’ait voté ou pas, car le problème d’eau, d’électricité, d’assainissement, d’insécurité et autres que vit la commune concerne tout le monde. La récréation est terminée, maintenant c’est le développement qui nous préoccupe et que nous devons amorcer pour le bonheur de la commune. Si Dieu me prête vie, pourquoi ne pas créer une radio, une télévision communale ?

Réalisé par Cyril ADOHOUN

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