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Trois questions à Makan Konaté, président du collectif des patriotes (COPA) : «Nous remettons en cause la Commission dialogue et réconciliation et nous demandons rapidement au Président Dioncounda de revoir sa copie»

Le Prétoire : Après la mise en place de la Commission dialogue et réconciliation, quelle analyse  en faites-vous ?  

Makan-Konate-copaAu Collectif des patriotes, nous pensons que cette mise en place a été faite de façon active et une grande réflexion n’a pas été menée quant à la composition de cette Commission. D’abord, le président qui a été nommé à la tête de cette structure, Mohamed Salia Soukouna, a été ministre de la Défense du Mali sous le régime d’Alpha et c’est lui qui a négocié avec les rebelles le Pacte national. Et dans ce pacte national, il était question d’un retrait massif et progressif des militaires dans la région de Kidal afin que l’administration soit gérée dans cette région par les Touaregs.

Dans ce même Pacte national, il a été dit également, que pour qu’il y ait une meilleure consolidation de la paix, il fallait bruler les armes. Toutes les armes qui ont été brulées sont des armes appartenant à l’armée malienne. Donc, l’armée malienne a été progressivement démunie de ses moyens de combat. L’homme qui était là ce jour là, en tant que ministre de la Défense, Mohamed Salia Soukouna, revient comme président de la Commission dialogue et réconciliation. Nous pensons qu’il ne devrait pas être là. Il a été ambassadeur du Mali en France et dans plusieurs pays. Mais, quel a été l’impact de ces activités sur la diaspora et sur le Mali ? Nous n’en connaissons aucun.

Ce qui revient à dire que nous pensons qu’il ne devrait pas être là. En ce qui concerne la première vice présidente, Oumou Touré de la Cafo, nous n’avons pas beaucoup de choses à dire. Mais, le deuxième vice Président  est un Touareg. Et ce que les gens ne savent pas, c’est que la fille de ce colonel de la douane est mariée à un haut responsable du Mnla qui passe tout son temps à insulter les autorités maliennes et l’armée de notre pays. Est-ce qu’on peut parler véritablement de réconciliation dans ce cas ? Non je ne pense pas. Aussi, la femme par laquelle le coup d’Etat est intervenu, la première femme à se mobiliser avec d’autres pour aller demander des explications à Att parce que les enfants sont en train de mourir au Nord, cette femme-là, Madame Keïta Djénéba Keïta, ne figure pas parmi les membres de la Commission. Pourquoi n’est-elle pas présente aujourd’hui, alors que c’est elle qui a été la première à dénoncer et aussi la première à défendre l’armée nationale ? Aujourd’hui, elle est la présidente de l’Association des femmes militaires veuves de Kati.

Est-ce que, dans ces conditions, on peut parler réellement de réconciliation ?  Nous pensons que ce n’est pas possible. Et c’est pourquoi nous remettons en cause cette Commission et nous demandons rapidement au Président Dioncounda de revoir sa copie. Parce qu’au rythme où nous sommes en train d’aller, nous avons de fortes craintes que cette Commission puisse travailler de façon correcte. Si tel est le cas également, le Collectif des patriotes est prêt à s’opposer et à dénoncer pour que la copie puisse être revue, dans l’intérêt de l’unité nationale au Mali.

 Quelle lecture faites-vous de l’affaire de la police et particulièrement le cas de Siméon Keita ?

Le cas de la police est un problème complexe. Présentement, il y a deux syndicats dont le plus connu est dirigé par Siméon Keïta. Il y a des désagréments et finalement des coups de feu. Aussi, il y a eu des blessés et un mort. Nous pensons que ce n’est pas une bonne chose. D’abord pour l’image même de la police malienne. Ensuite, ce n’est pas une bonne chose pour le respect des forces armées et de sécurité des pays voisins qui sont là aujourd’hui pour défendre le Mali dans la reconquête de notre territoire. Et aussi, ce n’est pas une bonne chose pour les populations qui sont aux alentours du Groupement mobile de sécurité (Gms). Parce que quand il y a conflit accompagné de coups de feu, des balles perdues peuvent aller n’importe comment et n’importe où. C’est la sécurité des populations qui est mise en cause. Donc, nous nous estimons que les plus hautes autorités et les responsables en charge de la police doivent être fermes pour que la discipline soit respectée et que les coupables soient punis, conformément à la loi. Nous pensons également qu’il est temps de revoir la situation de la police. Est-ce qu’il faut remilitariser la police ? Est-ce qu’il faut maintenir leur statut paramilitaire ? Nous pensons qu’il faut supprimer les syndicats au niveau de la police jusqu’à nouvel ordre, en attendant que des dispositions soient prises pour permettre à la police d’aller sur une nouvelle base.  Aujourd’hui, la police n’a pas une bonne image et les gens se plaignent à longueur de journées. Il est temps de donner à la police la place qu’elle mérite. Et cela ne peut se faire que de par la fermeté des autorités.

 Que pensez-vous du marché des véhicules de l’armée et qui a été annulé finalement par le Premier ministre ?

D’après les autorités, l’armée malienne n’arrive pas à accéder aux zones de combat, notamment à Kidal, par manque de moyen roulant notamment des pickups. C’est dans ce sens qu’une commande avait été lancée par le président de l’Autorité chargée de la régulation des télécommunications et postes, Choguel K. Maïga, qui de commun accord avec la Direction générale des marchés publics, avaient voulu acheter des pickups et d’autres matériels  pour l’armée. Mais aussi, en commun accord également avec un opérateur économique malien. Nous insistons là-dessus, en affirmant que quand les opérateurs économiques maliens ont la possibilité de ravitailler notre pays en quoi que ce soit, il faut les encourager. C’est une question de patriotisme. Ce travail avait été fait dans un premier temps par le Dr Choguel K. Maïga. Mais, par la suite, le Premier ministre a bloqué cet argent estimant qu’il revient à l’Etat de diligenter cette affaire. A ce jour, notre armée reste bloquée dans la mesure où les commandes ne sont pas parvenues. L’opérateur qui devait ravitailler l’armée, du nom de Babouya Sylla,  a des problèmes avec ses partenaires hollandais, parce qu’il est allé signer un engagement avec eux pour la fourniture de ces véhicules et ces derniers avaient pris toutes les dispositions nécessaires.

Et maintenant que le marché est bloqué, Babouya Sylla va devoir rendre compte à son fournisseur hollandais. Donc, nous pensons que c’est lui créer des problèmes. Mais aussi, c’est une question d’argent. Au niveau du Collectif des patriotes, nous nous disons qu’il faut aller au-delà de tout cela. Que l’armée malienne puisse être ravitaillée le plus rapidement possible en matériel roulant pour qu’elle puisse aller combattre à Kidal. Mais, qu’on vienne nous bloquer pour une querelle d’argent, c’est inadmissible. Que tous ceux qui sont impliqués dans cette histoire se retirent. Et nous apprenons par-ci et par-là, que les éléments de Kati ont reçu de l’argent. Nous apprenons que le montant qui était déposé dans un compte n’atteint même pas 8, 9 milliards Fcfa. Qu’il s’agirait à peu près de 4 milliards Fcfa. On se pose la question de savoir alors qui a pris cet argent? Pourquoi la somme est incomplète ? Quels sont aussi les responsables qui ont pris les pots de vin dans cette affaire ? Si c’est les gens de Kati qui sont impliqués, qu’on nous le dise. Et qu’ils nous remboursent. Aussi, si c’est le Dr K. Maïga qui a touché a une partie de l’argent, qu’il nous explique ce qu’il en a fait. Si c’est le Premier ministre qui y a touché également, qu’on nous dise la vérité. Qu’on nous dise la vérité afin de prendre des dispositions pour le ravitaillement de l’armée. La meilleure solution pour nous, c’est de solliciter la Direction générale des marchés publics, pour qu’il y ait un avis d’appel d’offre dans le cadre du respect strict des lois et que le plus méritant l’emporte.

Propos recueillis par

Ibrahim M.GUEYE

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