Au Mali, il faut se parler. Cela est d’autant plus nécessaire dans un contexte de contestation légitime. Ce 11 Septembre, date historique pour certains pays, l’est aussi pour la cité des 333 Saints, Tombouctou. Une délégation gouvernementale, composée du Ministre de la communication, Yaya Sangaré, de son homologue des Infrastructures et de l’Equipement, Seynabou Diop et du Ministre du dialogue social, Oumar Hamadoun Dicko, a atterri ce Mercredi matin aux environs de 09h37 minutes à l’aéroport de Tombouctou.
Sur place, les jeunes et une foule nombreuse et déterminée attendaient leurs hôtes accompagnés d’une forte délégation.Les populations massivement sorties, toutes couches confondues, ont applaudi leurs leaders et les membres de la délégation gouvernementale.
Une tante est symbolique au Mali. Elle renvoie à l’idée d’échanges et de discussions. Au cœur de ce rapprochement, Amadou Dagamaissa, un communicateur traditionnel qui s’est investi depuis quelques jours auprès des jeunes afin que le dialogue prévale.
Sous les yeux des populations, isolés sous une tribune décorée aux couleurs du Mali, seuls les ministres, les leaders de jeunes, Dagamaissa et un responsable de la force onusienne ont assisté aux rounds de négociations dont l’objectif était de parvenir à une sortie de crise. Des membres du cabinet du Premier Ministre ont aussi observé à ces échanges entre autorités et citoyens aux revendications légitimes.
Les points mis dans la balance sont entre autres, la reprise des travaux de la route Gomacoura-Léré-Niafunké-Tombouctou. Le gouvernement, pour encore montrer sa bonne foi et rassurer la population fortement mobilisée, a promis qu’il ferait tout pour les travaux reprennent d’ici le 25 Novembre 2019.
Les jeunes ont aussi souhaité que soient subventionnés les petits bateaux dont les tarifs (Mopti-Tombouctou) coutent présentement 40.000FCFA. Également, la subvention d’un vol commercial Bamako-Tombouctou-Bamako. La traversée des véhicules au niveau du fleuve a suscité une autre doléance de la population qui a sollicité qu’un BAC supplémentaire leur soit donné.
Le domaine sanitaire connaissant des difficultés graves, les jeunes ont demandé aux ministres de la délégation le relèvement du plateau technique de l’hôpital régional. Enfin, la programmation de la route Tombouctou-Taoudénit et la réhabilitation du tronçon Kabara-Koriomé constituent d’autres doléances que l’équipe de négociateurs gouvernementaux a notées avec intérêt.
Respectant leur premier engagement, les jeunes ont aussitôt, après la signature du document, dégagé leur blocus sous les yeux des ministres comblés et de populations aux clameurs jubilatoires. Les premiers mots d’Ibrahim Adiawiakoye sont ceux d’une jeunesse sentinelle et engagée : « au Mali, dorénavant, il sera dit partout que la jeunesse peut revendiquer dans le pacifisme et obtenir gain de cause sans jeter une pierre, sans insulter ou frapper quiconque. C’est ce que l’histoire retiendra ce 11 Septembre à Tombouctou. »
Le porte-parole du gouvernement Yaya Sangaré a salué une nouvelle fois la méthode des jeunes et réaffirmé que le gouvernement respectera les engagements qu’il a pris : « l’espoir est permis. Chaque fois que les maliens ont accepté de se parler, nous avons abouti à un accord. Ce que les jeunes du collectif ont revendiqué, ils l’ont revendiqué au nom de l’ensemble des maliens. Nous avons compris leurs revendications et nous les remercions pour la méthode qui a été utilisée pour le dialogue. »
Ces discussions se sont déroulées sous une tribune avec une dizaine de personnes. A la fin des négociations, la population a adhéré aux propositions et aux engagements du gouvernement. Elle a acclamé ses représentants avant de procéder à la levée du blocus. L’atmosphère est aussitôt et l’hospitalité et la considération du collectif n’a pas laissé la délégation indifférente. « Vous nous avez respectés, vous avez respecté le gouvernement. Cela ne nous étonne pas, vous l’avez fait pour le Mali. » a lancé le représentant du Recotrade, Amadou Dagamaissa aux leaders, avec à leur tête, leur président Ibrahim Adiawiakoye.
La délégation qui devrait continuer sur Gao a finalement reporté son déplacement en raison du mauvais temps mais aussi de la situation tendue lancée par les jeunes pour aussi se faire entendre. Déjà, selon nos sources d’informations, des membres de la délégation ont longuement échangé avec les responsables de la jeunesse de Gao. C’est surtout le Directeur Général du FAFPA, Mohamed Albachar Touré s’est impliqué à l’insu de la délégation et qui a d’ailleurs failli manquer le décollage à Tombouctou. Ce jeudi, les ministres tenteront de requérir et discuter les doléances des jeunes de la cité des Askia.
Source: Figaro du Mali