Madame Djeneba N’diaye et Messieurs Cheick Harouna Sankaré et Mamadou Traoré sont tous candidats pour la première fois à l’élection du Président de la République, qui se tient ce 29 juillet 2018. S’ils ne figurent pas parmi les favoris, leurs candidatures n’en suscitent pas moins l’intérêt. Car même si elles restent symboliques, elles représentent néanmoins certains espoirs.
« Avoir la volonté de briguer la magistrature suprême, cela veut dire que l’on a des projets, que l’on a de l’amour pour le pays. De la part d’un jeune c’est encore mieux », se réjouit Adama Bengoro Coulibaly, Président du collectif des jeunes de Bozola et Secrétaire général du Conseil National des Jeunes (CNJ) de la commune II. Jugée audacieuse, la candidature de Mamadou Traoiré est néanmoins à encourager, selon lui. Servir d’exemple et surtout impulser une dynamique positive pour la représentativité des jeunes, c’est aussi ce qu’attendent certains de M. Mamadou Traoré, 37 ans, le plus jeune des 24 candidats. Il ne s’agit cependant pas d’un conflit de génération, souligne M. Coulibaly. « Le pays a besoin d’un homme responsable, qu’il soit jeune ou pas ». Regrettant que les jeunes n’aient pas encore pris conscience du rôle qu’ils peuvent jouer, il les invite à refuser de se faire manipuler. Mais il faut « une rééducation politique », grâce notamment à l’implication de « l’ancienne génération, qui doit aux jeunes la somme de ses expériences ».
Une candidature salutaire et un motif de « fierté » pour M. Abdoul Karim Maïga, chargé de communication au CNJ. Une telle prise de décision suppose, selon lui, que les « jeunes commencent à comprendre qu’ils doivent se positionner pour la relève et ont leur mot à dire ». L’occasion pour l’organisation d’encourager d’autres jeunes à la candidature pour les futures échéances. Pour mieux faire prendre en compte leurs préoccupations et permettre aux jeunes de choisir en toute connaissance de cause, les responsables du CNJ ont entrepris de rencontrer différentes autorités et souhaitent aussi échanger avec les différents candidats, afin que les jeunes aient connaissance de leurs projets.
Des attentes nombreuses
Engagées dans la même démarche, les femmes aussi ont envie de faire entendre leur voix. Que cela passe par la seule femme candidate à la présidentielle du 29 juillet ou pas. Car l’objectif n’est pas tant d’avoir une candidature féminine, mais un candidat qui fait siennes les priorités des femmes, désormais inscrites dans un agenda harmonisé. Pour assurer une meilleure mise en œuvre des projets qui veulent rehausser la participation des femmes au processus électoral, le ministère en charge de la Promotion féminine les a « fédérés », afin qu’ils constituent « un agenda harmonisé », explique Madame Diallo Mama Diarra, la Directrice du Centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant (CNDIFE). Cet agenda est un recueil des priorités des femmes dans tous les domaines. Il sera soumis aux différents candidats et un engagement sera signé avec ceux qui les prennent en compte. Véritable outil de plaidoyer, il sera suggéré à ceux dont les programmes ne prennent pas en charge ces préoccupations. Les femmes pourront alors interpeller le candidat élu sur leur mise en œuvre.
Même si elle craint que cette candidature ne soit que de la figuration, Madame Diallo se félicite néanmoins qu’elle existe. « S’il n y avait aucune candidature féminine sur les 24, cela soulignerait davantage la sous-représentativité des femmes ».
Politique et religion, un duo incompatible?
Même si certains y voient une intrusion dangereuse, faire de la politique et être un leader religieux n’a rien de contradictoire, selon M. Youssouf Diagouraga, islamologue. Saluant la candidature du guide spirituel Cheick Harouna Sankaré, non moins maire de Ouenkoro, il y voit une démonstration de la maturité politique, puisque « la démocratie permet à chacun, quel que soit son bord politique et religieux, dans le cadre de la laïcité, de participer à l’élection présidentielle ».
Loin donc de représenter une menace pour la laïcité, cette candidature pourrait selon lui contribuer à sa consolidation. Puisque la laïcité est justement la possibilité donnée à chacun de pratiquer sa foi dans le respect de la loi. « Un religieux est d’abord un citoyen, et à ce titre autorisé à être électeur ou éligible », explique M. Diagouraga.
« Tous les candidats ont leurs convictions religieuses. C’est la République qui nous réunit », soutient l’islamologue. L’essentiel étant, qu’à l’instar des autres candidats, il puisse « servir le Mali dans sa diversité culturelle et religieuse », conclut-il.
Journal du mali