Des semaines durant, que de rumeurs, de supputations et de manipulations ont été semées sur le chemin que la jeunesse malienne empruntait, elle sereine, pour tenir son 5ème congrès à Bandiagara, fixé aux 27 et 28 novembre 2016. Quand une certaine classe politique s’évertue à fomenter cabales et querelles, à répandre sournoisement fausses informations et déclarations ambigües pour distiller l’intolérance, la méfiance, voire la haine ou la vengeance, cette certaine classe politique n’honore en rien sa mission première qui est de créer le mieux-vivre pour les populations en souffrance ! Soit une grande majorité de nos concitoyennes et concitoyens.
La jeunesse n’a pas et n’a jamais été dupe du jeu pervers organisé par cette certaine classe politique. Bien au contraire, elle a fait front uni et affiché son esprit fédérateur en se libérant des contraintes et pressions étrangères ou extérieures.
Au-delà des affrontements sur des idées et des orientations, ce qui est sain dans toute organisation démocratique, la jeunesse privilégie toujours la vérité du moment et légitime celles et ceux qu’elle estime compétents à lui forger un avenir sur un programme de vérité. Vérité de la situation, vérité des actions, vérité des moyens, vérité des engagements.
Élu à l’unanimité pour présider le CNJ Mali pour un deuxième mandat, je suis honoré de la confiance qui m’a été accordée et suis pleinement conscient des responsabilités qui m’incombent à nouveau pour faire grandir et réussir notre projet collectif.
Je me dois surtout de rendre un vibrant hommage, au-delà des remerciements chaleureux et sincères, à l’ensemble de mes camarades, venus enthousiastes et motivés à ce congrès de toutes nos régions et communes. Je salue aussi la mémoire du jeune ALFOUSSEYNI TOURE qui est tombé sous les coups de lâches. Plus aucun jeune ne doit mourir ainsi. Plus jamais.
Je sais, avec tous mes camarades, que nous sommes plus que jamais de farouches et déterminés camarades de combat pour notre avenir.
Oui, combat tant les défis à relever sont nombreux, graves, difficiles et complexes !
Oui, combat, mais avec nos armes : celles de la tolérance, du partage, du respect, de l’effort, de l’audace et de la créativité !
Ce combat n’appelle pas de la part de la jeunesse une évolution dans la perception de son avenir. Ce combat, c’est une révolution en et pour elle afin de construire son avenir sans attendre que des opportunistes, des zélateurs ou des calculateurs politiques suggèrent qu’elle leur «fasse confiance», qu’elle «se calme et patiente».
Combat ne veut pas dire guerre ! Combat veut dire pour la jeunesse : «Je me prends en mains, j’entreprends, j’apprends, j’ose, je me défends…».
Combat pour l’emploi, l’éducation, l’esprit civique, les valeurs citoyennes.
Combat contre le terrorisme, l’immobilisme et le fatalisme.
La précarité sociale fracture un pays.
L’injustice désagrège la nation.
La corruption sape ses valeurs.
Une jeunesse sans emploi, sans perspective locale de travail, n’a que deux choix : sombrer dans la délinquance ou l’indolence, ou émigrer vers l’incertain ou le mirage.
Le combat pour l’emploi de la jeunesse est la priorité des priorités. Le CNJ Mali en fait sa priorité absolue et ne cessera pas de «harceler» les acteurs étatiques et économiques afin de le gagner. Ensemble, par la concertation. Permanente, sincère et confiante.
Sans une éducation solide, fiable et durable, la jeunesse fragilise son avenir. Assurer les bases éducatives, les consolider par la formation, les ouvrir par l’innovation méritent l’investissement total de tous. Il ne suffit plus d’empiler par tactique des programmes homéopathiques pour soigner de lourdes carences, mais d’établir avec rigueur un plan stratégique éducatif afin que la jeunesse malienne, toute la jeunesse, puisse acquérir les bases structurelles et formelles d’une éducation positive, reconnaissante et porteuse de vraies perspectives. Il y a donc bien en la matière état d’urgence.
L’éducation et l’emploi renforcent naturellement l’esprit civique et le respect citoyen. Car quand les fondations et les ressources sont assurées, parce que soumises à des règles acceptées, la jeunesse retrouve dignité et responsabilité. La jeunesse sera alors sans à priori légitimiste et légaliste. Elle défendra le bien commun, elle appliquera la solidarité et défendra l’honneur de son pays. Le CNJ Mali entend œuvrer par de multiples initiatives à sensibiliser la jeunesse à cette indispensable «cause commune nationale».
Depuis trop d’années, la violence criminelle terroriste fracasse et envenime le quotidien des populations, générant l’angoisse, la peur, l’insécurité et alimentant l’instabilité institutionnelle et économique. Comme des millions de maliennes et de maliens, de toutes régions et de tous âges, la jeunesse survit péniblement dans ce contexte intolérable. Le CNJ Mali condamnera avec fermeté tout acte de terreur envers les populations, mais surtout invitera et incitera la jeunesse, par des actions concertées avec les autorités, à lutter contre toutes les formes de terrorisme.
L’année 2016 n’a levé aucun espoir réel de paix, de stabilité, de progrès et a laissé trop d’incertitudes semer le doute, l’incompréhension, parfois la colère, au cœur du pays. Il est difficile de formuler pour la nouvelle des vœux tant ils seraient nombreux et pour certains audacieux. Tradition oblige, en voici deux, peut-être réalisables !
Au nom de la jeunesse, je souhaite, pour notre Mali, à tout son peuple de croire en lui avec passion et courage…et de faire chaque jour preuve de simple et respectueuse solidarité, même la plus modeste, envers les plus fragiles, les plus faibles et les plus menacées par la pauvreté, la marginalisation ou le désespoir.
La jeunesse répondra présente afin que ces vœux soient exaucés.
Par Mohamed Salia TOURÉ
Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali