Si IBK contrôle le sommet du parti Rpm, c’est bien le secrétaire général Bocari Tréta qui tient les rênes de la base comme l’attestent justement ces visites de courtoisie aux différentes sections, précédées d’une lettre de félicitation. Et aujourd’hui, de la forte mobilisation des militants en vue de l’élection du désormais ex-ministre à la tête du parti à la faveur du prochain congrès. Bien entendu, IBK n’ignore pas les risques pour lui périlleux de ce challenge.
Le Bureau politique national (Bpn-Rpm) est, en effet, majoritairement acquis à la cause du secrétaire général. Le syndrome de la sympathie pour la victime a certainement rajouté à l’estime. Sa violente éviction du gouvernement a en effet choqué plus d’un militant et suscité une vague d’estime, en réponse à son ex-employeur. Dr Bocari Tréta entend bien profiter de ce soutien populaire pour se faire élire secrétaire général du parti, à la faveur de son prochain congrès statutaire dont la date officielle n’a pas encore été fixée.
Preuve de l’émergence de Bocari Tréta, la quasi-totalité des sections du district ont désapprouvé la manière avec laquelle il a été limogé (sans préalable aucun), et s’engagent à lui rendre justice au sein du parti. La lettre de félicitation du Bpn et le nombre de visiteurs de plus en plus croissant, en tout cas, dans le district de Bamako, atteste bien que le ministre déchu a désormais le vent en poupe, en tout cas sur le terrain purement politique. Et c’est très légitimement que l’homme convoite le sommet de la formation dont l’intérim est assuré par le ministre de l’Administration Abdoulaye Idrissa Maïga, un proche du président de la République. En clair, le Rpm, hormis IBK, n’a connu un autre Président. A ce rythme, le risque que le parti ne lui survive s’avère très élevé. En tout état de cause, ce ne sont les raisons du changement qui y font déficit. Et surtout la base qui, non assujettie aux contraintes de gouvernance, réclame à hue et à dia. Elle a donc jeté son dévolu sur Tréta, lequel, à ses yeux, incarne ses aspirations.
La perspective d’un Bocari Tréta à la tête du parti, contrôlant la majorité et susceptible d’influencer les groupes parlementaires, fait déjà froid dans le dos dans le camp IBK retranché au sommet du parti et des instances électives. Dans cette perspective, en effet, le risque d’une motion de censure contre le gouvernement n’est certainement pas à écarter. A défaut, c’est le scenario Macky Sall du Sénégal qu’il faudra envisager ; c’est-à-dire, une démission avec fracas suivie de la création d’une nouvelle formation, laquelle, jouissant de préjugés favorables, a des chances de rafler la mise lors du prochain scrutin. En tout état de cause, aucun des scenarii n’épargnera le pouvoir IBK. Et surtout «la famille» malheureusement trop impliquée dans les affaires politiques, publiques et…financières. La riposte est donc prévisible. Il s’agit d’une question de survie politique, ou mieux, de survie tout court.
La rédaction