Lors d’une sortie médiatique, la semaine dernière, le président du CMTR, Youssouf Traoré, soutient mordicus qu’aucune loi n’interdit le fameux bulletin de chargement perçu illégalement sur les transporteurs routiers.
Le Bulletin de chargement du Conseil Malien des Transporteurs Routiers est considéré comme la plus grande arnaque des transporteurs. Le montant de ce ticket décrié varie entre 5000 et 10.000 FCFA par endroit. Selon les routiers, malgré une lettre circulaire signée par le ministre de tutelle interdisant la vente de ce ticket, les représentants du CMTR dont le rôle est la délivrance de la lettre de voiture (un document légal), continuent de plus belle à obliger les chauffeurs à prendre le bulletin de chargement.
Pour se défendre face à ces accusations, le président du CMTR, M Youssouf Traoré lâchait lors d’une conférence de presse, la semaine dernière : « le Bulletin de chargement n’est pas illégal et il n’existe aucune loi qui interdit la vente du bulletin de chargement du CMTR ».
Pourtant cette déclaration du président contraste avec la lettre circulaire (datée du 30 novembre 2018) signée des mains de l’ancien ministre des transports, M. Zoumana Mory Coulibaly. « Monsieur le président, il m’a été indiqué que les agents du conseil malien des transporteurs routiers (CMTR) déployés au niveau des postes de contrôles routiers, procèdent à des perceptions de fonds sur les véhicules de transport commercial sans supports juridiques. Cette pratique, dans la mesure où elle serait fondée, est contraire à l’esprit qui a prévalu au déploiement de vos agents au niveau de ces postes de contrôle et porte préjudice à la performance du sous-secteur de transport routier. En conséquence, je vous demande de prendre toutes les dispositions utiles pour mettre fin à cette perception de fonds qui transgresse les missions dévolues à un établissement public à caractère professionnel ».
Quel est donc le support juridique de ces fonds extorqués aux Camionnaires ? Pour les chauffeurs, c’est une arnaque qui s’opère au vu et su des autorités qui l’ont pourtant interdit.
Lors d’une enquête sur les perceptions illicites sur l’axe Zégoua-Bamako parue dans le ‘’Journal L’Investigateur’’, nous échangeons à Zégoua avec Daouda Kéïta, responsable du syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali (Synacor), chef du bureau de Zégoua. Sans détours il affirmait que « le gros problème des transporteurs au Mali, c’est le CMTR avec son bulletin de chargement qui est illégal. Pire, ils refusent souvent de délivrer la lettre de voiture tant que le chauffeur ne prend pas leur ticket. Souvent les chauffeurs se révoltent et refusent catégoriquement de payer le ticket du CMTR pour se voir livrer la lettre de voiture qui est légale ».
Les transporteurs regroupés au sein de la Synergie des fédérations, groupements, Syndicats des transporteurs Routiers et conducteurs du Mali qui ont toujours dénoncé cette pratique demandent la démission pure et simple du président du CMTR. Pour les routiers, trop c’est trop. A cet effet, un préavis de grève de 72 heures (23, 24, 25 septembre prochain) a été déposé, le 07 septembre 2021, sur la table du ministre du travail et de la fonction publique pour, non seulement, exiger la suspension du bureau national du CMTR et la mise en place d’un collège transitoire, mais aussi et surtout la mise à disposition du président et son bureau actuel aux juridictions compétentes. Les autorités transitoires sont interpellées pour éviter cette grève aux conséquences graves pour les populations déjà sous le poids de la vie chère.
D.T Konaté
Source: L’Investigateur