C’en est terminé du suspense depuis avant-hier mardi. La fumée blanche attendue s’est finalement dégagée dans le temps imparti par la Communauté économiquement Etats d’Afrique de l’Ouest. Contre toute attente et pendant que les yeux étaient plutôt rivés sur la composition du collège annoncé par le CNSP, c’est un choix ayant pris de court tous les observateurs qui est venu mettre un terme à la tragédie. La présidence tant convoitée de la transition a été confié au Colonel-major Bah N’Daw, un nom qui a déjoué tous les pronostics même si les exigences de la Cedeao laissaient la porte ouverte à la désignation d’un officier de réserve comme alternative à un civil. Le nouveau patron de la transition, conformément aux dispositions de la charte, est secondé par un vice-président qui n’est autre que le premier responsable du Comité National pour le Salut Public (CNSP), le Colonel Assimi Goïta.
L’épisode de la présidence fermé, les regards demeurent encore rivés sur la désignation du Premier de la Transition attendu après la prestation solennelle de serment du Colonel Bah N’Daw, ce vendredi. Pourvu que le processus ne soit entravé par d’éventuelles protestations qu’annoncent les frustrations engendrées au M5-RFP par le choix du président, l’avènement d’un nouveau Premier ministre devrait marquer logiquement circonscrire la menace du périlleux embargo total que la Cedeao fait suspendre sur le Mali depuis le renversement du régime d’IBK par coup de force. Une levée définitive du glaive pourrait tout aussi dépendre de la libération totale des dignitaires de l’ancien régime en détention, mais en attendant les interprétations, interrogations et réactions fusent de toutes parts quant aux motivations et circonstances ayant présidé au choix de l’ancien ministre de la Défense comme président de la Transition ainsi que sur ses aptitudes à la tâche.
Du haut de ses 70 ans accomplis, le Colonel Bah N’Daw se présente comme un homme du sérail dans le rouage militaire malien. Sa brillante carrière commence par l’Armée de l’Air après un cycle à l’EMIA, plusieurs stages en URSS, un brevet d’études militaires supérieures en France où il sera diplômé par ailleurs de l’école de guerre. Toutes choses l’ayant prédestiné à de hautes responsabilités comme la direction de l’Office national des anciens combattants militaires retraités et victimes de guerre (ONAC, ), la direction du Génie militaire, la direction générale de l’Equipement des armées,
les fonctions de chef d’état-major de l’Armée de l’Air, de chef d’état-major adjoint de la Garde nationale et de chef de cabinet de défense à la Primature, puis chargé de mission au MDAC. Il en a mérité desdistinctions comme celles d’Officier de l’Ordre national, de médaillé des mérites militaire et national, entre autres. Avant de faire valoir son droit à la retraite en 2017, l’officier supérieur de réserve, qui avait 20 ans auparavant servi comme aide de camp du général Moussa Traoré, a occupé la haute fonction de ministre de la Défense qu’il abandonnera sur fond de discorde avec le chef suprême des Armées. C’est dans des conditions similaires qu’il avait jeté l’éponge comme aide-de-camp du Général Moussa Traoré et rendu le tablier comme chef d’état-major de l’Armée de l’Air du temps d’Alpha Oumar Konaré. Il traîne ainsi la réputation de personnage très caractériel, peu flexible et dont la rigueur se confond avec une raideur susceptible d’affecter lourdement la conduite de la transition. Très difficile à manipuler, il a souvent préféré la rupture à la compromission comme au département des Forces armées où son départ est survenu sur fond de discorde autour de la réintégration de déserteurs dans l’armée. Il est pourtant tenu, pour réussir sa transition, de faire bon ménage avec l’Accord pour la paix et la réconciliation dont la mise en œuvre repose en grande sur la Démobilisation – désarmement – réinsertion ainsi que sur la reconstitution de l’armée malienne à travers la réintégration d’ex-combattants parmi lesquels des déserteurs. La transition marquera t’elle en définitive la dernière démission de l’Officier Bah N’Daw ? La question se rant pour les contraintes de la Feuille de route que pour sa prédisposition à s’accommoder d’éventuelles tentatives du CNSP à l’avoir sous sa férule comme ce fut le cas lors de la transition de 2012-2013. Doit-on en définitive se préparer d’ores et déjà à une nouvelle crise avec Bah N’Daw ?
A KEÏTA
Source: Le Témoin