Après la démission du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane, des acteurs politiques et de la société civile se mobilisent pour une Transition consensuelle, apaisée et inclusive dans le temps imparti de 18 mois
Depuis les évènements des 24 et 25 mai derniers, les choses sont allées très vite. La Cour constitutionnelle, dans un arrêt rendu le 28 mai a constaté la vacance de la présidence de la Transition et déclaré que le vice-président de la Transition assume les prérogatives, attributs et fonctions de président de la Transition, chef de l’État.
Bien avant, le colonel Assimi Goïta avait entrepris des rencontres avec les forces vives de la Nation. À cet effet, il a successivement convié au palais de Koulouba, la classe politique, les communicateurs traditionnels, la société civile, les leaders religieux, les représentants des organisations de la presse, des femmes, des jeunes et de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Il s’agissait de les éclairer sur les évènements qui ont conduit à la démission du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane. Et par la même occasion, les appeler à l’union sacrée pour la réussite de la Transition.
Au cours des différentes rencontres, le directeur de cabinet du colonel Assimi Goïta, le capitaine Demba N’Daw a fait la genèse des problèmes ayant conduit à cette situation que notre pays traverse depuis le lundi 24 mai. Ensuite, le colonel Goïta a annoncé la nomination prochaine d’un Premier ministre chargé des consultations pour la formation d’un gouvernement. Il a souhaité que le Premier ministre soit issu du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces politiques (M5-RFP) à l’origine des contestations populaires ayant abouti à la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020.
Après la rencontre entre le colonel Goïta et la classe politique, le président de l’Adema-Pasj, Pr Tièmoko Sangaré, a indiqué que tout ce qui s’est passé pouvait être évité. Mais comme tel n’a pu être le cas, l’important, selon lui, est que le cap soit maintenu par rapport à la durée et les objectifs de la Transition.
Pour lui, le cap est mis sur l’inclusivité pour que la Transition puisse être remise sur les rails pour le temps qui reste. Et il faut que l’ensemble des forces politiques et sociales qui peuvent apporter quelque chose soient impliquées dans la conduite des affaires afin d’aboutir aux résultats escomptés. Cette position est bien défendue par certains partis et par des groupements politiques constitués dans la foulée.
Dans un communiqué publié le 31 mai, la Codem a pris acte des résolutions issues du sommet extraordinaire de la Cedeao sur le Mali, tenu à Accra au Ghana, le dimanche 30 mai. Elle a déploré la suspension de notre pays des institutions de la Cedeao et réitéré son attachement à une transition inclusive. Avant d’indiquer qu’elle restera vigilante sur le respect du calendrier de la Transition et résolument engagé dans sa posture de veille jusqu’à la fin de la Transition.
Auparavant, dans une déclaration commune le 28 mai dernier, plusieurs partis, mouvements et associations avaient condamné « toute prise de pouvoir par la force ». Il s’agit de ‘’Ensemble pour le Mali’’ (EPM, ex-majorité), ‘’Sauvons la démocratie des putschistes’’, ‘’Sentinelle de la démocratie’’, ‘’Esperance nouvelle (Jigiya kura), ‘’Forces nouvelles’’ et le Parti pour le développement économique et social (Pdes). Dans leur déclaration commune, ils ont dénoncé la rupture unilatérale du processus de la transition politique et civile en cours dans notre pays, exigé sa poursuite avec des autorités civiles dans le strict respect des délais de 18 mois.
Ces partis politiques, mouvements et associations demandent d’assurer une gestion consensuelle et inclusive de la Transition politique et civile. Ils invitent tous les patriotes et démocrates à une large concertation pour préserver les acquis démocratiques dans notre pays.
Aussi, le mercredi 2 juin dernier, plusieurs partis et regroupements politiques se sont réunis pour partager leurs analyses sur la situation politique du pays et les récents évènements survenus courant mai 2021. Il s’agit de l’ARP, de la Cofop, de l’Adema-Pasj, de l’APR, de FDP-Malikoura, du Parena, du Pdes, du PS-Yelen Kura et de l’UM-RDA. Ces partis et regroupements politiques ont affirmé leur attachement à une Transition stable dans le respect des engagements pris devant le peuple malien et la communauté internationale.
D’après eux, la Transition doit être consensuelle et toute initiative ou action unilatérale comporte le risque d’affaiblir sa marche. C’est pourquoi, ils ont recommandé le respect du principe du consensus dans la mise en place de tous ses organes.
Aussi, ont-ils exhorté les autorités et les forces vives du pays à la tenue, dans les meilleurs délais, d’une consultation pour actualiser la feuille de route en adéquation avec le temps restant de la Transition. Également, ces partis et regroupements politiques ont lancé un appel à toutes les forces vives aux fins de constituer une coalition démocratique et citoyenne pour une Transition consensuelle, inclusive et apaisée.
Dieudonné DIAMA