A force de constance dans la critique, Choguel Kokala Maïga a porté le M5 RFP à un niveau inquiétant pour la transition. Entre le président de la transition et les initiateurs du mouvement de contestation du régime IBK, il y a un bras de fer qui a fini à l’avantage du M5 RFP qui est monté en estime au sein de l’opinion nationale. En dépit de la rivalité qui oppose la transition et le M5 RFP, les protagonistes commencent à s’écouter.
C’est pour cela que le porte-parole du M5, Choguel Maïga, a été reçu la semaine dernière par Bah Ndaw, le président de la transition. En réalité, Bah Ndaw est obligé à une telle ouverture, puisqu’il s’y est engagé devant l’opinion internationale. D’ailleurs, que le président de la transition a daigné répondre à la sollicitation du M5 RFP à la veille de la visite de Goodluck Jonathan, le médiateur de la CEDEAO, attendu à Bamako ce lundi,
Choguel, a ironiquement rappelé à Bah Ndaw que cette rencontre est la première qui réunit le premier responsable de la Transition et les responsables du M5-RFP malgré une lettre en date du 21 janvier 2021 adressée au président par le M5 RFP. Et le porte-parole du M5 d’expliquer qu’évoquer les regrettables péripéties des relations entre le CNSP et le M5-RFP ne serviraient aujourd’hui qu’à témoigner pour l’avenir.
Pour le responsable du mouvement de contestation, toutes les appréhensions sur la mauvaise direction que prenait la transition se sont malheureusement avérées fondées. « En témoignent la défiance des Maliennes et des Maliens qui a très rapidement succédé à l’espoir suscité par les évènements du 18 août 2020 mais surtout la transition de continuité en cours au lieu d’une transition de rupture réclamée et voulue par notre peuple », a raconté Choguel.
Afin de ne pas poursuivre la marche vers un échec irrémédiable dont le pays, déjà fragilisé, mettra du temps à se relever, le M5-RFP préconise la rectification du processus de transition afin de créer les conditions d’une refondation totale du Mali.
Le M5 RFP préconise des mesures dont la lutte implacable contre la corruption, la réduction du train de vie de l’Etat, la transparence et la redevabilité à tous les niveaux. D’énormes ressources pourraient ainsi être affectées à la satisfaction de la demande sociale pour freiner la paupérisation croissante et la hausse insupportable du coût de la vie ; la mise en œuvre de véritables poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs et complices des tueries et exactions contre les victimes de la crise.
Choguel et ses camarades proposent aussi l’audit du patrimoine immobilier de l’Etat et des Collectivités territoriales ainsi que des ressources publiques allouées à certains départements ministériels, services stratégiques et projets de développement ; l’organisation des Assises Nationales pour la Refondation devant aboutir à un large consensus national sur les grandes préoccupations de la Nation ainsi qu’à la conclusion d’un Pacte national de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance, afin d’obtenir une trêve globale (politique, sécuritaire, syndicale, sociale et économique, etc.) et créer un climat d’apaisement, de sérénité, de confiance mutuelle ; cette stabilité permettra de consacrer les énergies et les ressources de la Nation à la lutte contre le terrorisme et à la conduite consensuelle dans la paix des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la Refondation du Mali.
Autres mesures :la révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118 ; la relecture de l’Accord pour la paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, conformément aux recommandations unanimes de nombreux foras, après une évaluation des six (6) années de tentatives d’application, et dans le respect des principes fondamentaux d’unité nationale, d’intégrité du territoire national, de souveraineté de l’Etat et de la forme républicaine et laïque de l’Etat ; la mise en place d’un organe unique de gestion des élections tel que réclamé unanimement par la classe politique et la société civile; la dissolution du Gouvernement et de l’actuel Conseil National de Transition et son remplacement par un organe plus respectueux de la Loi et plus légitime.
Le mouvement de contestation demande également la fin de la répression des manifestations démocratiques et pacifiques qui sont des droits constitutionnels, des arrestations abusives et extrajudiciaires, des faits du prince contre des populations démunies et en violation de la Loi comme les démolitions d’habitations, la création des conditions sécuritaires sans lesquelles le retour de l’Administration et la fourniture des services sociaux de base seront des leurres, et l’organisation des élections libres et crédibles serait pure illusion.
Source : 223 Infos