La transition post-IBK devrait s’achever le 25 mars prochain, à l’expiration des 18 mois qui lui avaient été prescrits par sa charte fondatrice adoptée en septembre 2020. Elle sera toutefois prolongée dans une fourchette de six mois à cinq années supplémentaires, en vertu d’une résolution des Assises Nationales de la Refondation de l’Etat, un forum boycotté par une partie de la classe politique et de la société civile ainsi que la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Le Conseil National de la Transition (CNT), qui fait office d’organe législatif, a adopté, hier lundi, la charte remaniée dans ce sens.
Il en découle que la date de l’élection présidentielle, devant marquer la fin de la transition, est entourée de la plus grande opacité. Aura-t-elle lieu dans un, trois ou cinq ans? Nul ne saurait le conjecturer. Il appartiendra aux autorités en charge de la conduite de la transition de l’apprécier en fonction de l’état d’amélioration des paramètres jugés indispensables pour la bonne tenue de ce scrutin majeur pour le devenir du pays.
Du coup, l’on se tourne avec inquiétude voire effroi du côté d’Accra, siège actuel de la présidence tournante de la CEDEAO, où cette évolution sera perçue comme la consécration du pied de nez qui a valu au Mali les sanctions conjointement prises avec l’UEMOA, le 9 janvier dernier. Survenant trois jours seulement après que Nana Akuffo-Addo eut déclaré à Bruxelles, en marge du sommet UE-UA, qu’ » une transition de douze mois serait acceptable « , elle ne contribuera certainement pas à faciliter le rétablissement du dialogue entre Bamako et ses partenaires communautaires. Et si tel devait être le cas, l’écart entre les vues des deux parties est si important qu’un rapprochement tiendrait du miracle.
La légalisation de la période transitoire dans le flou et l’imprécision sera ressentie aussi comme un camouflet de plus par la communauté internationale (Etats et Organisations) dont une grande partie se trouve dans une dynamique de rupture avec les autorités en place suite à la fois au non respect par elles des engagements souscrits relativement au retour du Mali à une vie constitutionnelle normale et à l’intention prêtée à elles de recourir aux services de la société privée paramilitaire russe Wagner.
Enfin, elle aura l’allure d’un mépris insoutenable pour le Cadre d’Echange pour une Transition Réussie au Mali, qui a annoncé considérer le 25 mars à venir comme la fin officielle de la transition et appelé à la mise en place d’une nouvelle transition de neuf mois où, ni le colonel Assimi Goïta, ni son premier ministre Choguel Maïga n’auront leur place. L’augmentation du nombre des membres du CNT (de 121 à 147) et la suppression de la limitation du nombre de ministres à 25, autres modifications apportées à la charte, visent manifestement à élargir ces deux institutions à des représentants de cette coalition pour pallier le déficit d’inclusion reproché au système en place et faire baisser le thermomètre politique.
Produiront-elles l’effet recherché pour épargner au pays, éprouvé par les sanctions communautaires et de plus en plus isolé sur le plan diplomatique, les affres de soubresauts internes ?
Saouti HAIDARA
Source: L’Indépendant