Six axes déclinés en 23 objectifs, 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs. Voilà en quoi se résume le plan d’action du gouvernement(PAG) présenté par le premier ministre de la transition, Moctar Ouane aux 121 Conseillers du conseil national de transition, le vendredi 19 février avant son adoption 72 heures après.
Dans son grand oral de séduction, le chef du gouvernement semble ne pas tenir compte du temps qui n’est plus un allié sûr et de la différence entre un plan d’action du gouvernement et une déclaration de politique générale. Le vaste chantier du gouvernement de la transition porte selon le PAG sur : le renforcement de la sécurité sur toute l’étendue territoire national, la promotion de la bonne gouvernance, la refonte du système éducatif, les réformes politiques et institutionnelles, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. En plus de ces six axes, Moctar Ouane n’oublie pas la lutte contre le Covid-19, la relance de l’économie et la construction des infrastructures de développement.
C’est trop beau pour être réalisable compte tenu du temps et de la situation sur le terrain tant sur le plan politique que sécuritaire. Seul le porteur du document dispose du secret pour sa mise en œuvre. Les Maliens attendaient de leur premier ministre un plan d’action gouvernemental précis, concis et budgétisé avec des objectifs et un chronogramme tenables. Puisque depuis la mise en place des organes de transition, l’action gouvernementale était caractérisée par un manque de visibilité. Mais le diplomate de carrière a surpris plus d’un.
En ne disposant seulement que d’une année et 2 mois, le premier ministre Moctar Ouane propose à ses concitoyens un véritable programme de société d’un candidat à une élection présidentielle et non pas un plan d’action d’un gouvernement de transition. Une Transition qui a de la peine à trouver ses marques depuis l’installation de son président et la nomination du chef de gouvernement. Mais, l’idéal est sans nul doute pour chaque Malien d’apporter une réponse aux difficultés que connait le Mali. Cela n’est nullement possible même pour un président élu pour un mandat constitutionnel de 5 ans à plus forte raison un gouvernement qui ne dispose ni la légitimité populaire ni le temps nécessaire.
Malgré cette réalité, le stratège de la primature s’engage à exécuter ce programme quinquennal durant son court séjour de 14 mois à la cité administrative. N’est-ce pas de la poudre aux yeux ?
Une chose est sûre, l’engagement de Moctar Ouane ressemble au ‘’grand bluff’’ du jeu de cartes. Ce jeu multi-joueurs demande pas mal de courage et de ‘’traitrise’’ pour débarrasser de toutes les cartes en possession. Tachez juste de ne pas vous faire surprendre en flagrant délit de mensonge. Et dans ce cas précis, toutes les conditions sont réunies pour mettre en mal le courage et la capacité de drible de l’homme qui tente de garder toujours sa sérénité tant bien que mal.
Le temps et la réalité du terrain n’étant pas ses alliés, le chef du gouvernement devrait plutôt axé son plan d’action sur deux priorités. Il s’agit de la défense et la sécurité d’une part et la réforme politique et institutionnelle d’autre part pouvant conduire l’organisation des élections générales.
A la lecture du document présenté au CNT, Moctar Ouane donne raison à ceux-là qui doutent de la capacité de cette transition civilo-militaire à conduire le Mali pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Le hic dans cette incohérence est que Moctar Ouane ne donne aucune indication du chronogramme et du financement de ce plan d’action.
Alors qu’un plan dans son essence est adossé à un chronogramme et un budget détaillés avec à la clé des indicateurs de performance mesurables et quantifiables.
Dans certains milieux politiques, on estime que le document de Moctar Ouane dans son état actuel répond plus à un besoins de communication qu’un outil politique cohérent pour conduire une transition.
Nouhoum DICKO
Source : L’Alerte