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Transferts définitifs: Extrait du livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé né en 1935 à Mouroudiah (Nara)

Le livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé est terrible et édifiant. Terrible parce qu’il montre du Mali une image que peu de gens soupçonnent. Le souvenir d’une terre de grands empires, un peuple fier et pacifique, une culture d’une richesse insolente caractérisent en effet ce pays, havre de paix dans les sables mouvants qu’est devenue l’Afrique. Il y a certes ce Mali- là, mais il y en a un autre plus secret, moins glorieux, celui des brimades, des tortures, des assassinats dont personne ne parle.

 


De l’ère «socialiste» de Modibo Keïta au long règne des militaires sous la férule de Moussa Traoré, ce furent trente années de violences sans nom. Nul n’était épargné, ni les femmes, ni les enfants, ni les vieilles personnes. Comme régie par une loi implacable la chaîne des assassinats fut ininterrompue, les bourreaux finissant immanquablement par devenir les victimes. Et cela, au nom de l’idéologie, au nom du pouvoir. Le Mali fut un pays relativement stable sous Modibo Keïta comme sous Moussa Traoré, mais c’est à la lecture du livre du colonel Dembélé qu’on comprend le prix que le pays a payé pour cette stabilité: une vie faite de silence.
Silence de ceux qui ont subi les pires tortures, silence de leurs parents, silence des cadres, silence des politiciens. Il faudra un jour répondre à cette question: comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il subi de telles dictatures durant des décennies sans broncher ? La réponse: Au Mali, nous sommes passés du monopartisme au multi-monopartisme. Cela veut dire que nous sommes passés d’un système de parti unique à un système avec une multitude de partis qui gardent encore les réflexes du parti unique. On a chassé le naturel, il est revenu au galop. Alors que le 26 mars 1991, date historique pour les Maliens, signe la fin de privilèges d’une dictature et d’un régime bâti sur le parti unique, le népotisme et la corruption.
Comment un peuple qui fut pourtant grand a-t-il sombré ? La réponse à cette question se trouve dans un fait abracadabrant au Mali: le Programme d’ajustement structurel (PAS) qui frappé notre pays sous le parti unique de Moussa Traoré et sous la démocratie. La Banque mondiale et l’USAID et d’autres partenaires financiers ont imposé et financé dans le cadre de l’ajustement structurel des liquidations des sociétés et entreprises d’État qui ont occasionné des départs volontaires à la retraite. Plusieurs entreprises sont liquidées: Éditions et imprimeries du Mali (EDIM-SA), Société Nationale d’Entreprise de Travaux Publics (SONETRA), Société malienne d’import-export (SOMIEX), Société malienne de conserves (SOMACO), Office des produits agricoles du Mali (OPAM), Société des conserves du Mali (SOCOMA), Société nationale de recherches et d’exploitation des ressources Minières (SONAREM), Société malienne des produits chimiques (SMPC), Société nationale Air-Mali (AM), Régie des chemins de fer du Mali (CFM), Industrie textile du Mali (ITEMA), Usine de Bois, Librairie populaire du Mali, Société nationale des hôtelleries du Mali, Office malien du bétail et de la viande (OMBEVI), Société malienne du bétail et des peaux (SOMBEPEC), Société d’exploitation des produits oléagineux du Mali (SEPOM) , Société de construction radioélectrique du Mali (SOCORAM), Société nationale de tabac et allumette du Mali (SONATAM), Union nationale des coopératives (UNICOOP), Compagnie malienne de navigation (CMN), COMATEX, Société des ciments du Mali (SOCIMA) à Diamou, Société des tanneries maliennes (TAMALI), Mali Lait, etc.
Au total, 5 666 fonctionnaires ont été victimes des PAS. Plus d’un tiers des fonctionnaires de la fonction publique ont été compressés entre 1987 et 1993. Le programme a concerné deux (02) vagues. La première 1987-1988 et 1989. La deuxième vague: 1991-1992 et 1993. Depuis ces années, les Programmes d’ajustement structurel ont créé un malaise social. Une injustice sociale, source de tous nos maux.
La démocratie devait réparer la blessure, elle l’a enflée en redéployant ses militants victimes du Programme d’ajustement structurel dans des institutions et services nouvellement crées. Dès lors, la méchanceté gratuite, la jalousie et la haine sont rentrés dans nos mœurs. La Banque mondiale, l’USAID et les partenaires financiers ont versé 310 milliards de francs CFA pour payer les droits des travailleurs compressés.

Mali: grandeur et décadence de Modibo Keïta
Pays de haute tradition historique, le Mali correspond à l’ancien Soudan. C’est un pays musulman dans lequel subsiste une partie du régime des castes qui divise la population selon les fonctions sociales. Le parti dominant est l’Union soudanaise, parti révolutionnaire anticolonialiste dirigé par Modibo Keïta. Il est relayé par des comités locaux, des mouvements de jeunesse et aux élections de 1959, il balaye ses rivaux. Après l’échec de la Fédération, le Mali se retrouve seul, sans voie d’accès à la mer, qui dépend de la France pour 80% de ses importations et doit faire transiter ses produits par le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
Le gouvernement se rapproche de la Guinée de Sékou Touré et lance une campagne de nationalisations et de collectivisation. Une société étatique, la (Société malienne d’import-export (SOMIEX) est chargée de l’exportation des arachides, principale source de revenus du Mali, et de l’importation des produits courants.
Les livres et journaux, la banque, les transports, la pharmacie sont également réglementés au niveau national. Bien que le Mali ne veuille pas rompre avec la France, les dissensions s’accentuent avec l’ancien colonisateur. Les bases militaires françaises sont évacuées, un franc malien créé, que la France se refuse à garantir, la balance commerciale reste déficitaire et les dépenses de fonctionnement augmentent, tirées par les augmentations des fonctionnaires, les frais administratifs et la réalisation d’équipements luxueux improductifs.
Dès 1967, il faut se rendre à l’évidence. Le plan quinquennal a échoué. En politique étrangère, le Mali soutient les combats menés en Algérie, au Congo Kinshasa, en Angola contre l’impérialisme. Il tente de s’assurer des appuis à l’Est du côté de la Chine et de l’URSS, comme à l’Ouest avec les États-Unis et l’Allemagne, par une politique de modération qui n’exclut pas la fermeté.
En politique intérieure, Modibo Keïta cultive son image de marque de sage, obtient le prix Lénine pour la paix et s’implique dans la mise en œuvre du socialisme. Mais celui-ci heurte à l’individualisme des paysans. Sa politique puritaine (restriction des fêtes, interdiction des jeux de hasard) déplait également aux jeunes, qui préfèrent les fêtes aux causeries politiques. Les populations nomades touareg du nord entrent en rébellion, des manifestations contre l’austérité forcée éclatent en juillet 1962, réprimées avec brutalité.
Des dirigeants de l‘opposition meurent dans des conditions mystérieuses Aux élections de 1964, la liste unique de l’Union soudanaise obtient 99,8% des voix. Mais les finances du pays ne s’assainissent pas, la fraude reprend de plus belle, encouragée par la corruption au niveau de l’État, les commerçants mènent une guerre larvée contre le pouvoir, le Fonds monétaire international (FMI) refuse un prêt, la France fait la sourde oreille. La production d’arachide s’effondre. Modibo Keïta remplace le bureau politique du parti par un Comité national de défense de la révolution (CNDR), appuyé sur des milices populaires. Il croit pouvoir compter sur la France, avec laquelle il vient de signer un accord, quand il est renversé en novembre 1968 par le lieutenant Moussa Traoré, qui devient chef d’État. Ce putsch surprend d’autant plus les observateurs internationaux qu’il ne s’accompagne d’aucune réaction de la population.
Au contraire, femmes et jeunes applaudissent à la chute du socialisme. Mais la lune de miel entre le peuple et ses dirigeants ne dure pas. Le régime cède à la corruption, guerroie contre son voisin burkinabè, s’appauvrit et, ayant pris ses distances vis-vis des pays de l’Est, demande l’aide de la France qui s’entremet en 1984 pour lui faire réintégrer l’Union. Le franc malien dévalué de moitié, rentre dans la zone franc. Moussa Traoré est chassé du pouvoir par une insurrection en mars 1991.
Au Mali, comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, la société est fortement hiérarchisée. Elle comprend deux (02) grands groupes: les horons et les esclaves. Il appartient aux horons «tlobilé» de diriger notre le Mali nous enseignent les griots dans leur Tarik.
Pour mieux comprendre les soubresauts lisez ces messages de deux conservateurs et traditionnalistes: «Peuples et jeunes prétentieux, un jour viendra où ce pays n’aura comme chefs suprêmes, que des gens de condition servile (esclaves) pour vous gouverner».
Le second d’ajouter: «S’il y a cinquante-deux (52) semaines dans l’année, il n’est pas certain que les vraies familles nobles atteignent en nombre ce chiffre au Mali». Sommes-nous arrivés à ce stade ? Sûrement oui.

L’Inter de Bamako

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