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Géopolitique : Le Mali de Modibo Keïta et ses réalisations

Le territoire malien est situé dans la zone des cuvettes centrales de l’Afrique Occidentale. Il est limité au nord par le Sahara algérien, au nord-est par le Niger, à l’est par le Burkina Faso, au sud par la Côte d’Ivoire et la Guinée, à l’ouest par la Mauritanie. Au Mali, se trouve la partie supérieure du fleuve Sénégal ainsi que 1 600 km du fleuve Niger, sur les 4200 km de son parcours.

Organisation politique
La République du Mali est indépendante depuis le 20 août 1960, date de l’éclatement de la Fédération du Mali (Soudan-Sénégal) dont l’indépendance avait été proclamée le 20 juin 1960, mais elle sera officiellement proclamée le 22 septembre 1960 par l’Assemblée nationale. La capitale est Bamako. La Constitution, de type présidentiel, a été adoptée par l’Assemblée nationale le 22 septembre 1960.
Le pouvoir exécutif appartient au président du gouvernement, chef de l’État. Il est assisté dans ses décisions par le Bureau politique du parti de l’Union Soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA). Le président de l’époque était Modibo Keïta. Le pouvoir Législatif appartient à l’Assemblée élue au suffrage universel direct pour cinq (05) ans. Elle comprenait 80 députés. Le parti de l’Union Soudanaise-RDA (Rassemblement Démocratique Africain) était un parti unique.
L’Union générale des travailleurs du Mali (UGTM) réunissait tous les travailleurs syndiqués. Tous les membres influents du syndicat étaient membres du Bureau politique du parti.
Le Mali était membre:
– du groupe de Casablanca (siège du bureau permanent à Bamako),
– de la zone franc (sous réserve des remarques faites au chapitre VIII),
– de l’union douanière ouest- africaine,
– de l’ONU (27 septembre 1960) et des grandes organisations internationales, y compris le FMI depuis 1963,
De l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Le Mali était, en outre, associé au marché Commun.
L’État: Au seuil de l’indépendance, le Mali tenta un essai de Fédération avec le Sénégal qui se termina par un échec (20 août 1960). La République du Mali était alors proclamée, le 22 septembre 1960 de la même année, indivisible, démocratique, laïque et sociale: «Un Peuple, Un But, Une foi». Le président du gouvernement est investi par l’Assemblée nationale à la majorité absolue. Il est chef de l’État et gardien de la Constitution. Il nomme les ministres, les ambassadeurs, signe et ratifie les traités. Il est le chef suprême des Armées.
L’Administration: Le Mali était divisé en six (06) régions administratives dont les gouverneurs étaient nommés; et qui était assistés d’assemblées de régions élues au suffrage universel. Subdivisions: cercles (commandants nommés+conseils de cercles); arrondissements (conseils d’arrondissements): communes (maires élus+conseils de villages). Les six (06) régions totalisaient quarante-deux (42) cercles et cent trente (230) arrondissements. Les tribus et fractions nomades du Nord étaient dirigées par des conseils de tribus élus.
La Santé publique: Deux (02) hôpitaux de première catégorie (Bamako). Six (06) hôpitaux secondaires, Gao, Markala, Mopti, Ségou, Sikasso, Kayes). L’ensemble de l’équipement sanitaire s’est considérablement développé (trente-neuf (39) centres hospitaliers deux cent cinquante (250) dispensaires, sept (07) léproseries, quarante-sept (45) maternités, des centres de protection de la mère et de l’enfant, des infirmeries, une banque de sang, des camions de dépistage et de radio. On ne peut évoquer cet équipement sans faire mention de l’Institut Marchoux (lèpre) et de l’IOTA (Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique), centre de recherche concernant l’ophtalmologie tropicale.
La Justice: les tribunaux coutumiers ont été abolis. L’organisation judiciaire comprenait les échelons suivants: Haute Cour de justice (composée de députés élus), compétente le cas échéant, pour juger les ministres, voire le chef de l’État, la Cour d’État (trois sections: constitution, contentieux, comptes); appelée à trancher les litiges sur le plan gouvernemental; Cour d’Assises, Cour d’Appel, tribunaux de première instance, justices de paix, tribunaux du travail.
La Diplomatie: Le Mali avait une vingtaine de représentants diplomatiques à l’étranger, notamment aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en URSS et en République populaire de Chine. Près de quarante (40) pays étaient représentés au Bamako. Sur le plan international, notre pays était membre de nombreuses organisations, à commencer par les Nations unies et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), etc.
Les Forces armées: L’effectif des Forces armées était d’environ 3 000 hommes. Il existait une école militaire de formations de cadres. L’équipement (chars, aviation) était d’origine soviétique. L’armée participait à la vie de la nation (administration de certaines régions, culture des champs collectifs, alphabétisation).
Les Finances: En 1962, notre pays quittait la zone franc et créait sa propre monnaie: le franc malien, équivalant au Fr. CFA. Le 17 janvier 1967, des conversations s’engagèrent avec la France pour réintégrer le Mali dans la zone franc (accord signé le 15 février 1967).
En mai de la même année, le franc malien était dévalué de 50%. Sa nouvelle valeur est définie par un équivalant en or (0,0018 grammes d’or fin). L’Institut d’émission était la BRM (Banque de la République du Mali).


Les Investissements: Trois (03) secteurs se partageaient l’éventail des investissements:
– un secteur privé malien et étranger, représentant plus de dix mille (10 000) patentes;
– un secteur coopératif et mutualiste dont le développement s’accroit sans cesse;
– un secteur d’intérêt public réservé à l’État et dans le cadre duquel un certain nombre d’activités sont orientées en fonction des objectifs du plan.
L’Agriculture: La production locale est, au Mali, l’économie de base. C’est donc à la paysannerie que s’est appliquée, en tout premier lieu, la planification socialiste du pays. La forme coopérative est la structure essentielle de cette économie. Toutes les sociétés mutuelles sont affiliées à un Fonds territorial d’Action Économique. L’Institut d’économie rurale (IER) élabore les programmes de développement agricole, en corrélation avec le Plan.
Enfin, des Centres d’expansion rurale s’occupent du forage des puits, d’aménagement des terres et du calendrier des cultures. Le groupe mil-sorgho est la première production du Mali (1 200 000 hectares). Production annuelle moyenne: 800 000 tonnes. Toutefois, la culture du riz est intensifiée parce que considérée comme étant de valeur plus nutritive pour la population.
L’Industrie: Les industries procédant de la production agricole sont les plus importantes (rizeries, égrenage du coton, défibrage du kapock, conserves alimentaires et boissons). La production de l’élevage a conduit à l’installation d’abattoirs frigorifiques à Gao et Bamako.
Minoteries et tanneries complètent cette industrialisation des produits de l’élevage et de l’agriculture. Autres industries de fabrication: cimenterie, briqueterie, complexe textile, matériel électronique, céramique, papeterie, allumettes, cigarettes.
Les Mines: L’exploitation la plus importantes qui était en activité fut celle des carrières de sel gemme de Taoudénit (3 500 tonnes par an). Mais d’importants gisements métalliques existent au Mali. Le Plan a prévu leur exploitation au fur et à mesure des prospections positives. Le Bureau minier a été créé en vue de promouvoir la recherche, l’exploitation et la transformation des richesses du sous-sol. La «prospective» porte sur l’or, le platine, l’uranium, le thorium, le lithium, la bauxite, les phosphates, le cuivre, le fer, le manganèse, etc. Des carrières de marbre sont déjà exploitées. Des forages de pétrole ont été entrepris, notamment au nord- est de Gao.
La Pêche: C’est une des richesses très réelles du Mali (50 000 tonnes de poissons frais). Les principales régions de pèche: Mopti: 25 000 tonnes. Ségou: 15000 tonnes Gao: 8500 tonnes. Le poisson séché est, avec l’arachide, le coton et le bétail, un département important de l’exportation.
Les grands équipements Barrages: Au nombre de trois. Électricité: puissance installée: 15 425 kW. Sept (07) centrales.
Les Routes: 12 000 km environ (nationales: 5 600 km: régionales: 1 660 km: locales 4 820 km). Les 2/3 du réseau routier sont praticables en toutes saisons.
Le Réseau fluvial: 1 750 km navigables sur le Niger pendant certaines époques de l’année. Le Sénégal est navigable à partir de Kayes, tout à l’ouest du pays.
Les Aéroports: L’aéroport de Bamako, de classe B, est utilisable pour les long-courriers: DC7, jets et Iliouchine 18. La compagnie Air-Mali assurait des services hebdomadaires sur la France, le Maroc et les principales capitales africaines. Autres aéroports: Ségou, Goundam, Gao, Tombouctou, Kayes, Nioro.
Les Chemins de fer: Toute la portion malienne du Dakar-Niger (ou Niger-Océan) prolongée au-delà de Bamako jusqu’à Koulikoro. Au total 645 km.
La Population: La population au 4/5 habite la partie occidentale, 1/10 dans les villes. Au nord, la population est nomade ou semi-nomade. Densité moyenne de la population: 3,7 au kilomètre carré. Villes: capitale, Bamako (150 000 habitants). Les autres villes principales étaient: Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou.
Les Races et religions: On ne dénombre pas moins de vingt-trois (23) ethnies différentes dont les noms, pour certaines d’entre elles du moins ont quelque célébrité: Bambara, Peulh, Touaregs, Toucouleurs, Dogons. Près d’un million et demi d’habitants étaient animistes. Tout aussi nombreux sont les musulmans. Une trentaine de mille environ étaient chrétiens.
Les Langues: De nombreuses langues ou dialectes spécifiquement le mandingue (2/3 de la population). On parle également l’arabe. Le français est la langue officielle.
Les Moyens d’expression: Radio.
Organisme d’État, Radio-Mali possédait une dizaine d’émetteurs. Radio-Mali émettait en français, en anglais, et dans plusieurs langues régionales, bambara, peul, etc. De nombreux postes récepteurs d’écoute collective existaient dans les lieux publics et les écoles.
Presse «L’Essor»: Édition quotidienne hebdomadaire. C’est l’organe de l’Union soudanaise. Bulletin quotidien de l’Agence nationale d’information du Mali (ANIM). Bulletins mensuels du Plan du Tourisme. Bulletin de liaison de l’Office du Niger (Ségou).
L’Emploi: Le nombre de salariés était d’environ 18 800, soit un pourcentage très faible de la population active, celle-ci étant estimée à 2 300 000 individus. La répartition des salaires, selon les secteurs, fait apparaitre que 32% d’entre eux étaient versés dans le secteur public, 19% dans le commerce et la banque, 15% dans le bâtiment et les travaux publics, 11% dans l’agriculture, 10% dans les transports, 9% dans l’industrie, le reste étant réparti entre les professions libérales et la domesticité. En raison des trois facteurs mentionnés: forte pression démographique, population jeune, croissance rapide des villes, un problème de sous-emploi se pose au Mali, en particulier dans les centres urbains.
L’Éducation: Au Mali, la question de l’enseignement a été marquée aussitôt après l’indépendance par une réforme d’envergure: la coupure primaire-secondaire a été abolie par la création de l’école fondamentale groupant l’ancienne école primaire et le premier cycle du secondaire. Une grande place a été réservée, en outre aux travaux pratiques. 16% du budget étaient consacrés à l’éducation. Le taux de scolarité est passé de 8 à 11,5%. Cycle fondamental: 700 écoles Cycle secondaire et technique: seize (16) écoles. Enseignement supérieur: École nationale d’administration (ENA); École de médecine. Nombreux étudiants à l’étranger (Afrique, Europe, ex-URSS. Il existait plusieurs Centres de recherches scientifique: fondamentale, médicale, agronomique.
En 1960, le taux de scolarisation (calcul UNESCO) était encore très faible: 10%, et l’analphabétisme atteignait 95% de la population totale. La même année, le Mali disposait en moyenne de quarante et un (41) maîtres pour 100 000 habitants. Un effort tout particulier a donc été entrepris dans ce domaine et pour 1963, le nombre d’élèves de l’enseignement primaire était en augmentation de 80% par rapport à 1962.
Le Plan prévoyait par ailleurs la construction d’un nouveau lycée d’une capacité de 1 200 élèves dont 900 internes. Parallèlement, la réforme des programmes devait permettre un enseignement mieux adapté. L’École nationale d’administration du Mali assurait la formation de cadres supérieurs et de hauts fonctionnaires.
Source: Documents rassemblés par la Rédaction

L’Inter de Bamako

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