Très souvent, des termes comme « Oumma », qui désigne la communauté musulmane (dans son ensemble), abondent dans les vidéos de propagande djihadiste. Ainsi, les terroristes tentent de lancer des appels à leurs « frères et sœurs » pour faire face à l’ennemi commun qui, selon eux, est « l’occident mécréant et ses collaborateurs ». Pourtant, ces mêmes terroristes sont les premiers à collaborer avec ceux qu’ils appellent à combattre, que ce soit pour sauver leur peau ou … pour des ambitions personnelles.
Parmi ces mouchards, un s’est particulièrement distingué : Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qorachi, chef de l’Etat Islamique (EI) depuis fin 2019 après la mort d’Abou Bakar al-Baghdadi tué par les américains en Syrie.
Le nouveau dirigeant de l’entité terroriste prétend être originaire de la famille de « Qoraych », afin de légitimer son rôle à la tête de l’Etat Islamique, en effet, il se prétend appartenir à la lignée du prophète. Or, il s’avère que l’homme est loin d’être descendant de cette famille. Comme le révèlent de nombreux journalistes, né dans la ville irakienne de Tal Afar, une enclave turkmène, la vraie identité de l’homme est bien Saïd al-Salbi al-Mawla, surnommé Abou Omar al-Turkmani (le Turkmène). Une première traîtrise donc à l’égard de ses « frères ».
Mais ce n’est pas tout. Il aurait, comme cela a été révélé très récemment, dénoncé d’autres membres de son groupe en donnant aux américains leurs identités, leurs lieux de résidence et leurs rôles au sein de l’organisation terroriste. Ces précieuses informations ont permis la neutralisation d’un très grand nombre de djihadistes. Sa traitrise aurait été un élément clef de la perte de vitesse de l’EI y compris chez nous et nos voisins burkinabés et nigériens. Ainsi, il devient clair que la présence d’informateurs au sein des groupes terroristes n’est plus un sujet de doute et plus particulièrement à l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS).
De sources concordantes, de nombreuses « représailles » ont été lancées au sein même des groupes terroristes, particulièrement chez nous au Mali, pour débusquer les traîtres qui donnent des informations au groupe adverse. Comme l’affirme une étude scientifique, « les nombreuses arrestations et exécutions perpétrés [par les terroristes] contre des présumés informateurs […] a toujours constitué un sujet de tension localement [au sein des groupes armés terroristes] ». Il nous faut également souligner que cette « chasse aux sorcières » ou les appels à délation de tout comportement suspect visent également des terroristes en activité ayant « eu le malheur » de jouer les mouchards ou de déserter les rangs de l’EIGS pour un autre groupe rival, notamment le JNIM.
Au vu de ses éléments, il ne serait guère faux d’affirmer que si la néologie « faux-frérisme » devait voir le jour, ce dogme s’appliquerait avant tout aux terroristes compte tenu des coups bas qu’ils peuvent commettre pour des ambitions personnelles. Ces agissements, prouvant une fois de plus leur lâcheté, sont dépourvus de toute loyauté « envers leurs frères » malgré ce qu’ils peuvent affirmer.
Aujourd’hui, des traitres et des informateurs existent au sein de l’EIGS comme le prouve les agissements de leur chef suprême qui n’a pas hésité à trahir « ses frères » au profit des américains. Le choix des groupes qui ont prêté allégeance à l’Etat Islamique est ainsi très clair : ils acceptent de suivre un usurpateur et un mouchard.
Siaka Sidibé