Le dimanche 7 août 2022, les Forces armées maliennes (FAMa) de Tessit, dans leur mission sacrée de défense du territoire et de protection des populations ont subi une attaque complexe et coordonnée de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) qui a bénéficié d’un appui de drones et d’artillerie avec un usage d’explosifs et de véhicules piégés. Cette énième attaque lâche et barbare contre Tessit, au nez et à la barbe de la Minusma, a coûté la vie 42 de nos soldats et s’est soldée par 22 blessés. Au-delà des condamnations de principe, le mandat de la Minusma se limite-t-il à faire le brancardier et/ou l’ambulancier ou à réellement fournir aux FAMa la capacité de répondre rapidement aux actions violentes des groupes terroristes ? Après la tragédie, et ce conformément à son mandat, qu’est-ce qu’elle va faire ?
Dans sa Résolution N°2640 adoptée le 29 juin 2022 le Conseil de sécurité des Nations unies se déclare «vivement préoccupé par la détérioration constante de la situation politique, des conditions de sécurité et de la situation humanitaire au Mali, en raison notamment de la persistance de nombreuses attaques perpétrées par des groupes terroristes, y compris le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique du Grand Sahara (EIGS), dans le nord et le centre du pays, de la poursuite des violences intercommunautaires dans le centre, et des violations des droits humains et des atteintes à ces droits ainsi que des violations du droit international humanitaire, qui ont fait nombre de victimes innocentes, y compris, récemment, près de Ménaka, de Gao et de Bankass… »
Donc la Minusma ne peut aucunement alléguer qu’elle n’est pas au courant des nombreuses attaques perpétrées par des groupes terroristes, y compris le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique du Grand Sahara (EIGS) contre nos forces armées et de sécurités et contre nos populations civiles.
À titre d’illustration, le lundi 15 mars 2021 la relève montante du poste de sécurité de Tessit, localité située à une soixantaine de km d’Ansongo, est tombée dans une embuscade tendue par l’État islamique au grand Sahara (EIGS). C’était à Tassit, localité située à environ 20 km de Tessit faisant 33 morts et des dégâts matériels importants.
Mais avant, en coordination avec les Forces armées maliennes (FAMas), la Force de la Minusma a mené déjà, du 27 mars au 9 avril 2017, ce qu’elle a appelé l’Opération Euphorbia-14 dans la commune de Tessit, Cercle d’Ansongo. Cette opération visait à contribuer à la sécurisation des axes couvrant Tessit, Lelehoy, Tassiga, Fafa en passant par Labezanga jusqu’à la frontière du Burkina et du Niger. Les contingents sénégalais, bangladais et nigérien de la Mission onusienne ont pris part à cette opération.
Non-assistance à une nation en danger
Selon le Général Dennis Gyllensporre, commandant de l’opération de maintien de la paix de l’ONU (Minusma) à l’époque des faits (août 2021) à l’occasion de l’Opération Windstorm (Tempête de sable) la Force opérationnelle mobile jordanienne et les hélicoptères de la Minusma se sont rendus à Tessit. La MINUSMA peut fournir aux FAMa et aux autres partenaires de sécurité au Mali la capacité de répondre rapidement aux actions violentes contre la population.
Alors la question est : pourquoi ne le fait-elle pas ?
Consciente que c’est avant tout aux autorités maliennes qu’il incombe d’assurer la stabilité, la sécurité et la protection des civils sur l’ensemble du territoire malien, même si les terroristes jouent maintenant à l’évitement, la Minusma exhorte notre pays à poursuivre les efforts qu’il consent pour s’acquitter de son obligation.
À cet égard, les forces armées maliennes (FAMa) ont repris en février le contrôle de Tessit, en boutant les combattants de l’EIGS hors de la localité.
Longtemps décrétée comme très dangereuse par Barkhane, Takuba et la Minusma, la localité de Tessit venait de basculer sous le contrôle des FAMa après plusieurs mois de contrôle djihadiste.
Dans son rapport d’avril 2022 sur la situation de notre pays au secrétaire général de l’ONU, le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane écrit qu’«en coordination avec les FAMa, la Minusma a déployé trois unités de sa Force mobile d’intervention dans la zone comprise entre Ansongo, Labezanga et Tessit.» Comment avec trois unités de sa Force mobile d’intervention dans la zone, les forces armées maliennes sont attaquées par une colonne de terroristes sans aucune réaction de la Minusma ?
Le médecin, après la mort.
C’est bien beau de la part de la Minusma, venue nous aider dans notre combat contre les terroristes, de faire le brancardier et/ou l’ambulancier, après coup et de le poster sur les réseaux sociaux, mais la vraie question est : où était-elle lors de ces attaques ? Ne rompant pas sa tradition mortifère, au nom des Nations unies, la Minusma, avec des larmes de crocodile, a « fermement » condamné, ce mardi 9 août, l’attaque terroriste de dimanche 7 août, qui a visé, les unités de Forces armées Maliennes de Tessit et annoncé via ses trolls qu’à la suite de l’attaque de Tessit, des soldats FAMa blessés ont été transportés par elle vers l’hôpital de Gao. Cette action a permis le maintien en vie de plusieurs de nos soldats.
Donc grâce, sans la Minusma nos soldats sont en vie ? Et ceux qui sont morts ? Qui peut n’empêche pêche. La Minusma a pêché…
Le plus cynique c’est que l’infamante mission onusienne dit, à travers le conseil de sécurité, dans la résolution N°2640 adoptée le 29 juin 2022 qu’elle est consciente du rôle central que jouent les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) dans la lutte contre le terrorisme et qu’elle témoigne de l’intensification des opérations antiterroristes menées par les Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM). Mais elle demande que «le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire soient strictement respectés dans le cadre de ces opérations», sic !
Pire, les Nations unies demandent à notre pays plus d’actions contre l’impunité des violations des droits humains et des atteintes à ces droits ainsi que des violations du droit international humanitaire, en menant des investigations en cas d’allégations de tels crimes, et veulent que nous garantissions «à la MINUSMA la liberté de circulation afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat lié aux droits humains, en traduisant en justice les auteurs présumés, et en informant la population malienne de l’état d’avancement des enquêtes et des poursuites judiciaires, notamment les familles de victimes».
Ségrégation macabre
Dans le cadre de l’appui à la stabilisation et au rétablissement de l’autorité de l’État dans le centre du pays, le Conseil de sécurité assigne à la Minusma le mandat d’aider notre pays «à faire en sorte que les responsables de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits, ainsi que de violations du droit international humanitaire, aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice dans les meilleurs délais (…ainsi que) ceux qui ont commis au Mali des violations graves des droits humains ou des atteintes graves à ces droits, ou des violations du droit international humanitaire, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité».
Après l’attaque du 7 août dernier contre l’armée malienne à Tessit, que compte faire la Minusma, au-delà des condamnations de principe ? Va-t-elle ouvrir une enquête en vue de traduire en justice ceux qui ont commis ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité ?
À moins qu’il n’y a des différences entre les morts de Bounti et les morts de Tessit… La balle est donc dans le camp de la Minusma.
Après tout, l’armée malienne et des «soldats blancs» ont été récemment accusés par la Minusma et les Nations unies d’être impliqués dans la mort début mars de 33 civils, dont 29 Mauritaniens et 4 Maliens.
Ce en dépit de l’ouverture par notre pays d’enquête pour élucider les circonstances de ce drame. Car, «le Mali trouve, une fois de plus, troublant la survenance de ce genre d’incidents malheureux au moment où ce pays frère et ami, la République islamique de Mauritanie apporte son soutien particulièrement pour l’approvisionnement normal des populations maliennes qui subissent les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA », avait expliqué un communiqué du gouvernement.
À ce stade «aucune preuve ne met en cause les forces armées maliennes (FAMa) qui respectent les droits humains et agissent toujours avec professionnalisme dans leur lutte contre le terrorisme».
Alors vivement une enquête de la Minusma sur la tragédie de Tessit.
PAR Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin