En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a obtenu une nouvelle élection municipale à Istanbul. Son parti, l’AKP, avait perdu le scrutin de justesse fin mars. Le chef de l’État avait aussitôt dénoncé des irrégularités et l’Autorité électorale lui a donné raison, en ordonnant un nouveau vote le 23 juin. Cette annulation aurait pu démoraliser l’opposition. Au contraire, celle-ci s’est déjà trouvé un nouveau slogan.
Ekrem Imamoglu, l’opposant dont la victoire a été invalidée, a trouvé la formule qui fait mouche dès son premier discours suivant l’annulation. Il a dit à ses partisans « ne perdez surtout pas espoir, tout ira très bien ». Et c’est cette phrase toute simple, « tout ira très bien » (« her sey çok güzel olacak », en turc) qui est immédiatement devenue un mot-clé diffusé des centaines de milliers de fois, au point de caracoler en tête des tendances sur le Twitter turc et même dans le Top 3 mondial.
Le parti d’opposition CHP, dont est issu Ekrem Imamoglu, reçoit depuis quelques jours des milliers de dons sur ses comptes bancaires. Et dans la case prévue pour justifier leur transfert d’argent, beaucoup de donateurs écrivent le slogan « Tout ira très bien ».
Par des anonymes et des célébrités
Comme cette famille qui publie un selfie de soutien depuis La Mecque, où elle se trouve en ce mois de ramadan. Comme cette Turque qui annonce sur Twitter qu’elle paiera le transport jusqu’à Istanbul à 10 étudiants qui n’auraient pas les moyens de s’y rendre pour voter. Ou comme ce Turc résidant aux Pays-Bas qui partage la photo de son billet d’avion pour le 21 juin et explique qu’il viendra voter, avec toute sa famille.
Beaucoup de célébrités turques reprennent aussi le mot d’ordre et c’est rare qu’elles soient si nombreuses à s’engager politiquement sur les réseaux sociaux. Les soutiens vont de la popstar Tarkan à la rockeuse Sebnem Ferah en passant par la star de séries télé Beren Saat. Dans son discours, Ekrem Imamoglu avait explicitement demandé aux artistes de sortir de leur silence pour dénoncer ce qu’il considère comme l’injustice d’une victoire volée.
Les opposants turcs ont aussi recours à l’humour pour faire passer leurs messages sur les réseaux sociaux. Par exemple, ce photomontage où l’on voit Ekrem Imamoglu en train de retirer sa cravate et sa veste en plein discourt après l’annulation des élections. Et juste à côté, une image de Superman en train d’arracher sa chemise pour dévoiler son costume de superhéros.
RFI