Censée sensibiliser les populations de l’intérieur sur la grève des enseignants, la tournée du ministre du Travail et des Relations avec les Institutions aura, au contraire, suscité la colère des populations.
Cette tournée se déroule dans un contexte, pour le moins, électrique. Inquiets pour leurs enfants, les parents d’élèves ont battu le pavé, à Kayes et à Sikasso, pour protester contre la grève des enseignants, qui n’a que trop duré.
A Dioïla, San et Ségou, pour ne citer que ces villes, Racky Talla, ministre du Travail et des Relations avec les Institutions, avait tenté de jeter la faute sur les syndicats d’enseignants.
Mais, manque de pot, elle a été rappelé à l’ordre par les parents d’élèves. Lesquels avouent, à la ministre, ne pas comprendre l’attitude du gouvernement face à la radicalisation du collectif des syndicats de l’éducation. A Ségou, comme à San, les populations auraient jugé son arrivée inutile.
« Elle devrait plutôt rester à Bamako et négocier avec les syndicats jusqu’à aboutir à un résultat, au lieu de venir ici. Que veut-elle que nous fassions ? Ce qui nous intéresse, c’est ce que nos enfants soient en classe. Tout le reste est sans importance », nous confie un témoin à San.
Engagée, dans son bras de fer avec les syndicats de l’éducation, la bataille de l’opinion est – comme on le voit – loin d’être gagnée par le gouvernement.
Sur les dix points de revendications du collectif des syndicats de l’éducation, trois font l’objet de divergence avec le gouvernement. Il s’agit, notamment, de l’octroi d’une prime de logement, la relecture immédiate du décret n°529 du 21 juin 2013 portant allocation d’indemnité au personnel chargé des examens et concours professionnels et l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux.
S’agissant de la prime de logement, Racky Talla déclare : « Cette revendication n’est ni rationnelle, ni soutenable, avec une incidence financière annuelle de plus de 55,3 milliards CFA.
Pour les deux dernières revendications des enseignants, même réponse : « Dans un souci d’équité de traitement, le gouvernement ne saurait revaloriser les dits frais seulement pour les enseignants ».
Conséquence : le collectif des syndicats de l’éducation décide de poursuivre leur grève. Avec, à la clé, la menace d’une année blanche.
Les syndicats de l’éducation sont descendus dans la rue, mercredi dernier, pour manifester leur mécontentement face à l’indifférence, disent-ils, du gouvernement.
Aussi, ils entendent décréter 360 nouvelles heures de grève, reparties comme suit : du 11 au 15 mars prochain ; du 18 au 22 mars et du 1er au 15 avril 2019.
Pour l’heure, gouvernement et syndicats de l’éducation campent sur leur position. Au grand dam des élèves et des parents d’élèves.
Oumar Babi
Source: Canard Déchainé