Si rien n’est fait, la voie d’eau qui porte le nom du défunt Guide de la révolution libyenne, perdra le combat contre le sable. Pourtant, plusieurs familles vivent des activités saisonnières qu’elle favorise
Le Guide libyen est mort, mais son canal doit survivre. Aujourd’hui, l’ouvrage se meurt. Derrière le camp militaire de Tombouctou, dans le quartier de Djingarey ber, après une dune de sable, le canal de Kadhafi a formé un lac artificiel. En ce moment, le lit est vide. L’eau a tari. La nature ayant horreur du vide, les jeunes y jouent au ballon tous les soirs. En période de crue, l’eau arrive jusqu’à Tombouctou par ce canal. Les riverains font du maraîchage.
Des jeunes fabriquent des briques pour la construction des maisons. C’est devenu un lieu de rendez-vous des tourtereaux et de récréation des jeunes. La fraîcheur que dégage le sable gorgé d’eau adoucit les cœurs. Cependant, certains habitants voient d’un mauvais œil cette attraction. «Les enseignants vous diront : les écoliers chôment les cours pour se retrouver au bord de l’eau», se plaint un homme, visiblement mécontent des infiltrations d’eau qui menacent son bâtiment.
Derrière le lycée, une ONG locale a financé une pompe solaire qui prend le relai du canal après la crue. Une superficie de 3 ha est clôturée au bénéfice d’une cinquantaine de maraîchers. Baba Djitteye, la quarantaine, plante des pieds de patate dans son jardin. «Dans 3 mois, nous pouvons récolter les patates. Mais les feuilles peuvent être revendues dans un mois aux femmes», explique le jardinier qui ajoute : «c’est grâce au canal que nous sommes là aujourd’hui».
DES FEUILLES FRAÎCHES DE PATATE- Batoma Diarra vient du quartier Sareykeyna pour récolter les feuilles fraîches de patate. Elle débourse 1.500 Fcfa pour un seau rempli de feuilles de patate. Les femmes les achètent au marché au détail pour la cuisine. La marchande gagne 400 à 500 Fcfa de bénéfice par sceau. « Plusieurs femmes viennent cueillir ces feuilles ici pour revendre et faire des profits », explique-t-elle, la tête baissée, concentrée sur sa récolte.
D’autres légumes sont cultivés. En fonction du niveau d’eau, les maraichers cultivent des aubergines, des choux et des tomates. « Il faut nécessairement entretenir ce canal pendant qu’il est encore temps. Il y a encore de l’eau dans les mares.
C’est grâce au canal, malgré le retrait de l’eau depuis quelques mois. Sous peu, avec la montée des eaux du fleuve, le canal sera alimenté de nouveau et nos activités atteindront en ce moment leur vitesse de croisière », témoigne Mahammane Mbara, un autre maraîcher du site de Sinna bangou.
Financé par le Guide libyen Mouammar Kadhafi, le canal qui porte son nom n’a pas que des avantages. Long de sept kilomètres et profond d’une dizaine de mètres par endroits, le canal a été creusé en 2006.
Des hommes et des animaux s’y noient pendant la période des hautes eaux. Par temps de canicule, les berges du Canal Kadhafi attirent beaucoup de gens qui viennent se baigner, histoire de chasser la forte chaleur. Mais ces berges sont glissantes. Le sable fin s’avère être un piège qui entraîne les imprudents dans l’eau.
A. C
Source : L’ESSOR