La sixième conférence de la TICAD ouverte samedi, a pris fin hier dimanche 28 aout 2016, à Nairobi au Kenya.
Juste après la cérémonie d’ouverture, le Président de la République était le principal conférencier du panel qui avait pour thème : ‘’la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée’’.
Le Chef de l’État, Ibrahim Boubacar KEITA, a convaincu les panélistes avec son éloquente intervention lors du panel qu’il a animé sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée.
«Cette TICAD première du genre en terre africaine est une promesse et un acte de foi en l’avenir de l’Afrique et une grande considération pour nos Nations. Je ne suis donc pas surpris que parmi les thèmes retenus dont l’essentiel va tourner autour des questions de développement… la question centrale de la Paix qui est la condition sine qua non de développement se pose. En maints endroits de notre Continent aujourd’hui, elle n’est pas là.
Ce qui est un handicap sérieux qui obère tous nos efforts de développement, annule tout ce que nous faisons pour faire en sorte que nos peuples soient contemporains en fin de leur siècle et puissent jouir eux aussi des bienfaits des progrès de l’effet humain et quel autre pays mieux que le Japon a fait en sorte que ses technologies nouvelles soient aujourd’hui au service de l’humanité. Mais comment en faire profiter des Nations qui sont agitées quotidiennement par des actes terroristes, par des explosions de bombes sur le passage de braves paysans qui se rendent à des foires, pour écouler leurs maigres récoltes ? Non ! Il nous faut un monde apaisé pour que les effets des progrès humains puissent se faire sentir. Je salue l’alignement de la TICAD sur le programme de développement propre à l’Afrique avec la prise en compte de l’agenda 2063 et des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Je voudrais encore une fois féliciter que la question de la Paix et de la Sécurité ait été mise parmi les axes prioritaires de la TICAD, cette TICAD de Nairobi…
Madame (s’adressant à la Présidente de la Commission de l’Union Africaine Nkosazana Dlamini-ZUMA) l’Afrique de l’Ouest a été déstabilisée par des flambée de violence. La résurgence de conflits et la montée de l’extrémisme religieux en particulier dans mon pays hélas ! et au nord du Nigeria, le trafic de drogues, la piraterie maritime s’y sont aussi rapidement enracinés. Ces maux menacent les institutions et ont des conséquences à long terme sur le tissu social, politique et économique des pays. Le principal défi pour la sous-région sera de surmonter la violence et la fragilité dans ces zones les plus vulnérables.
La fragilité d’abord, les conflits et l’extrémisme religieux sont le produit de facteurs exogènes et endogènes, de perturbations que les institutions locales et régionales ont des difficultés à contenir ou à atténuer. Ces perturbations dans certains cas sont si intenses que même les institutions fortes sont incapables de les maîtriser et donnent lieu à des violences incontrôlées.
L’évolution rapide de ces sociétés africaines en période post conflits exigent des efforts considérables d’adaptation des institutions nationales et locales. Celles-ci doivent se transformer rapidement tout en veillant à préserver leur légitimité et leur efficacité…
Nous avons après des efforts qui nous ont vu tantôt au Burkina et par la suite en Algérie conduire un processus qui a conduit à un Accord de Paix. Lequel Accord de Paix a été paraphé et signé à Bamako, dans un premier temps par une partie des belligérants et dans un second temps le 15 juillet 2015 par l’ensemble de ceux qui étaient en conflit au Mali.
Depuis nous nous efforçons avec l’appui des Nations Unies et de l’ensemble de la Communauté Internationale à essayer d’appliquer et de mettre en œuvre cet Accord de Paix, qui n’est pas la panacée certes, qui n’est pas un Accord parfait mais qui pour nous est un cadre qui va nous permettre, s’il est appliqué avec conséquence avec sincérité sans malice par toutes les parties, va nous permettre d’atteindre une Paix durable, une Paix soutenable, une Paix au profit de l’ensemble du Mali. Et c’est à cela que nous nous attelons et c’est cela qui je pense est attendu par l’ensemble de nos partenaires…
Je pense qu’il y a des leçons à tirer de notre situation, il est évident que quand après un conflit comme celui là on arrive laborieusement à conclure un Accord pour la Paix et la Réconciliation, il faut ce que j’appellerai les dividendes de la Paix. Il faut que dans les endroits en les lieux d’où les populations ont dû partir en raison de l’insécurité en raison des violences quotidiennes, que ces populations reviennent ou soient tentées de revenir. Mais pour ce faire, il faut qu’elles aient l’assurance, qu’en y revenant, elles ne seront pas encore agressées, et qu’en y revenant également, elles ont des conditions de vie dignes d’êtres humains… Cela passe par des programmes vigoureux de relance économique et de développement des zones d’où elles sont parties en exil ou en déplacement à l’intérieur du pays même.
Et dans notre cas, nous avons eu une conférence internationale à Paris, à l’OCDE qui a été belle en promesses, beaucoup d’engagements ont été pris, mais Madame la Présidente (Dlamini ZUMA), aujourd’hui au bilan, il n’y a pas eu beaucoup d’arrivées, et cela est dommage.
Cela est dommage parce que cela compromet l’équilibre, cela compromet la Paix fragile qui est là, parce que les populations savent qu’il y a eu cette conférence là, que des sommes ont été promises, des sommes ont été engagées mais que le Gouvernement du Mali n’a pas eu en sa possession.
Et ce qui est attendu en terme de développement local, en terme de puits, en terme l’école, en terme de centre de santé n’est pas au rendez-vous. Ça pose problème, cela fragilise l’équilibre assez mince qui a été obtenu.
Donc, conclure la Paix bien qu’ardue peut être plus facile que de maintenir la Paix et de la parachever.
C’est pourquoi je souhaite que nous profitions de la TICAD pour que parmi les pays qui sont aujourd’hui en souci de l’Afrique qui sont réellement désireux de contribuer à sa promotion, il y a le Japon d’où la TICAD, que le Japon nous aide à stabiliser la paix par un effort vigoureux en matière d’appui au développement.»
Source : présidence