La pièce de théâtre du dramaturge burkinabé, Sidiki Yougbaré intitulée “D’ici et d’ailleurs” s’élève non seulement comme un appel à la mémoire des martyrs qui se sont sacrifiés pour la patrie, mais aussi comme une invitation à la prise de conscience d’une jeunesse qui se dérobe de ces responsabilités. La pièce a été présentée le 5 mars dernier par l’association malienne Anw Jigi Art à l’Institut Français de Bamako.
Le théâtre est le miroir de la société. Il éduque et sensibilise sur les réalités qui dominent le quotidien de notre société. Ecrite et mise en scène par Sidiki Yougbaré, la pièce de théâtre D’ici et d’ailleurs présentée par les comédiennes de l’Association Anw Jigi Art, Assitan Tangara et Awa Diassana, met en scène deux sœurs qui ont convenu la veille de nettoyer la maison dont elles héritent de leurs défunts parents. Mais le moment venu d’accomplir cette tâche, les deux sœurs se retrouvent dans une traction pleine de contractions, suite au refus de la petite sœur de s’acquitter de sa part de corvée.
En effet, le petit matin, Filanie (Awa Diassana) la petite sœur bondit du lit et prétexte une insomnie causée par un cauchemar et donc pas d’attaque pour s’adonner au travail. Encline à l’écriture, elle se met à rédiger une lettre aux martyrs pour leur rendre compte de l’état de son pays et du monde, chose que sa sœur ainée Matou (Assitan Tangara) très attachée aux valeurs du travail, ne gobera pas. La matinée qui s’annonçait paisible va se transformer en un moment de grand déballage. Tandis que Filanie à travers sa lettre aux martyrs fustige le politique, Matou, elle, s’en prend à la paresse caractérisée de sa petite sœur.
Comme son nom l’indique, cette pièce qui a été parfaitement interprétée par les deux comédiennes maliennes lors de sa toute première présentation à l’Institut Français de Bamako, plonge le spectateur dans une société pleine de contradictions tant dans la parole que dans les actions. Une image triste, mais réelle de la jeunesse dans nos sociétés actuelles. Une jeunesse dont l’irresponsabilité vis-à-vis de ses devoirs devient de plus en plus inquiétante. Une jeunesse qui, insouciante et fêtarde, peine à joindre les actes à la parole.
D’abord, Filanie qui refuse d’accomplir sa tâche par paresse se targue d’être nostalgique et reconnaissante envers des martyrs pour la liberté et le bonheur du peuple, n’a aucune considération pour les valeurs du travail et de la responsabilité. Ses propos sont le contraire de ses actions, alors que Matou est très attachée aux valeurs du travail et pense que la liberté et le bonheur d’un peuple ne peuvent s’acquérir que dans le travail et la mise en pratique des discours que nous tenons. Aussi, cette pièce dénonce cette démagogie à laquelle s’adonne les hommes politiques à travers les fausses promesses faites lors des élections.
D’ici et d’ailleurs s’élève non seulement comme un appel à la mémoire des martyrs qui se sont sacrifiés pour la patrie, mais aussi comme une invitation à la prise de conscience d’une jeunesse qui se dérobe de ces responsabilités.
Youssouf KONE