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Terreur au Burkina Faso

Opinion

Le terrorisme sévit au Sahel depuis des années. Jusqu’à il y a peu, le Burkina Faso était épargné, mais depuis le début 2019 le nord et l’est du pays sont également touchés par des violences djihadistes et ethniques. En janvier, des villageois agriculteurs se sont attaqués aux éleveurs peuls, faisant 39 victimes et entraînant le déplacement de 1200 personnes. De février à mai, les assassinats et les enlèvements se sont poursuivis à un rythme élevé, toutes violences qui ont des causes à la fois religieuses, ethniques et politiques.

Cette extension du terrorisme sahélien à un pays considéré jusqu’ici comme stable rend encore plus urgente une solution à cette gangrène régionale. Si l’armée burkinabée intervient, elle manque hélas de formation et de moyens et commet des exactions contre des civils. Selon des témoins, l’armée burkinabée est responsable d’exécutions sommaires de suspects appartenant principalement à l’ethnie peule. La France tente aussi de contrôler les djihadistes (opération Barkhane) et l’UE ne ménage pas ses efforts financiers et militaires dans cette lutte antiterroriste. La MINUSMA, force onusienne de plus de 12 000 hommes déployée pour rétablir la stabilité du Mali, pays frontalier du Burkina, pourrait aussi aider Ouagadougou dans sa lutte contre les djihadistes qui traversent la frontière. Pourquoi ces efforts nationaux et internationaux sont-ils sans effet et pourquoi constate-t-on même une dégradation de la sécurité?

La faiblesse et le mauvais comportement de l’armée nationale y sont pour beaucoup, car les exactions irritent les populations et font naître des milices locales sans scrupule qui défendent leurs intérêts immédiats, ethniques ou économiques. Par-delà ces causes immédiates, il faut aussi pointer du doigt la politique de la France et de l’UE, dont l’objectif premier n’est pas d’assurer le bien-être de la société, mais plutôt de se protéger des djihadistes qui pourraient débarquer en Europe, et également de diminuer les flux migratoires en provenance du Sahel.

Enfin, il faudrait prendre en compte la nature des conflits sahéliens et modifier les méthodes diplomatiques traditionnelles qui ne signent des accords de paix qu’avec les autorités étatiques établies. Or, d’une part les groupes ethniques, religieux et djihadistes ignorent les frontières existantes. D’autre part, les conflits sont de nature communautariste, mais les pouvoirs centraux en place, y compris celui du Burkina Faso, pratiquent eux-mêmes un clientélisme prédateur à base communautaire qui engendre de multiples rejets et rébellions de la part de ceux qui en sont écartés, ce dont profitent aussi les djihadistes pour s’implanter.

En d’autres termes, toute tentative pour mettre fin aux violences devrait compter avec les facteurs sociétaux pour que les accords aient une chance d’être respectés. En outre, on fait actuellement trop peu d’efforts pour régler les problèmes sous-jacents qui alimentent les conflits, tels qu’échecs de l’agriculture, gouvernance défaillante, ou encore pauvreté. Cela vaut pour le Burkina Faso comme pour les autres gouvernements de la région.

PAUL GROSSRIEDER

Source: laliberte

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