Au-delà de la grosse artillerie plus budgétivore qu’efficace mettant à contribution certains opérateurs économiques et parlementaires véreux, la campagne sur fond de pression à peine voilée sur le gouvernement et le Président de la République, de Stone n’innove en rien dans le domaine de l’agriculture.
Bien au contraire, sa volonté d’imposer son machin aux pauvres paysans par le biais des « dessous » risque à long terme de causer la perte de notre agriculture. Certes la chaux est un produit qui a beaucoup de qualité sous réserve d’une utilisation efficiente. En revanche, elle peut avoir des conséquences irréversibles et désastreuses sur les cultures, le sol et l’écosystème dans les conditions prônées par stone. L’utilisation de ce produit exige des analyses permanentes pour déterminer les besoins de chaque coin et recoin du champ en chaux. Qui va financer ces analyses sur l’ensemble du territoire ? L’Etat ou Stone ? De toute évidence, si le régime dont l’un des frères du bon samaritain PDG de stone est une imminence grise s’évertue à imposer un produit sans mesures d’accompagnement, l’histoire le rattrapera ? Quel rôle joue la CMDT dans cette affaire qui sent la patate pourrie ? Combien certains cadres ont perçu pour induire les paysans de la zone en erreur ?
Dans les différentes campagnes de publicité à la télé, Stone par le biais des acteurs indiqués une quantité de chaux à l’hectare. Pour les experts, cette affirmation est fausse. Selon eux, il est impossible de déterminer une quantité de chaux à l’hectare à moins de vouloir conduire les paysans aux désastres. Pour stone, il s’agit d’amasser les milliards sur le dos des pauvres paysans à travers des cadres corrompus.
Un excès de chaux dans le sol est également mauvais pour la terre et peut favoriser une mauvaise croissance chez certaines plantes. Mais également des maladies telles que : La pourriture du cœur des betteraves, la gale des pommes de terre. Un chaulage exagèré peut parfois diminuer le rendement dans un sol sablonneux. Éliminer le surplus de chaux dure bien souvent des années. Pour cette raison il s’agit de chauler les terres selon leur besoin réel, notamment en les faisant analyser régulièrement. Sur ce registre on peut dire que le Mali est mal partie. L’opérateur économique Modibo Keita qui a reçu 30 tonnes pour faire le griot peut toujours chanter les louanges de ce produit quant on sait qu’il a les moyens d’analyser le moindre centimètre du sol. Comment le petit paysan des confins de kléla dans la région de Sikasso va faire pour analyser son sol ? Lui, qui ne voit jamais une moto à plus forte raison un véhicule dans son hameau. Pourtant, la publicité mensongère de stone à la télé ne met pas en garde les agriculteurs contre l’utilisation aveugle de la chaux. Elle donne l’impression que n’importe qui peut acheter ce produit sur le marché et le versé dans son champ comme des engrais ordinaires avec des doses à l’hectare. A travers les résultats, de certaines études effectuées en Europe, nous allons édifier l’opinion nationale sur les dangers de ‘’l’invention’’ de stone dans les conditions d’utilisation prônées.
SEULES LES PARCELLES JUDICIEUSEMENT CHAULEES DONNENT DE BONNES RECOLTES
Quelle quantité faut-Il appliquer pour amener le sol à une situation optimale au point de vue chaulage ? Selon les études, cette quantité dépend du degré d’acidité (PH) du sol. Car, toutes les terres ne sont pas également acides. Certains ne peuvent même pas être chaulées. Avec un même degré d’acidité les terres lourdes doivent être chaulées plus fortement que les terres légères, Un PH de 6,0 p. ex. est très bon pour la plupart des cultures en Campine, mais dénote un grand besoin en chaux pour des terres argileuses.
Une terre ayant une bonne teneur en humus demande une plus forte dose de chaux qu’une terre qui est pauvre en humus. Les besoins exacts en chaux ne peuvent être déterminés que par I’analyse du sol. Sans analyse un chaulage rationnel est exclu. Chauler sans discernement signifie donner trop à certaines parcelles et trop peu a d’autres. Dans ses différentes campagnes, stone d’augmenter la dose en cas d’acidité élevée du sol. Curieusement, elle ne dit pas par quel moyen les paysans vont évaluer la teneur du sol en acide. Il s’agit là d’un jeu subtil visant à écarter ses responsabilités en cas de problème. Aujourd’hui plus que jamais, les paysans doivent rejeter la chaux s’ils n’ont pas les moyens d’analyser leur sol. Car les parties d’un même champ peuvent avoir des besoins différents en chaux. Faute de cette utilisation judicieuse, la chaux produira l’effet contraire. Quelle sont les garanties de stone ?
LE CHAULAGE DES ECOSYSTEMES FORESTIERS ET AQUATIQUES
Le chaulage consiste à appliquer un fertilisant riche en calcium pour améliorer le pH des écosystèmes affectés par les dépôts acides. La décision de chauler nécessite un compromis entre plusieurs logiques, qu’il faut nécessairement intégrer : celle de l’agronome, qui met en place des références adaptées à la diversité des milieux et des pratiques, celle du distributeur qui offre une certaine gamme de produits et de services et celle de l’agriculteur, confronté à des contraintes de parcellaire, d’organisation et qui a une représentation de la technique proposée. Dans le cas de stone, aucun de ses paramètres n’est respecté. En d’autre terme, M. Diawara compte sur le cordon de la bourse pour passer en force au niveau des structures étatiques et certaines structures paysannes. Après les verrous de certains opérateurs parlementaires, il tente de faire sauter celui du gouvernement et de la présidence. Va-t-il réussir ? Dans un pays ou la corruption est érigée en règle de gestion, il est difficile d’être optimiste. Qu’à cela ne tienne, pour nous le jeu en vaut la chandelle. Cela d’autant plus que nos oreilles d’espion ont capté des sons pas très reluisants. Une forte motivation serait à l’origine du déliement des langues de certains parlementaires de différents horizons ne sachant pas la différence entre la chaux et l’engrais.
Plusieurs synthèses de la littérature ont été faites concernant l’effet du chaulage sur les écosystèmes aquatiques, mais peu ont documenté les effets de ce traitement sur les écosystèmes terrestres. Nous avons mis à jour l’état des connaissances des effets documentés et potentiels du chaulage sur les composantes écologiques des érablières et des écosystèmes aquatiques qui y sont associés, notamment, en vue de statuer sur l’acceptabilité écologique de cette pratique. Cet avis résume brièvement un article scientifique qui décrit plus en détails l’effet de l’amendement en calcium sur les écosystèmes forestiers et aquatiques.
CONSEQUENCES DU CHAULAGE
On s’inquiète cependant du fait que le chaulage pourrait favoriser la nitrification de l’azote dans les sols, car ce processus peut ultimement contaminer les eaux de surface par le lessivage du nitrate. Aux États-Unis, un chaulage à forte dose (22 tonnes/hectare) a eu un effet négatif sur la croissance et la survie de certaines plantes.
Le changement de la chimie du sol à la suite du chaulage peut avoir des effets directs sur la flore et les invertébrés du sol, particulièrement pour les espèces sensibles aux modifications du pH et du contenu en calcium.
Partant des résultats de ces études, l’usine stone apparait comme une prédatrice capable de sacrifier l’agriculture malienne sous l’autel de ses ambitions pécuniaires. Dans nos prochaines parutions, nous allons interpeller les acteurs de la société civile sur les menaces de la chaux sur notre souveraineté alimentaire. Il est temps que le célèbre chroniqueur RAS BATH s’intéresse à ce dossier dans l’intérêt des pauvres paysans, d’autant plus certains opérateurs économiques et députés véreux ont décidé d’en faire leur mangeoire.
A suivre …
Lamine Diallo
L’Espion