Depuis quelques semaines, des informations ayant trait à une probable division du PDES en deux tendances circulent. Des responsables du parti veulent apporter le soutien du parti à IBK sous prétexte que la mission du PDES est terminée dans l’opposition. Certains membres s’y opposent. Ils veulent que le parti reste dans l’opposition car IBK n’a rien fait de positif qui justifie le choix de l’accompagner.
Approché par nos soins, M. NouhoumTogo, Secrétaire à l’Organisation, à la Mobilisation et à la Communication du PDES, confirme l’information.Il évoquela tenue probable d’un congrès du parti en mois de Mai pour départager les deux tendances.
Le pays : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Nouhoum Togo : Je suis Nouhoum Togo, Secrétaire à l’Organisation, à la Mobilisation et à la Communication du Parti pour le Développement Economique et Social (PDES).
Pouvez-vous nous faire la genèse de votre parti ?
Je tiens à vous rappeler qu’avant ce parti, nous nous battions pour le soutien au président Amadou Toumani Touré avec le Mouvement Citoyen. Ce mouvement, créé pour soutenir les actions d’ATT, a beaucoup contribué à la réélection de celui-ci en 2007.Après ces actions patriotiques, nous avons jugé nécessaire de transformer le Mouvement Citoyen en parti politique.C’est après une large concertation que le Parti pour le Développement Economique et Social (PDES) a été créé en juin 2010. Le parti avait des centaines de cadres sous le président ATT. Le bureau était composé de 37 présidents d’honneur et plus de 100 membres.Sur cette centaine de membres, il ne reste que 17 dans le bureau actuel. Après le coup d’Etat, ils sont partis, même les présidents d’honneur. Les JeamilleBittar, Hamed Diane Semega … étaient tous dans le bureau. Donc après cela, nous avons continué notre combat jusqu’à la tenue du 2ème congrès du parti lors duquel j’ai été élu Secrétaire à l’Organisation, à la Mobilisation et à la Communication. Après ce congrès, le parti s’est toujours battu pour non seulement le retour de son excellence Amadou Toumani Touré au bercail mais aussi pour le bien être des Maliens. Membre de l’Opposition Démocratique et Républicaine, le PDES a participé à tous les combats pour le Mali. Nous sommes jusqu’à présent dans cette logique.
Depuis quelques semaines, certaines informations selon lesquelles votre parti serait sur le point de virer à la majorité présidentielle circulent. Quelle est votre réaction ?
Nous sommes aujourd’hui dans une situation où il faut urgemment tenir le congrès. Pour le moment, les 5 et 6 Mai prochains sont les dates proposées pour tenir ce congrès.Ce qui est important de savoir est qu’il y a aujourd’hui une tendance qui se dégage. Certains membres avancent qu’il faut forcement soutenir le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Nous autres ne voyons pas de raisons à soutenir le président IBK. Nous avons entendudes arguments selon lesquelsle parti n’a plus sa place dans l’opposition parce que le président ATT est revenu au Pays grâce à IBK. Je dits non. Son retour est intervenu suite à la fin de la procédure qui l’incriminait de ‘’haute trahison’’. Ils ont tout fait pour l’abattre, ils n’ont trouvé aucune preuve contre lui. C’est ainsi qu’il a été blanchi. Ce n’est pas un arrangement politique.
Je tiens à préciser que dans l’Opposition Démocratique et Républicaine, nous nous étions non seulement battus pour le retour du président ATT mais avons toujours dénoncé la corruption, la mauvaise gouvernance, le népotisme, l’injustice … sous le régime IBK. Certes, le président IBK a accepté le retour de son jeune frère ATT mais est ce que devons-nous arrêter nos combats pour le Mali ? Non, après le retour d’ATT, nous devons nous battre pour le développement de notre pays. C’est d’ailleurs ce que nous faisons en longueur de journée. Que ceux qui estiment qu’il faut soutenir IBK sachent que sa gouvernance est toujours ce qu’elle a été depuis qu’il est au pouvoir. Le peuple malien n’a senti aucune amélioration dans la gouvernance d’IBK.La situation actuelle est même pire qu’au moment où nous avions commencé à dénoncer.
Voyez-vous bien. En plus de l’insécurité au nord du Mali, la situation est aussi plus que critique au centre, particulièrement dans la région de Mopti. A titre de rappel, en 2013, IBK a promis de ramener la sécurité, la paix au Mali une fois élu. Mais aucune de ses promesses n’a été tenue. Moi, je me pose la question qu’est ce qui a changé sous le régime IBK et que certains responsables du PDES veulent qu’on le soutienne ? Ma position est très claire, notre parti a été créé pour la conquête du pouvoir.Il peut y avoir de propositions de candidature parmi les cadres du parti lors du congrès car ceux qui se déclarent candidats ne sont pas mieux que nous. A défaut de candidature, nous devons rester dans notre opposition car rien n’a positivement changé dans la gestion du pays sous IBK.
Les responsables qui veulent qu’on aille à la majorité ne peuvent rien avancer de convainquantau sujet du bilan de la gouvernance IBK. Leur agissement est du à autre chose. D’après nos informations, certains parmi eux auraient été reçus par les autorités et il y a certainement eu des propositions. Je pense que le Mali est plus intéressant , important que toutes ces propositions. Nous ne devons pas soutenir quelqu’un qui est incapable de résoudre les problèmes de sa population. Nous pensons que s’il n’y a pas quelque chose derrière, il n’y a aucune raison de soutenir le président Ibrahim Boubacar Keita. Depuis que je me suis opposé à cette idée, je suis victime d’injures sur les réseaux sociaux mais je persiste sur ma position.
C’est le congrès prochain qui va nous départager et nous attendons impatiemment ce congrès. Je précise que le président ATT n’est pas au courant de la tenue de ce congrès. ATT n’est impliqué ni de près ni de loin.
Qu’allez-vous faire si le parti décide d’aller à la majorité présidentielle lors du congrès ?
Je pense qu’en plus de moi, qu’il y a aussi des hommes et des femmes conscients de la situation actuelle du pays qui veulent que le parti reste à l’opposition. Nous allons travailler pour que le parti reste sur sa position car il n’y a pas de raison pour soutenir IBK.Nous allons faire en sorte que ceux qui ont cru aux combats du PDES depuis des années fassent que les valeurs du parti soient préservées. S’il faut faire des mutations, il faut les faire en termes d’idéologie et non pour des propositions de nomination ou de marchés. Et le reste se saura après le congrès.Ma position est claire, il n’y a aucune raison de soutenir IBK car il a échoué dans sa gouvernance.
Réalisée par Boureima Guindo
Le Pays