La semaine dernière, la ministre du travail, de la fonction publique, chargée des relations avec les institutions, Racky Talla, a effectué une tournée dans différentes contrées du Mali à la rencontre de la société civile ainsi que des autorités locales. Le but était de discuter de la grève des enseignants. Les syndicats signataires du 15 octobre 2016 ont trouvé dans cette démarche une politique visant à compromettre les liens entre les enseignants et les parents d’élèves.
D’après les informations qui sont parvenues à notre rédaction, Racky Talla s’est rendue durant ce week-end à Dioïla, à Ségou ainsi qu’à San. Elle a également promis de se rendre dans pratiquement toutes les régions du Mali, a-t-on appris du secrétaire général des syndicats enseignants de la division de San, Adama Koita. Dans les messages qui nous sont parvenus de ces trois localités, c’est les mêmes contenus faisant porter le chapeau aux enseignants. C’est ce qui a amené Adama Koita à dire qu’à San on peut retenir trois points essentiels dans son intervention : « Primo, elle tente de nous mettre dos à la population et de la société civile. Secundo, elle essaie de nous diviser, car elle a eu à dire que des enseignants sont en train de suivre ce mouvement de grève alors qu’ils n’auront aucun bénéfice des retombées. Tertio, elle a affirmé que les syndicats signataires ne respectent pas les délais de dépôt des préavis de grève. »
Ce même message a été diffusé à Dioila. Dans ce cercle de la région de Koulikoro,la ministre Talla ira plus loin en soutenant que contrairement aux autres corporations de travail qui déposent des doléances sur la base desquelles les négociations s’ouvrent, les enseignants brûlent cet étape pour déposer directement un préavis de grève. À ses dires, les syndicats réclament des primes de logement au même titre que la police. « Vos travaux ne sont pas les mêmes et en plus, la prime de logement se trouve dans le statut de la police. Or, cela ne se trouve pas dans votre statut», dit-elle devant la société civile de Dioila lors de son passage. Toutefois, les enseignants se sont réjouis de l’échec de la politique de la ministre. À Ségou, le président de la société civile, Dr. Soumountéra, a défendu vaillamment la cause des enseignants parce qu’il était bien imprégné du contenu de leur revendication, a-t-on appris.
Les syndicats ont tenu à dénoncer « le mépris du gouvernement envers les enseignants du Mali. » Ils dénoncent également « la légèreté et le manque de sérieux de la part du gouvernement lors des négociations autour des différents points de revendication. »
Aux dires de la synergie syndicale de l’éducation, les raisons que le gouvernement évoque au sujet des trois points de blocages sont : « Les revendications sont irrationnelles et insoutenables ; les enseignants sont nombreux ; en accordant cette prime aux enseignants, les autres corps vont la réclamer; l’État n’a pas d’argent ». En effet, lors de son passage à Dioila, Racky Talla, a fait comprendre qu’avec l’accord autour des six ou sept points sur dix, les enseignants devraient rejoindre les classes et négocier le reste de ces trois points étant en classe.
Notons que les syndicats trouvent que « les moyens existent bel et bien au regard du gaspillage à ciel ouvert du bien public. » Les syndicats signataires du 15 octobre 2016 disent suivre « avec intérêt les différentes sorties de Madame la Ministre du Travail qui n’ont d’autres buts que de discréditer les enseignants. » Ils font ainsi remarquer que Racky Talla « a lamentablement échoué à Dioila, sévèrement lessivé à Ségou, subtilement redressé à San. »
Rappelons que hier, partout au Mali, les enseignants ont tenu des assemblées d’information afin de préparer la grande marche prévue pour aujourd’hui dans toutes les localités.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays