Entre cri du cœur et rapprochement du régime IBK, l’ex-ministre de la justice et candidat à la présidentielle de 2018, Me Mohamed Ali Bathily, a décidé d’apporter son soutien à la justice malienne dans sa farouche lutte contre la corruption portée par le Garde des sceaux, Malick Coulibaly. Lundi, il l’a annoncé aux journalistes, lors d’une conférence de presse dont l’objectif était de rechercher un lien entre toutes les associations et bonnes volontés pour soutenir l’action de la justice à dire le droit, lutter contre la fraude, traquer les délinquants financiers et punir les criminels.
C’était à la Maison de la presse, en présence de Mohamed N’Diaye, coordinateur de l’association Faso Den, en remplacement des APM, de l’honorable Sidiki Kouyaté, représentant le collectif « Aidons la justice », de Lassine Diawara, président du Biprem-Faso Ko.
Le devoir citoyen !
De prime à bord, Me Bathily a lancé ceci : «Je ne vais pas en soutien pour la personne de Malick Coulibaly, mais je soutiens la politique actuelle menée par la justice malienne. » Selon lui, il s’agit d’unir et de fédérer les efforts pour le Mali à travers des actions qui permettent à la justice et à ses acteurs de bien rendre la justice. A l’en croire, à chaque fois qu’il y a des velléités d’appliquer le droit, il y a des réseaux derrières pour essayer d’empêcher qu’on arrive à leurs comportements répréhensifs. Selon lui, ces ennemis de la loi se mobilisent pour créer toute sorte d’obstacles et développer même dans la presse toute sorte de langage pour pénaliser ce geste salutaire d’appliquer le droit. L’ancien Garde des sceaux a soutenu : « Au Mali, les gens ont la volonté de se mobiliser. Ils ont la volonté que les choses changent positivement. Ce n’est pas forcément lié à des attaques contre le régime ou contre IBK. Mais souvent, ils ne savent pas comment le faire et comment se mobiliser et dans quel sens il faut aller ». C’est pourquoi il a fait croire que le début du réveil du Mali passera par cette mobilisation. Pour ce faire, il a noté qu’il faut l’expertise des personnes ressources qui ont connaissance de l’arcane judiciaire pour mieux les orienter dans leur volonté de changement. Il a ajouté que la démarche consistera à s’attaquer à des faits de détournement sur lesquels il sera demandé à la justice d’aller chercher réponses afin que les responsabilités soient situées. Il a poursuivi en rappelant l’impact de la corruption et de la fraude dans l’effondrement des pays. A cet effet, Me Bathily a indiqué que ce sont les agissements de la corruption qui ont fait que les gouvernés n’ont plus confiance aux gouvernants. Parmi ces agissements, il a mis l’accent sur le népotisme, le favoritisme, l’incivisme. Face à cette situation, l’avocat a souligné que la justice devient l’apanage des plus forts ou du plus riches. Par exemple, il a cité le cas de la Somalie, déchirée par la guerre depuis des décennies. C’est pourquoi, celui qui est affectueusement appelé «Batio » a signalé que le Mali doit se sortir du gouffre dans lequel il est plongé. Selon lui, le principe d’Etat de droit aspiré par le peuple malien en 1991 a été floué. Il a estimé que de 1992 à nos jours, le pouvoir dit démocratique n’a pas été exercé sur la base des règles du droit. Selon lui, ceux qui ont gouverné ont fait en sorte que la justice soit l’ennemie de la justice afin de l’affaiblir. Mohamed Ali Bathily a retenu qu’on a soustrait la justice de la démocratie, en faisant croire au bas peuple que tout se limite seulement à la tenue des élections. Cette base, il a déclaré que la démocratie devient de l’anarchie. C’est pour ces raisons que Me Bathily a soutenu qu’il s’agira pour le mouvement de montrer aux magistrats que le peuple les soutient contre les révocations abusives et politiques, pour qu’ils puissent avoir les mains libres dans l’exercice de leur fonction de lutte contre l’impunité. Abordant les dossiers brûlants, il a indiqué alors qu’il était aux affaires, 273 affaires de détournement avaient été remises au procureur général de la Cour d’appel et qui se chiffraient à 2000 milliards de fcfa. Pour lui, ces dossiers doivent être traités et jugés. Il a déclaré qu’il faut d’abord faire l’audit des institutions de la République. Selon lui, cela permettra aux structures subalternes d’avoir peur.
De son côté, Sidiki Kouyaté a défini la corruption comme étant le plus grand obstacle au développement social et économique. Selon lui, la fraude met la population à des rudes épreuves. Il a indiqué que le Mali souffre aujourd’hui de flux financiers illicites. A part le bureau du Végal et le Pôle économique, Sidiki Kouyaté a fustigé le rôle et l’impact des autres structures de contrôle et de lutte contre la corruption, à savoir la section des comptes de la Cour suprême, le Contrôle d’Etat, l’Office national de lutte contre l’enrichissement illicite, la Casca, sous tutelle de la Présidence. Il a confessé que les grands fonctionnaires sont les premiers violeurs de la loi. Pour conclure, Me Bathily a invité les forces vives à se mobiliser et à sortir tous les vendredis pour soutenir la justice contre les voleurs des deniers publics.
Jean Goïta
La Lettre du Peuple