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Témoignage-Avortement : une horrible expérience

Enceinte à 19 ans, contrainte d’avorter, d’abandonner l’université, l’histoire de M,. interpelle quant à la condition des étudiantes sur les campus à Bamako. Elle raconte son horrible expérience.

 

« J’ai vécu mon premier avortement, à 19 ans, quand je faisais la première année universitaire en 2017. Je me dois de taire le nom de l’université pour ma propre sécurité. Tout comme mon identité, qui, du reste, importe peu. Ce que vous devriez retenir, c’est mon histoire, similaire à d’autres, sinon pire.

L’histoire a commencé après mon départ de mon village natal K. pour venir poursuivre mes études à Bamako, après l’obtention du bac. Au début, je logeais chez une tante sur la rive gauche du fleuve Djoliba. Compte tenu de la distance entre la maison et l’université, mon oncle avait jugé bon de me chercher une chambre sur le campus afin que je puisse mieux me consacrer aux études.

La vie sur le campus était une tout autre réalité. Là-bas, c’était le libertinage total. Pas de règles, pas de conseillers, pas de contrôle. Rien. Comme le dit l’adage, « l’homme est le reflet de son entourage ». Petit à petit, j’ai pris goût et me suis adonnée à cette vie de débauche.

Ce qui était un simple copinage au départ finit par virer au grand amour. Mon copain avait énormément d’influence sur moi. Je l’aimais et croyais, bêtement, être sa seule copine. Je me disais qu’il fallait lui faire plaisir pour garder ma place. J’avais presque déménagé dans sa chambre. On faisait tout ensemble : les cours, les repas, la douche, jusqu’au jour où j’ai su que j’étais enceinte de trois semaines.

J’étais à la fois surprise et paniquée. Je ne savais pas comment annoncer la nouvelle à mon petit ami. J’ai pris mon courage à deux mains, et je lui ai dit. Il a ri de moi avant de me demander cyniquement d’aller chercher le père de mon enfant. Il a parlé même d’une malice pour lui faire porter la paternité de ma grossesse.

Pensant à la réaction de mes parents, qui me verront avec un bébé au lieu d’un diplôme, ma vie était suspendue entre le ciel et la terre. Et je n’ai eu autre reflexe que d’avorter pour éviter la honte.

Les filles qui ont vécu la même expérience m’ont conseillé de prendre des médicaments, faire des choses qu’on ne peut même pas imaginer. Je ne pouvais pas partir à l’hôpital, car la loi punit l’avortement. Mais il me fallait avorter coûte que coûte.

Pour cela, j’ai eu recours à un ami du village qui connaissait les plantes pour avorter traditionnellement, sans que personne ne s’en rende compte. Mais les choses ont pris une mauvaise tournure. Le saignement était abondant et la douleur plus intense. J’ai fait exactement 15 jours de saignement et de douleur. C’était l’expérience la plus horrible de ma vie au campus.

Après ce drame, j’ai passé un mois sans aller à l’école. A la sortie des résultats, j’ai été ajournée pour manque de concentration et de négligence. Le pire, c’est que le vaurien qui m’a fait ça ne se souciait même pas de savoir si j’étais en vie ou morte.

Finalement, j’ai fait le deuil de l’université et de l’humiliante vie au campus. Après mon admission au concours d’entrée à l’Institut de formation des maitres (IFM), j’ai quitté Bamako et ses problèmes. »

Source : Benbere

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