Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Tchad & Boko Haram : au nom du péril national, mais attention au revers ! Partie 1/2

Face à Boko Haram, il faut mettre les Tchadiens en sécurité ; face à la Liberté et la démocratie, faut-il mettre les Tchadiens en insécurité ?

attentat terroriste islamique alqaida boko haram blesse mort

L’alternance politique dans les pays du Sud est une nécessité qui doit se matérialiser parce que la « permanence » de certains régimes politiques est une des causes du terrorisme, le terrorisme de ces mêmes régimes. Il ya donc un lien entre le terrorisme et les régimes politiques qui durent trop longtemps au pouvoir.

Peurs, émotions, multiplication d’informations sorties du contexte, rumeurs, profilage, suspicion systématique de certains citoyens ou groupes ethniques, assimilations, amalgames, arrestations arbitraires, intimidations, chantages, crises sociales étouffées, hyperpatriotisme, inversion des urgences et distraction de l’opinion intérieure par des accusations de l’occident de ci et de l’orient ça. L’atmosphère au Tchad est oppressante.

Au pays de Toumai, le ciel et la terre passent sauf les problèmes de gouvernance ; sauf le mal de la corruption aggravée et la délinquance financière ; sauf la question de l’inégalité devant la loi ; sauf la vraie question de l’alternance politique après une vingtaine d’années d’un pouvoir personnel omnipotent et brutal ;

Après les attaques terroristes sur Ndjamena, le mal serait-il plus grand que les dommages causés par les fous d’Allah ? La régression de la démocratie au nom du péril national est-elle une réponse efficace à Boko Haram ?

Les arsenaux juridiques en préparation ou adoptés au Tchad au nom de la sécurité pourraient certes faciliter certaines opérations de sécurisation, mais ils ont aussi un effet pervers : la restriction des libertés civiles et la régression de la démocratie. Face à Boko Haram, il faut mettre les Tchadiens en sécurité ; face à la Liberté et la démocratie, faut-il mettre les Tchadiens en insécurité ?

Des restrictions de la Liberté qui ne sont pas venues aux Tchadiens convoyées par des terroristes. Elles sont nées de l’auto-déstabilisation des libertés au nom de la sécurité. Amputer les libertés civiles dans l’irrespect des règles et sans l’adhésion de la légitimité, ce n’est-il pas concourir à la réalisation d’un but terroriste ? Le contresens ici est que déstabiliser la liberté est un des objectifs du terrorisme. Quand est-ce que ces restrictions de libertés seront levées ?

Le terrorisme est un problème qui concerne tout le monde et nous devons l’affronter partout où il menace. Mais la régression de la démocratie au Tchad est aussi un problème qui doit être résolu parce qu’il est enfin temps.

L’alternance politique dans les pays du Sud est une nécessité qui doit se matérialiser parce que la « permanence » de certains régimes politiques est une des causes du terrorisme, le terrorisme de ces mêmes régimes. Il ya donc un lien entre le terrorisme et les régimes politiques qui durent trop longtemps au pouvoir.

Revenant à la guerre en cours dans la sous-région de l’Afrique centrale contre Boko Haram, faut-il bâtir la sécurité en termes de défense des citoyens (contre le terrorisme) ou de guerre contre le terrorisme ? Le mal Boko Haram peut-il s’émanciper des remèdes politiques et socioéconomiques ? La militarisation est-elle une réponse suffisante ?

La guerre contre le terrorisme est-elle un motif pour étouffer les revendications sociales et les exigences politiques légitimes des masses populaires ?

Inversion des urgences et distraction de l’opinion intérieure…

Quelles sont les urgences du moment au Tchad ? La recherche de la vérité sur Kadhafi ? L’impression d’une nouvelle monnaie de l’Afrique francophone ? La menace Boko Haram ? Les crises sociales qui sévissent au Tchad ? La question de l’alternance politique ? La construction de du vivre-ensemble ? La sécurité, l’économie, le rural, la santé ? L’égalité devant la loi ?

Bien de sujets sont recevables, mais il y en a qui deviennent outrageux lorsqu’ils sont évoqués dans une orgie d’abus et le cynisme. Le panafricanisme à une exigence que de nombreux arrivistes ignorent : avant d’être panafricain et d’aimer les frères africains et leurs pays au point d’appeler à une centralisation de l’effort continental, il faut aimer les siens et son propre pays.

Ce départ, ceux qui s’improvisent tardivement panafricanistes l’ont raté, complètement. Ne serait-il pas mieux de bien faire en deçà avant de proposer pertinemment et mieux au delà ? Le Tchad doit revenir à ses urgences et délaisser les distractions verbales.

Le défi du moment au Tchad, c’est de bien choisir les priorités et de répondre courageusement aux exigences du peuple. Sinon, le réveil sera douloureux.

Joe Al Kongarena

 

Source: agoravox.fr

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance