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Task Force Takuba: Une européanisation «gadget»

Par ailleurs, la France compte sur la montée en puissance de ses alliés. «Il faut avoir à l’esprit que 8.000 soldats européens agissent dans la bande sahélo-saharienne», souligne Emmanuel Dupuy. S’ajoutent à eux les 15.000 militaires et policiers de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) ainsi que trois opérations de formation et d’entraînement européennes (EUTM-Mali, EUCAP-Mali & EUCAP- Sahel/Niger), dont les contingents sont régulièrement renforcés par les pays européens participants. La mission EUTM-Mali devrait d’ici l’été 2022, à elle seule, réunir 1.000 conseillers en provenance d’une vingtaine d’États membres européens.

 

Chiffre flatteur ?

Mais il ne faut pas se laisser leurrer par les chiffres. Ces forces internationales ne sont pas venues combattre aux côtés des soldats français qui mènent les opérations les plus ardues. Berlin rappelle d’ailleurs régulièrement sa position: son millier de soldats présent au Mali ne doit pas participer aux combats. «mis “bout à bout”, ce sont presque 3.000 Européens qui agissent sur le théâtre d’opérations. Néanmoins, ceux-ci n’opèrent guère qu’à hauteur de 10% des opérations cinétiques», assène Emmanuel Dupuy.

«Quand Emmanuel Macron appelle à la rescousse et à la mobilisation européenne, il entend que les partenaires européens ne soient pas juste présents, mais qu’ils soient actifs à nos côtés», souligne encore le président de l’IPSE.

Il estime en conséquence que l’«européanisation» des forces de combat aurait été «trop enjolivée». Celui-ci pointe notamment du doigt les «gargarismes» autour de la Task Force (TF) Takuba. Celle-ci doit réunir autour d’un noyau central de 500 membres des forces spéciales françaises près de 2.000 hommes d’élite issus d’une dizaine de pays européens. Un an plus tard, les moyens humains et matériels promis tardent pourtant à arriver. Un avis que partage au micro de Sputnik le colonel Hogard, fin connaisseur de la région. À ses yeux, la TF-Takuba n’est qu’un «gadget».

«Les militaires savent bien qu’empiler quelques sections, quelques groupes de forces spéciales lituaniennes, tchèques ou slovaques, ce n’est pas ce qui va changer le cours des choses. On crée des problèmes d’interopérabilité, de langue. C’est le rêve de l’armée européenne que l’on essaie de transplanter sur le terrain, mais on sait ce que ça vaut…» regrette l’ancien de la Légion étrangère et des forces spéciales.

Pour sortir la tête haute, la France compte en fait plus sur le «passage de relais» aux forces africaines, la «sahélisation». L’accent est ainsi mis sur la formation.

Source : Sputnik

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