La création d’un blog en Tanzanie n’est plus gratuite. Un nouveau règlement entre en ligne de compte pour règlementer sa création. Celle-ci reste conditionnée à une demande et au payement d’une certaine somme d’argent. Cette nouvelle loi est une tentative d’emprisonnement de la liberté d’expression.
Les autorités doivent désormais recevoir et valider les demandes de création de blogs en Tanzanie. Avant d’être validées, la ligne éditoriale du blog et toute autre information sur les raisons d’ouverture du blog ainsi que l’identité de l’auteur sont vérifiées. Une fois la demande validée, l’auteur du blog est appelé à payer un montant avoisinant 500 000 FCFA. Cette somme est répartie comme suit : pour l’enregistrement du blog, il faudrait payer 2 340 FCFA ; la licence n’est obtenue qu’après payement de 234 000 FCFA. Celle-ci est appelée à être renouvelée chaque trois ans. En cas d’infraction, l’auteur est amené à payer près de 1 million de FCFA.
Ces mesures sont décriées par les blogueurs du pays qui voient dans ces mesures un moyen pour le gouvernement d’emprisonner la liberté d’expression. De son côté, le Reporter sans Frontière s’indigne face à cette violation de la liberté de la presse en Tanzanie. Cette pratique serait en recrudescence depuis l’arrivée du président John Magufuli à la tête du pays en 2015.
Il faut noter que dans ce pays maintes radios ont été fermées, des journalistes sont incessamment menacés dans leur travail, certains sont agressés, d’autres sont même incarcérés. Cette haine envers les hommes de la presse ne peut relever que d’un régime obscurantiste favorable au dogmatisme, hostile à toute critique.
La Tanzanie se montre de plus en plus intolérante vis-à-vis de certaines pratiques relevant de la liberté d’expression, des pratiques qu’elle considère comme une violation de liberté. Il convient d’ajouter à tous ceux-ci l’incarcération d’un illustre chanteur le mardi dernier dans ce pays pour avoir diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux le montrant torse nu dans son lit avec sa compagnie. Il s’agit de Naseeb Abdul Juma, Diamond Platnumz, âgé de 28 ans. Il est passé en interrogatoire le même jour. À ce sujet, le ministre de l’Information et des Arts, Harrison Mwakyembe, s’est exprimé : « Parmi nos artistes, il y en a qui commencent à diffuser de l’indécence sur les réseaux sociaux. Je vous informe qu’hier (lundi), nous avons pu arrêter le grand musicien Diamond Platnumz. Il est en train d’être interrogé par la police au sujet de photos indécentes qu’il a fait circuler. » Le ministre continue en ajoutant : « Les réseaux sociaux ne sont pas un dépotoir de saletés de toutes sortes. Notre pays a une culture. » Tous ceux-ci dénotent d’une certaine mesure qui coûterait cher non seulement aux hommes de presse, mais également aux artistes comme nous pouvons le constater.
Cette loi constitue un grand danger pour le blogging si nous savons que cette activité accuse un retard énorme dans la plupart des pays africains. Au lieu d’encourager une telle activité en harmonie avec l’évolution du monde, la Tanzanie met le bâton dans les roues afin de casser davantage l’élan que prend de plus en plus cette activité. Elle constitue un frein à la liberté d’expression.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays